En Travaux - L'Espal - Le Mans - 08/10/2013

En 2014, ouvrira au Mans un nouveau centre culturel associant dans un lieu moderne et agréable : cinéma, salle de spectacle, galerie d'exposition. La nouvelle programmation de l'Espal associe donc désormais un nouveau nom : les Quinconces. En juin dernier, est donc annoncé que la pièce En Travaux de Pauline Sales se jouera sur le chantier de ce futur théâtre. L'idée est excellente. Précipitons nous sur une place pour le premier soir de représentation. Mais une semaine avant ce fameux soir, on nous informe que la pièce se jouera dans la salle de l'Espal. L'unique devient bien plus banal... On comprend que rien ne doit freiner l'avancée des travaux et que l'accident mortel qui avait marqué la Foire du Mans pousse à ne prendre aucun risque supplémentaire. Reprenons donc cette route familière vers les Sablons. Pendant ces années sans grand théâtre en centre ville, l'Espal a affiché un taux de remplissage assez remarquable mais y parachuter une pièce à la capacité de réservation plus limitée fait sonner le lieu un peu creux. Sans insister sur une moyenne d'âge plutôt élevée, comme pour la plupart des pièces jouées au Mans (heureusement des scolaires sont régulièrement conviés), ce n'est pas la folle ambiance... Une fois les lumières éteintes, la gouaille de Svetlana déride l'atmosphère. Pauline Sales a choisi d'écrire sur le monde du bâtiment. Et plus particulièrement sur le sort d'immigrés confrontés à la forte pénibilité de ce secteur d'activité. Si Svetlana roule des mécaniques et quelques lettres de son accent slave, elle en reste une femme biélorusse intérimaire dans un monde d'hommes. André, le seul autre personnage sur scène, n'est lui qu'un homme. Marié, carriériste, on ne l'imagine pas s'encombrer l'esprit des problèmes de son équipe mais comme il dévoile ses pensées aux spectateurs tel un procédé de narration, ceux-ci comprennent vite que la garçonne ne le laisse pas indifférent. Le début des ennuis pour André. 


L'auteure reconnaît une "écriture assez elliptique et des temporalités assez complexes dans la narration". On ne peut pas dire le contraire surtout quand il faut imaginer tous les autres personnages. Mais on comprend tout de même facilement toute la manigance qui se cachait derrière l'arrivée de cette étrange femme sur ce chantier. Cette fois-ci, Pauline Sales s'est débrouillée seule pour la mise en scène. On notera comme bonnes idées la cabane de chantier à rideaux coulissants et ces caisses dévoilant la part d'humanité, d'enfance mais aussi de traumatisme de Svetlana. On regrettera les choix musicaux. Les moments qui se veulent chaotiques sont cacophoniques. La musique peut être expérimentale mais écoutable. La grande force de la pièce repose sur la performance de la comédienne Hélène Viviès. Elle incarne parfaitement cette fille de l'est. Elle a travaillé la démarche masculine, peut porter de lourds sacs sur les épaules puis devient joliment féminine. Phénomène du théâtre contemporain, cela devient presque rare de trouver une pièce où personne ne se dénude. Mais dans ce cas, cette grâce tranche parfaitement avec la violence qu'elle peut laisser par ailleurs transpirer. Comme pour Judith Chemla sur cette même scène il y a un an, il est grand temps que le cinéma s'ouvre davantage aux talents des scènes théâtrales.

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