Hellfest 2013 - Follow the Leaders !

En 2007, au cours de l'édition chaotique du Hellfest, KORN avait annulé sa prestation, ne sentant pas leur sécurité assurée en raison des fortes pluies. Cette année-là, c'était pourtant au Fields of Rock hollandais que nous avions vu le groupe assurer une bonne performance. Et depuis, nous ne pensions pas revoir Korn au Hellfest. L'organisation avait d'ailleurs juré que le groupe ne serait jamais à l'affiche du festival. L'eau a coulé sur les ponts et des albums plutôt moyens se sont enchaînés pour le groupe. Pourtant en 2013, les voilà sur scène après Kiss pour jouer de 00:45 à 2h du matin. Et il faut bien l'avouer : ils ont tout cartonné !!!! 


Leur guitariste originel Brian "Head" Welch est de retour pour cette nouvelle tournée et un nouveau album qui arrive en septembre. A le voir avec ses camarades sur scène, c'est comme s'il n'avait jamais quitté la formation pour convictions religieuses en 2005. Le batteur Ray Luzier (ex David Lee Roth, Army Of Anyone) donne également une dynamique incroyable à la musique de Korn, communicative à l'ensemble des musiciens. 20 ans après la sortie de leur première démo, le groupe est de retour aux affaires et profite de cette tournée pour proposer une parfaite setlist best of. D'ailleurs, tout commence comme le premier album avec le classique parmi les classiques : Blind puis comme le second : Twist et Chi. Si nous avions parfois douté de la prestation de Jonathan Davis au chant, nous sommes d'emblée rassurés. On retrouve ce phrasé unique qui a marqué une génération. Sur leur dernier opus en date, Korn avait tenté une fusion entre leur metal alternatif et la dubstep. A l'écoute de Narcissistic Cannibal, on ne résiste pas à se bouger dans tous les sens sous la pleine lune. La formule fonctionne parfaitement et s'inscrit très bien entre des tubes plus anciens tels que Falling Away From Me, Dead Bodies Everywhere, Coming Undone ou Did My Time. Jonathan Davis revient également sur scène cornemuse au museau. L'idée est bonne sur cette "terre celtique" comme l'a dit Mouss de Mass le lendemain. Les morceaux s’enchainent avec toujours cette grosse dynamique dans l'interprétation jusqu'au phénoménal Here To Stay. Le groupe sort alors de scène. Un fan à notre gauche qui pourtant a tout chanté depuis le début n'a pas envie qu'on lui fasse à l'envers : "vous n'allez pas partir comme des p...". Mais bien sûr que non, Korn revient avec un titre récent Get Up, ses boucles de Skrillex et son refrain vengeur "Shut The Fuck Up And Get Up". Got The Life et Freak On A Leash finiront de nous mettre à genoux. Les musiciens mettent pas mal de temps à quitter la scène remerciant sans cesse les spectateurs. Veni Vidi Vici ! Coïncidence amusante : Korn est venu présenter en conférence de presse des titres de son nouvel album dont le dénommé Mass Hysteria (qui eux reprendront un bout de leur Blind dans un titre). Le dimanche après midi, leurs confrères français, fêtant aussi leurs 20 ans, ont mis la Furia comme jamais ! Pour les avoir vu deux fois sur scène cette année, on ne peut que confirmer que MASS HYSTERIA est à l'apogée de sa carrière. 


Programmé déjà une fois le midi au Hellfest, les voilà cette fois-ci à 16h pour rameuter la plus grosse assistance de la journée avec Gojira. Sinon, c'est Volbeat et Ghost en tête d'affiche... Mouss est toujours un peu barré sur scène et c'est pour ça qu'on l'aime. Quand il annonce qu'il ne donnera pas dans la politique alors que le concert est retransmis en direct sur le site web d'Arte, on est un peu dubitatif. Mouais en fait il n'en a jamais fait autant ! "Ne laissez pas Bernard Henry Lévy s'exprimer" avant Word On Fire. Spéciale dédicace à François Hollande avant L'homme s'entête. Bien sûr, on a toujours droit au typique discours Positif à Bloc et les messages qui fédèrent le public rock et metal. Le Petit Journal en prend pour son grade : "Montrez leur qu'on en marre de passer pour des bouffons!" Ces journalistes de Canal+ filment du côté de la scène et dans leur émission livreront un énième reportage cliché, ne retenant qu'un partie du speech de Mouss, évacuant toutes les critiques. Ah oui il y a aussi la scène rap française qui prend cher. "Au Hellfest, pas une baston, c'est pas comme dans le rap, La Fouine... ça fait un concert par an et ça a accès aux médias...." Un discours démago certes mais qui marche bien. Sinon, même si on a moins l'effet "mur de son" qu'en salle, les morceaux s'enchaînent avec cette sacré force que dégage sa dernière trilogie d'albums Une Somme de Détails, Failles et L'Armée des Ombres, omniprésente dans la setlist (dont L'Esprit du Temps dédié à Stéphane Hessel, "un héros parmi les héros"). Et puis comme ils se le disent, c'est une date qu'ils attendaient tout particulièrement. Alors comme ils l'avaient fait au Sonisphère, Mouss et les deux guitaristes vont jouer P4 au milieu de la foule. Celle-ci est censée tourner en mode circle pit autour des musiciens mais très rapidement la foule se resserre autour d'eux. Les guitares disparaissent du mix mais peu importe ils sont allés au bout du titre, certes grâce à des hommes de sécurité particulièrement costauds. En tout cas, Mass Hysteria a gagné son pari et marqué le Hellfest 2013. Et puis comme le rajoute Mouss : "On va quand même pas laisser le monopole de la foule à Johnny!" Le public conquis a encore de l'énergie pour se trémousser sur Contraddiction et Furia (avec quelques invités donc le chanteur de The Arrs). Et quelques notes de Raining Blood en hommage à Jeff Hanneman ont conclu les débats..


Comme précisé dans le bilan 2012 de Band Meeting, les groupes français sont au top de la scène mondiale. Confirmation avec le set de GOJIRA. Tout commence avec Explosia dont les nuances ne sont pas totalement retranscrites, en raison d'un mix pas encore équilibré. La fièvre montre sur les monuments de l'album From Mars To Sirius : Flying Whales, Backbone et The Heaviest Matter Of The Universe. Comme d'habitude, la maîtrise est totale et l'effet sur la foule est dévastateur. 


Sûr de son fait, Jo Duplantier (à la coupe estivale) laisse tomber son speech pseudo philosophique introduisant L'Enfant Sauvage pour une tirade bien plus efficace : "Qui a fait les 3 jours ? Ca va ? Vous avez pas trop picolé ? Vous savez ce que vous êtes ? Vous êtes vraiment des sales gosses" Sale Gosse - Enfant Sauvage. Et oui "Nice Boys Don't Play Rock n' Roll". Encore une fois, on sent que pour ce groupe français qui cartonne dans le monde entier, la date de Clisson est importante. Et il va la jouer fine. Après avoir défendu le nouvel album de long mois sur les routes, Gojira va dépasser le stade de la promotion (d'ailleurs le backdrop ne reprend que le logo du groupe) et satisfaire les fans de la première heure. Non mais allo quoi ? T'es fan de Gojira et t'étais pas à Olonne sur Mer en 1999 ou au Daily Planet à la sortie de Terra Incognita ? Sans faire les puristes, nous étions plusieurs dans l'assistance de ce Hellfest 2013 à avoir vécu ces concerts fondateurs et nous jubilons quand la setlist se met à remonter le temps. Gojira reprend le début de The Link Alive avec l'intro Connected enchaînée logiquement à Remembrance. Puis Gojira dégoupille Wisdom Comes et enfin annonce une pure rareté Fire is Everything titre de leur tout premier album. Même si on a ici défendu l'efficacité de leur dernier album, on revit avec beaucoup de plaisir la patte Gojira des premiers disques. Le groupe fait plaisir aux fans. Il devait y en avoir pas mal dans le plus grand "mur de la mort" du festival. Pour les non initiés, la foule se scinde en deux de la scène à la console puis les deux groupes se jettent l'un contre l'autre au signal des musiciens. Effet garanti ! Gojira a la science de manier les foules et peut même se marrer quand les frangins Duplantier inversent leurs instruments. Si Mario progresse en growl, on souligne les grandes facultés de Jo à la batterie. Bien décidé à ne pas nous laisser retomber, le groupe expédie un Oroborus de toute beauté : sûrement le plus grand plaisir musical des 3 jours de festival. Le groupe est bien installé dans la voie lactée et fait léviter la foule sur Where Dragons Dwell. Durant toute sa carrière, Gojira a manié ses ambiances hypnotiques et choisit donc de conclure leur set événement sur la version du morceau interprété d'ailleurs au Mans en mai 2012, témoignant d'une grande maîtrise de leur son et de leur univers. Comme après tout concert exceptionnel qui se respecte, on en ressort tout cotonneux...


Sinon, STONE SOUR était de retour sur la scène du Hellfest. Depuis la sortie de leur premier album en 2002, nous avions vérifié à plusieurs reprises leur régularité en terme de performance live de qualité. Mais il faut bien avouer que le second groupe de Corey Taylor et Jim Root de Slipknot reste sur trois albums plutôt moyens, surtout les deux derniers sortis ces derniers mois. Heureusement que l'expérience scénique parle. L'interprétation est ultra carré, le chant bien en place (bien qu'un poil trop saturé) et la setlist bien pensée. Même si ça peut donner une impression de pilotage automatique (Bother en passage obligé...), la reprise de Black Sabbath Children Of The Grave varie les plaisirs. Les nouveaux titres sonnent bien mieux en live. Et on se demande pourquoi le groupe a sorti un double album au sein duquel des titres comme Do Me A Favor ou RU486 sont noyés dans un étang de faces B. Mais c'est quand même sur les classiques que le public réagit le mieux : Made of Scars, Through the Glass, Get Inside et l'hymne 30/30 - 150 "they call us a dead generation...." Mais quand Corey nous promet qu'il ne faudra pas attendre 3 ans pour revoir Stone Sour au Hellfest, on a envie de lui répondre "Merci mais non". Ou alors tu reviens avec des masques et un nœud coulant.


Sinon, qu'en est -il de la scène nord américaine ? Pantera fut un grand groupe. Mudvayne écrivait de bien bonnes chansons mais l'association de leurs musiciens dans HELLYEAH n'est pas très convaincante. La présence de Vinnie Paul sur scène et devant les caméras de L'Enorme Tv est certes culte mais musicalement il ne se passe pas grand chose sur la Main Stage 2. C'était d'ailleurs la fête des batteurs ce vendredi. En raison de bourrasques qui ont enlevé les guitares du mix de TESTAMENT, on entend plus que le chant et les frappes de Gene Hoglan. Celui-ci donne l'impression de nous faire une master class sur du S.Y.L. : un jeu un peu mécanique pour le groupe de thrash américain qu'on avait vu bien plus à son avantage au Zénith ou déjà au Hellfest. Les Canadiens de VOIVOD s'en sortiront un peu mieux dimanche après midi avec leur thrash complexe. En plus de promouvoir leur dernière réussite studio, ils ont confirmé leur statut de groupe culte en accueillant sur scène les deux gros squatteurs du festival : Philip Anselmo, l'homme qui en fait le plus des tonnes au monde (il fallait le voir en séance de dédicaces front contre front avec ses fans), et Jason NEWSTED (qui est venu jammé avec Down la veille). Celui-ci a fait partie de Voivod quelques mois après son départ de Metallica et les rejoint sur le morceau qui porte le nom du combo. Ces quelques minutes seront plus intenses que la totalité du set de son groupe.. C'est même assez dingue que le bonhomme soit aussi haut sur l'affiche après la sortie d'un EP plutôt moyen. Les fans des Horsemen s'amuseront sur sa reprise de Whiplash. Mais il n'y a pas à dire, en terme de Metal efficace, rien ne vaut PRONG. 


Nous n'avions pas vu le groupe depuis un excellent concert au Graspop 2003. L'impatience gagnait surtout depuis la sortie l'an passé du passionnant Carved Into Stone. Pourtant c'est la pochette de Beg to Differ qui est en fond de scène et le groupe commence par le premier titre de cet album, le puissant For Dear Life, sorti en 1990. Il faut dire que le groupe avait interprété cet album fondateur en entier lors d'une tournée en 2012. Prong n'a pas besoin de beaucoup d'artifices pour faire parler la poudre même sous la pluie : une section basse-batterie et... Tommy Victor. Le musicien aurait tellement mérité une meilleure carrière. Il est toujours capable d'écrire des grenades de 3-4 minutes ultra dévastatrices : Eternal Heat ou le single Revenge Best Served Cold du nouvel album. Rude Awakening ou les tubes de Cleansing : Whose Fist Is This Anyway ou Snap Your Fingers Snap Your Neck sont intemporels. Et quand le dernier titre du concert (Power of the Damager) se termine sous les applaudissements, on se dit que c'est encore un groupe qu'on aurait aimé voir plus de 40 minutes. 


Une durée somme toute suffisante pour DANKO JONES. Même s'il maîtrise bien sa recette (First Date est un sacré tube), Danko tourne quand même pas mal en rond depuis quelque temps. Et puis, que de speechs en 45 minutes même si c'est très sympa de sa part de fêter l'anniversaire de Glen Danzig ou de commémorer les musiciens disparus. J'aurais du aller voir Senser.. Le samedi, sur la Teen Stage 2 c'est bien un Jacoby né en 1976 qui a donné la leçon à tous les Parkway Drive, Asking Alexandria, A Day To Remember (le pire extrait concert que j'ai vu du fest..) ou Bullet For My Valentine. Last Resort  de PAPA ROACH a fait réagir plus d'un trentenaire. Enfin, finissons notre tour d'horizon sous la tente Altar. Même si le groupe existe depuis 20 ans, le concert d'AMORPHIS fut une vraie bonne découverte personnelle. Les Finlandais donnent dans un Metal extrême et mélancolique aux relents folk. Même si la recette est répétitive, on loue par contre l'excellente interprétation. En plus d'avoir l'hélicoptère capillaire le plus impressionnant du festival, Tomi Joutsen a signé une des meilleures performances vocales des 3 jours. 


Quelques heures avant, cette tente avait connu le plus grand déluge de notes du week-end avec BETWEEN THE BURIED AND ME. Depuis la découverte live au Hellfest 2008, la discographie du groupe s'est bien étoffée mais sans franchir de palier vraiment significatif. Mais leur réputation leur permet de rassembler une foule importante (plus qu'à la séance de dédicaces). On regrette d'emblée que la mise en lumière soit si sombre. Le groupe aurait pu faire sensation sur la Main Stage avec un Thomas Giles Rogers possédé sur l'écran géant et de bons zooms sur les solis impossibles. Sur les 5 longs titres, trois furent extraits de leur nouvel album même si on a l'impression d'en avoir écouté beaucoup plus tellement les structures évoluent au sein d'une même œuvre musicale. Between The Buried and Me, un groupe qu'on aurait pu ranger dans l'article précédent (Thomas Giles Rogers n'a que 32 ans) mais que l'on préfère déjà considérer comme des leaders. 


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