Hellfest 2013 - L'heure de la retraite n'a pas sonné !

Le Hellfest serait la meilleure promo possible pour ceux qui souhaitent reculer l'âge de départ en retraite. Revenons sur ces glorieux anciens toujours verts. You Wanted The Best - You Got The Best : KISS.


Ben Barbaud et le Hellfest ont longtemps hésité pour booker le groupe trois ans après leur dernière prestation qui avait clôturée avec faste et succès l'édition 2010. Aerosmith ayant annulé sa tournée européenne, il fallait assurer un grand nom sur l'affiche. Cette fois-ci, Kiss est sur scène le 2e jour, de loin celui qui a le plus déplacé les foules. 400000 personnes sont présentes sur l'ensemble du site et une foule compacte et grand public s'est pressée devant la Main Stage 1. Paul Stanley a 61 ans et Gene Simmons 63 ans mais avec maquillage et costumes, ils sont éternels. Tommy Thayer, guitariste (52 ans) et Eric Singer, batteur (55 ans) font presque figure de jeunes hommes à côté. Cette incarnation de Kiss sévit depuis 2004 et a publié deux albums tout à fait convaincants avec Sonic Boom en 2009 et Monster en 2012. Cela leur permet de ne pas survivre sur leur passé et de proposer un set différent de celui de 2010. Par exemple, I Was Made For Lovin' You, sûrement le titre de Kiss le plus connu en France, ne fut pas interprété au Hellfest 2013. Du nouvel album, nous retrouvons Hell or Hallelujah et l'excellent Outta This World  où Tommy Thayer endosse très bien son rôle de Spaceman. Psycho Circus, War Machine et God of Thunder sont d'autres nouveautés d'une setlist plus courte qu'il y a 3 ans. Au delà, la grande force de Kiss est de divertir son public. On attendait un gros show et on l'a eu ! Un écran géant domine en fond de scène avec son propre montage vidéo, plus efficace que celui du traditionnel écran central du Hellfest. Les nombreuses rampes de lights se tissent le long d'une structure métallique en forme d'araignée au dessus des musiciens. Ceux-ci (surtout Eric Singer dès le premier titre et la chute du rideau d'avant-scène) se placent sur des structures qui les élèvent. Flammes et feux d'artifice pétaradent tout autour d'eux. D'énormes canons de confettis arrosent la foule sur Rock N' Roll All Nite. Paul Stanley emprunte sa fameuse tyrolienne pour nous survoler et chanter Love Gun depuis une plateforme au cœur de la foule. C'est qu'il l'aime son public ! Cabot au possible, il en fait des tonnes pour recevoir les faveurs des spectateurs mais c'est un des rares artistes du week-end à dire qu'il joue à Clisson. Bon après est-il obligé de jouer si souvent dos au public pour que celui-ci puisse l'admirer se déhancher et bouger son fessier de Starchild ? On peut sûrement tout se permettre quand on tient un telle forme après bientôt 40 ans de carrière et tant de tubes : I Love It Loud, Deuce, Lick It Up, Detroit Rock City et le définitif Black Diamond. Kiss ou le succès assuré en festival.


Deux heures avant Kiss, ZZ TOP était sur scène. Quelle bonne idée d'avoir programmé les célèbres barbus ! Au milieu de trois jours de blasts et de descentes de manches, ces rythmes bluesy sont vraiment les bienvenus. Le groupe a dépassé les 40 ans de carrière étant donné que leur premier album (qui vient d'être réédité) a été publié en 1971. Les trois Texans sont nés en 1949 et eux aussi, look et amour de l'art leur accordent l'éternité.


Ou serait-ce le fait de côtoyer ces jolies Texanes qui nous défient sur l'écran géant ? ZZ Top a aussi publié un nouvel album en 2012 : La Futura. Ils en ont interprété trois titres au milieu de tous les grands classiques. Eliminator, l'album qui a eu le plus de succès en France et dans le monde, est le plus représenté avec Got Me Under Pressure d'entrée, Gimme All Your Lovin' en 4e titre puis Sharp Dressed Man et Legs plus tard. La Grange puis Tush ont conclut le show dans une vraie belle ambiance festive. Si ZZ TOP joue souvent en France (Zénith de Paris, Rouen et Dijon cette même semaine), c'est aussi car il y a toujours eu une belle histoire entre le groupe et notre public. Leur Greatest Hits sorti en 1992 est certifié Diamant dans notre pays c'est à dire qu'il s'est vendu à 1 million d'exemplaires. Même si la voix est rocailleuse (rappelant d'ailleurs celle de Mark Oliver Everett des Eels, autre fameux barbu d'une autre génération), c'est surtout la grande osmose instrumentale que les musiciens dégagent qui est à souligner. Comme il le rappelait récemment dans Rock Hard, Billy Gibbons ne se lasse jamais de jouer de la guitare. C'est un guitariste à ne surtout pas sous-estimer même quand la six cordes est en fourrure blanche. Quand la figure de Jimi Hendrix apparaît sur l'écran, on se dit que ça fait du bien dans un festival rock n' roll et on fond devant leur reprise de Foxy Lady. Chapeau les ZZ !


Et le couvre chef est bien utile car les dieux de la météo ont décidé de nous accorder de belles éclaircies quand tous nos dinosaures sont sur scène. Une très belle mise en lumière naturelle le vendredi également. Parfait pour le teint de David Coverdale, ses cheveux abondants, son dentier étincelant.


A 61 ans, le public l'aime toujours autant et c'est réciproque. L'amour est le leitmotiv de tout bon tube de WHITESNAKE : Give Me All Your Love, Is This Love, Love Will Set You Free, Fool For Your Loving..! Sans oublier Don't Break My Heart Again ou Steal Your Heart Away du dernier album Forevermore, publié en 2011. David Coverdale a toujours cette voix puissante et sait bien s'entourer. L'interprétation est précise et péchue. Reb Beach et Doug Aldrich rivalisent de virtuosité. On l'avait d'ailleurs compris avant qu'ils s'adonnent au toujours dispensable solo de guitare en festival. Et Coverdale peut aussi se reposer pendant le solo de batterie et être en grande forme sur le final : Here I Go Again et Still Of The Night.


Mais à quoi tourne Tommy Aldridge ? A 62 ans, le batteur au look de Louis XIV sous amphétamine se donne corps et âme dans sa démonstration qu'il termine main nues sur les futs. Un gimmick qu'il a l'habitude de pratiquer et comme le dit si bien Philippe Lavil : "il tape sur des bambous et c'est numéro 1". On me souffle à ma gauche : "on verra pas ça chez Def Leppard!" Cette blague borderline serait elle inspirée du dérapage (contrôlé?) de Dee Snider plus tôt ? Les créneaux de Whitesnake et TWISTED SISTER ont été inversés et le chanteur de Soeurs Tordus s'est pourtant donné à fond à fond quitte à finir dans la glissière de sécurité. Dee Snider, 58 ans au compteur, est une véritable pile électrique. Sa femme, backstage et régulièrement sur l'écran pendant le concert, semble ravie. Il en a jamais assez Dee. Il faut toujours que plus de mains, de poings se dressent, que la foule chante et saute l'unisson. Sur l'interminable dernier titre du set, la reprise des Stones It's Only Rock n' Roll but I Like It, il trouve que ça saute pas trop au fond de la fosse. "Are You Handicaped?" On se retourne pour voir qu'il s'adresse aux personnes qui se trouvent sur la plateforme pour personnes à mobilité réduite.... "Ah oui vous êtes handicapés en fait!" "Merci d'avoir roulé jusqu'ici !" "S'il y a des gens valides, allez-y sautez!!!" "Il y en a un qui a essayé.. ah il est tombé par contre..". A voir ici autour de 6 minutes. Et le concert de Twisted Sister de terminer dans une drôle ambiance..
 

Pour le reste, les grands classiques We're Not Gonna Take It et I Wanna Rock ont reçu un gros accueil. Etant donné que le groupe ne sort pas d'albums, seuls Shoot' Em Down de leur tout premier album et The Beast de leur classique Stay Hungry font varier, avec la reprise des Stones précitée, la setlist en comparaison avec la date de 2010 qui restera la référence. Ce vendredi du Hellfest fut vraiment un retour aux Monsters of Rock des années 80. Dès 15h, Saxon avait investi la Main Stage 1.


Byff Byford fut taciturne précédemment au micro des émissions de l'Enorme TV (Metal XS et Une Dose de Metal), se plaignant d'une crève persistante. Mais pourtant, la voix du Britannique de 62 ans est sur scène forte, claire et puissante. Débutant leur set avec deux titres de leur nouvel album Sacrifice, les vétérans prouvent que leur heavy metal est toujours très bien interprété. SAXON peut aussi s'appuyer sur de grands classiques, très respectés dans la sphère heavy, Metallica en tête : Motorcycle Man, Denim and Leather, Princess of the Night ou encore Wheels of Steel, tube de l'heure de gloire de la NWOBHM en 1980. A 22h, la nuit est tombée et les tons orangés du light show d'HELLOWEEN inondent la Main Stage 2. Walls of Jericho résonne en intro. De ce premier album sorti en 1985, seuls le bassiste Markus Grosskopf  et le guitariste Michael Weikath sont encore présents et lancent à toute vitesse dans la foulée Eagles Fly Free, l'un des tubes de leur grand succès Keeper of the Seven Keys part II. Si Michael Kiske, le chanteur de cet album, est en coulisses pour sa prestation au sein du collectif Avantasia, Andi Deris est lui sur scène avec Helloween. Il lui avait succédé il y a quand même 19 ans. Si ce frontman a connu quelques années de vaches maigres avec cette formation, le groupe allemand est aujourd'hui tout à fait légitime pour occuper une si haute place sur l'affiche. Il faut dire que le sang neuf apporté au sein du line up ces dernières années booste la performance des citrouilles. Le soliste Sascha Gerstner et le batteur Daniel Löble ont dix à quinze de moins que les leaders du groupe et insufflent en effet une sacré pêche à la musique d'Helloween. La moitié de la set-list est issue des deux derniers albums du groupe dont trois de Straight Out Of Hell sorti en janvier dernier. Are You Metal ? (de 7 Sinners) nous demandent-ils.  On ose à peine leur poser la question en retour tellement l'évidence s'impose. Deux citrouilles gonflables au sourire malin apparaissent sur chaque côté pendant que le groupe célèbre leurs classiques Dr Stein et I Want Out.


Pendant le concert d'Helloween, le grand barnum DEF LEPPARD s'était mis en place. Du 22 mars au 13 avril dernier, le groupe britannique était en résidence pour une série de concerts au Hard Rock Hotel de Las Vegas. Ben Barbaud s'était déplacé pour découvrir et adorer l'événement. Le groupe y jouait tout d'abord quelques classiques sous le nom de Ded Flatbird puis interprétait l'album Hysteria en entier. Ce disque sorti en 1987 s'est vendu à 20 millions d'exemplaires dans le monde et 12 millions rien qu'aux Etats Unis. Et Def Leppard revenait sur scène pour jouer d'autres grands tubes de Pyromania, lui aussi dix fois platine aux States. Dans les colonnes de Rock Hard, le groupe se demandait si la setlist allait être la même en festival, surtout que Def Leppard n'avait pas joué en France depuis 17 ans. Et finalement, les musiciens ont décidé de reproduire dans cet ordre le show de Vegas.


Les voyant débouler sur la final du Won't Get Fooled Again des Who, on en prend plein la vue : écran vraiment géant, son parfait, une plateforme reliée à la scène par quelques marches. Des titres des origines du groupe lancent le show dont Wasted de leur premier album On Through the Night sorti en 1980. Puis Joe Elliott nous demande : "Do you wanna get rocked?". Le tube qui parle peut-être le plus à notre génération, Let's Get Rocked arrive vite dans le set.  Ca joue toujours à mort sur Foolin', Action, la ballade Bringin' on the Heartbreak et l'instrumental Switch 625. La performance de Vivian Campbell est d'autant plus remarquable que c'est son premier concert depuis que le traitement contre la maladie d'Hodgkin qui le frappe a commencé et a fait tomber sa longue chevelure frisée. D'ailleurs, le sentiment est aussi particulier quand Rick Allen, le batteur du groupe qui a adapté son jeu après avoir perdu l'un de ses bras dans un accident en 1984, se met à porter un masque à oxygène. L'ambiance retombe également quand est diffusé sur leur écran géant (pas très bien paramétré pour afficher la totalité de l'image) un film qui retrace l'heure de gloire du groupe. On y voit Steve Clark, le premier guitariste du groupe mort d'overdose en 1991. Puis Def Leppard interprète donc l'album Hysteria en entier. Le début de celui-ci est un chapelet de tubes : Women, Rocket, Animal, Love Bites, Pour Some Sugar On Me.


Mais la deuxième partie de l'album est beaucoup plus dispensable, le morceau titre excepté. On se souvient que l'an passé par exemple Metallica avait interprété au Stade de France son Black Album à l'envers pour éviter cet écueil alors que le risque était moins grand. Certes, nous avions vu Megadeth joué Rust in Peace en entier et dans l'ordre à Milan mais, c'est le fan qui parle, comment faire autrement pour un album aussi parfait! Tout ça pour dire que malgré la qualité du show et de l'interprétation, on s'ennuie un peu quand l'heure de fin annoncée du set arrive. La sono se rallume, le public commence à partir et on se dit que le concert se finit en peu en lousdé. Et puis tout à coup, le groupe revient et Joe Elliott de nous sortir : "On allait pas partir comme ça sans s'être vu depuis 17 ans !" Sauf que le timing prévu est explosé et que Rock of Ages et Photograph sont expédiés à un tempo plus rapide. Pour atténuer la légère déception et se rappeler de la qualité des titres et de l'interprétation, on se mettra leur double Live & More sur la platine avec une setlist plus équilibrée. C'est d'ailleurs le seul disque du groupe disponible sur Spotify, le groupe étant très protecteur pour la diffusion de sa musique (cf. mon article sur le musical londonien Rock Of Ages). Sinon, "What Happens in Vegas Stays in Vegas!"

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