Hellfest 2013 - La relève est assurée !

Ce samedi midi, second jour du Hellfest, il fallait jouer des coudes pour trouver une place de parking. La foule est annoncée pour ZZ Top et Kiss le soir mais les choses sérieuses commencent dès 12:15. Et oui comme l'annonce leur frontman sur scène, "the hottest band in the world" est bien AUDREY HORNE.

A la sortie de leur album précédent, le groupe norvégien avait déjà joué sur une Main Stage à l'heure de l'apéro. Leur nouvel album Youngblood est sorti en janvier et récolté les faveurs de critique et du public : une musique hard rock à la fois classique et rafraichissante. Le sang neuf du heavy en somme. Les duettistes aux guitares évoluent dans Enslaved et Sahg dans des sonorités plus extrêmes ou expérimentales mais Ice Dale, par exemple, a l'air de s'amuser comme un fou sur ces morceaux efficaces en diable. Le nouveau bassiste Espen Lien a aussi droit à sa photo solo dos à la foule. Même s'il pleut, on sent les premiers rangs impatients de découvrir en live les tubes du nouvel album car la tournée a pour le moment évité la France. On sent bien que le groupe est venu pour promouvoir celui-ci. La setlist est presque exclusivement composée de titres du nouvel album : Redemption Blues, Youngblood, There Goes A Lady (dédié à toutes les filles du public), This Ends Here (après un speech sur la vie en tournée), Pretty Little Sunshine et Straight Into Your Grave pour conclure. Au micro et t-shirt Van Halen étincelant sur le dos, Toschie est intenable. Tel un Bruce Dickinson moderne, il arpente la scène et chante remarquablement bien. Sur Blaze of Ashes, le seul morceau exhumé de leur album éponyme, il descend dans la fosse aux photographes et va se frotter aux barricades. Qu'une demi-heure de cette qualité semble court ! A revoir en tête d'affiche et bien plus haut dans quelques années à l'affiche du Hellfest !

Sinon, durant le Hellfest 2013 c'est sous la Valley qu'il fallait être ! La programmation de stoner psychédélique enfumé n'a jamais été aussi bonne (même si on regrettera l'annulation de Clutch en raison de la mort du père de leur chanteur). Commençons par les Britanniques d'UNCLE ACID AND THE DEADBEATS. Ce groupe fut créé à Cambridge en 2009 mais c'est vraiment cette année que le public s'est intéressé plus largement à Blood Lust et leur nouvel album sorti cette année, Mind Control, a fait sensation. Leur tout premier concert, au Garage à Londres, a été donné en mars dernier et pourtant ils assureront la première partie de la tournée européenne événement de Black Sabbath cet hiver. Pris dans le trip de leurs riffs psyché seventies sabbathien, on ne peut que cautionner ce choix. Mind Control sera sûrement d'ailleurs bien devant le nouvel album de Black Sabbath réunifié lors du traditionnel bilan de fin d'année. La tente est pleine à craquer pour écouter le phénomène. Les harmonies vocales de KR. "Tonton Acid" Starrs et de son compère Yotam Rubinger se mélangent "à la Alice in Chains". La setlist est bien équilibrée et varie le tempo. Les heures de répétitions semblent avoir été particulièrement étudiées par le groupe avant de se lancer dans le grand bain live, à cette échelle surtout. La révélation du Hellfest 2013.

Poursuivons avec un groupe au style proche, musicalement et dans l'imagerie : les Suédois de WITCHCRAFT. Cette formation avait marqué 2012 de son tube It's Not Because Of You issu d'un album que le microcosme a beaucoup écouté ces derniers mois. Malheureusement, en raison de "sérieux problèmes de santé", la tournée prévue au printemps fut annulée. La date du Hellfest également avant que l'organisation confirme bien leur présence. Quand, à 16h15, nous les voyons arriver sur scène, nous sommes qu'à moitié rassurés. Le leader du groupe Magnus Pelander a délaissé la guitare pour se concentrer sur le chant. Mais ce n'est pas facile de se transformer en frontman. Sa guitare cachait sûrement son embonpoint mais c'est surtout ses mimiques et sa façon de se mouvoir qui interpellent. Cela peut rappeler Ozzy, adepte du saut de crapeau, mais parfois le chanteur de Witchcraft se fige, semblant se tordre de douleur. Cela peut paraître dérangeant surtout qu'en même temps le batteur finit sa banane en arrivant sur scène (qu'il fera couler avec une gorgée de lait quelques minutes plus tard), allume des bâtons d'encens.. Et devant leur rideau de velours rouge, le groupe commence son set avec Dead End, le long dernier titre de Legend. Witchcraft veut donc installer une ambiance. En général, le chant manque de gain ce qui ne permet pas de retrouver la dynamique de leur tube cité plus haut. Par contre, ce set confirme la qualité de leur nouvel album dans son ensemble. Les mélodies de Deconstruction, Flag of Hate, White Light Suicide ou Ghost House réussissent à tirer leur épingle du jeu. Si la rencontre live n'a eu lieu qu'à moitié, l'envie d'écouter Legend est loin d'avoir disparue.

Au tout début des années 2000, Magnus Pelander a fondé Witchcraft après le split de Norrsken, où évoluaient des futurs GRAVEYARD, à l'affiche de la Valley le dimanche après midi. Le suédois est une des langues officielles du week-end. Depuis 2007, le groupe a publié trois albums tous représentés dans la setlist. Leur nouvel album Lights Out l'emporte d'une courte tête. Le superbe Slow Motion Countdown et Thin Line du premier album font exception en terme de tempo et mélodie. Le reste du set est bien enlevé même si les musiciens au total look 70's restent concentrés sur leurs instruments et la communication avec la foule est limitée. Toujours sous des latitudes scandinaves, quelques mots sur LORDI.

Le vainqueur de l'Eurovision 2006 aura du mal à assurer l'héritage de Kiss. Faute de moyens, la mise en scène est très cheap. Quand Kiss a des canons à confettis, Lordi en jette des poignées d'un sac..La venue de Jay Jay French leur manager et guitariste de Twisted Sister est aussi un flop car aucune note de son solo ne résonne dans la sono.. On retiendra quelques refrains intéressants : Sincerely With Love, Hard Rock Hallelujah ou encore Would You Love A Monsterman? leur tout premier single sorti en 2002. Et on peut trouver leurs déguisements ridicules mais leurs titres n'auraient jamais été scandés à une telle heure sur une Main Stage si Mr Lordi n'avait pas eu cette idée monstrueuse. Cela a le mérite même moqueur d'être divertissant.

Revenons sur la journée du vendredi. Le groupe français 7 WEEKS avait l'honneur d'ouvrir le festival à 10:30 sous la Valley. Et même sur ce créneau, le public répond présent. Ce groupe de Limoges a sorti le très bon Carnivora cette année, ce qui mérite bien de lancer le festival de bonne heure.

Si Acid Rain part pied au plancher, 7 Weeks plus qu'un simple groupe de rock n' roll. Manu Costa est arcbouté sur ses synthés et renforce les notes de basse envoyées par un Julien Bernard à l'allure très Mastodon. Même si le groupe ne dispose que de 30 minutes de set, il laisse l'ambiance s'installer avec par exemple un Let Me Drown à la progression très intéressante. Ce n'est pas étonnant que le groupe se livre par ailleurs à des ciné-concerts (Dead of Night). On sent que les 7 Weeks en ont sous la semelle. A suivre de près. C'est un autre groupe français qui a inauguré la Warzone, scène open air dédiée au punk et hardcore. VERACRUZ a donc eu droit d'ouvrir le bal des circle pits ou autre wall of death ! Il en fallait bien un. Terminons par le groupe de thrash qui a lancé la Main Stage 2 : VEKTOR.

Le jeune groupe, originaire d'Arizona, est pour la première fois en Europe. Événement que le frontman David DiSanto aurait pu rater. Il a en effet fini début juin les menottes au poignet pour avoir, dans un festival à Memphis, "splashing beer on a Christian protester". En tout cas, les musiciens n'ont pas franchi l'Atlantique pour rester les mains dans les poches ! Ils multiplient les blasts, solis en excès de vitesse, rythmiques alambiquées et cris suraigus. On sent qu'ils ont beaucoup écouté leurs grands frères des années 80 et bien analysé leurs looks. Leur album, sorti en 2011, Outer Isolation, risque de bien tourner chez les nouveaux fans gagnés ce vendredi 21 juin. Ils n'ont pas encore écrit leur Rattlehead, Angel of Death ou Tormentor mais leur futur reste à écrire.