Alice in Chains - Alexandra Palace - London - 9/11/2013

En 2009, la rencontre live avec le groupe s'était faite dans la moiteur estivale d'un petit club de King's Cross (ici) juste avant la sortie de l'album marquant en force leur retour : Black Gives Way to Blue. Plus de 4 ans plus tard, c'est encore à Londres que l'on retrouve le groupe de Seattle. Cette fois-ci, il faut emprunter longuement la Piccadilly Line vers le Nord de la capitale. A la sortie de Wood Green station, un bus rouge à deux étages dédié nous attend pour rejoindre Alexandra Palace. Ce bâtiment victorien est un lieu très chic pour accueillir des concerts au Ally Pally. La montée vers ce lieu offre également une vue panoramique sur la ville éclairée de nuit. A l'heure où les Londoniens se pressent sur Regent Street pour le lancement des Christmas Lights et écouter Leona Lewis ou Passenger, nombreux sont aussi les fans présents dès l'ouverture des portes de notre concert. On remarque que les générations se confondent, les styles également du metalleux pur poil à l'Anglaise distinguée. Cette foule est aussi cosmopolite pour soutenir Alice in Chains, Ghost et Walking Papers comme en témoignent les camarades français prenant également en photo notre bus "c'est sûr que ça existerait pas en France".

Il faut d'abord patienter dans un premier hall cerné de bars et restaurations. Une démonstration de batterie occupe l'espace sonore. Et certains peuvent même expier leurs pêchés dans le confessionnal Ghost placé en plein milieu. Puis la foule entre dans la salle de concert. Très profonde, bien haute de plafond, joliment décorée et pouvant contenir dans l'absolu 10 000 spectateurs, elle interroge quand même sur ses capacités acoustiques. Ses doutes seront confirmés pendant la soirée avec des aigus qui bavent pas mal.. Le backdrop de WALKING PAPERS est déjà en place. L'attente appelant à la consommation, c'est plus tard que l'heure de début prévu que commencent les festivités. Ce groupe américain vient de sortir son premier album et a été préféré à Scar The Martyr (le groupe de Joey Jordison de Slipknot) un temps annoncé. Les musiciens sont loin d'être des inconnus. A la basse, officie Duff McKagan (Guns n' Roses, Velvet Revolver) et surtout à la batterie Barrett Martin des Screaming Trees et de Mad Season, cet unique album des 90's avec Mc Cready de Pearl Jam et Layne Staley d'Alice in Chains.. Si ces deux musiciens insufflent la dynamique de ce nouveau groupe, c'est vers le peu connu Jeff Angel que les yeux et les oreilles se tournent. Avec son pote Benjamin Anderson, il avait fondé The Missionary Position mais sans prendre le dessus. Il avait également auditionné en vain pour Velvet Revolver. Il est donc grand temps que le plus grand public s'intéresse à ce vrai talent. Si physiquement il n'est pas si éloigné de Scott Weiland, sa voix est plus profonde. Il est aussi le seul guitariste du groupe. McCready a signé quelques solis sur album mais là Jeff assure seul de magnifiques envolées. Ce blues rock séduit sur The Whole World's Watching ou Your Secret's Safe with Me. Disposant d'un set de 30 minutes, le groupe varie également les plaisirs. Jeff quitte sa guitare et va se coller contre les premiers rangs avant de passer par dessus la barrière pour poursuivre un superbe The Butcher à la forte dominante de piano. Ce type d'attitude plaît toujours à des curieux qui essaient (souvent en vain) d'immortaliser l'événement. Deux d'entre eux se précipitent vers ce sillon tracé au cœur de la fosse. Jeff prend le plus barbu des deux par le cou pour chanter avec lui. Son sprint (plutôt surprenant) est récompensé. Walking Papers termine leur concert sur deux nouveaux titres convaincants et confirme que l'amateur de rock doit se pencher sur cette nouvelle aventure. 



Le public se manifeste plus bruyamment quand est installé le backdrop rouge de GHOST. Ce groupe crée l'événement depuis deux ans, a multiplié les tournées et les apparitions en festival. Parmi les fidèles, on note des metalleux à t-shirt chargé, des jeunes dames burlesques et aussi cet anglais au sourire figé, au regard possédé qui ne cessera d'hurler en boucle "Confess" entre les morceaux. Il doit donc être particulièrement sensible aux riffs entendus cent fois, aux faibles parties de batterie, aux masques et longues robes noires des ghouls qui les interprètent et bien sûr à la prêche evil de ce pape satanique.... Puis, le concert connaît un premier tournant. Le chanteur masqué devient plus câlin et annonce un nouveau morceau. Le groupe vient de sortir un EP de reprises produit par Dave Grohl où figure ce If You Have Ghosts à la voix bien mélodique, au rythme entrainant et bien plus puissant que la version studio (c'est difficile de faire moins puissant). On oublierait presque leurs accoutrements et conseillerait quelques pêchés mignons disco dance à interpréter. Leur tube Year Zero retombe encore dans l'esprit Vatican 2.0 à l'envers. Le chant est soutenu par des bandes et le tout manque de clarté dans la balance. Même si ce n'est pas non plus l'euphorie collective, les fans présents sont ravis, ce qui déride Emeritus. Son attitude devient plus souple que son accent suédois. Il s'attarde même pour annoncer Monstrance Clock et encourage les troupes à chanter avec lui son refrain luciférien. Et il faut bien avouer que celui-ci est efficace et que l'on se surprend à le reprendre tout à fait naturellement. Une fois les ghouls et leur leader hors de scène, ce refrain insiste dans la sono. Etant donné que le groupe ne joue pas en tête d'affiche, il ne restera pas non plus très longtemps dans le crâne. On se prépare à un autre concert du diable, celui qui a mis les dinosaures sur cette terre, traduction plus ou moins adroite du nouvel album d'ALICE IN CHAINS. Une fois le backdrop de Ghost tombé, la scène gagne en profondeur. Des structures pour projeter des vidéos sont présentes au dessus et de chaque côté de la batterie de Sean Kinney. Sur la grosse caisse, brillent quatre lettres : LSMS. Layne Staley, Mike Starr soit les deux membres du groupe décédés. Les musiciens jouaient ensemble sur les deux premiers albums du groupe : Facelift et Dirt. Et voilà le groupe de lancer leur soirée sur les tubes de ces grands classiques. Them Bones, Dam That River puis rapidement Man in the Box mettent le public en ébullition.



William Duval est parfaitement à l'aise dans son rôle de frontman et vocalement, il combine avec Jerry Cantrell mais surtout avec les milliers de Londoniens qui reprennent tous les refrains avec passion. "Oh You Couldn't Dam That River". Micro au poing, Duvall retrouve la fièvre des origines sur Dirt, We Die Young ou encore en rappel It Ain't Like That. Alice in Chains n'est pas venu particulièrement pour promouvoir son nouvel album. Seuls Hollow (accompagné de jolies projections) et Stone furent interprétés. Si le son de la fosse est plutôt capricieux sur les harmonies vocales, la basse de Mike Inez est intraitable sur le premier extrait et, une constante pendant le show, la guitare de Cantrell est impériale en rythmique et en solo. Dans ces moments là, les cameramen perchés au plafond éclairent de leurs poursuites la scène. La proximité permet d'apprécier un guitariste (cheveux courts) sûr de son jeu et très heureux."I'm the last of my kind still standing" rappelle-t-on. Ce morceau est avec Check My Brain le seul titre joué de Black Gives Way To Blue. L'album éponyme est lui représenté par Again et ses "wouh ouh". Comme sur les dates jouées par le groupe depuis mai, la setlist est changeante sur cette tournée britannique. Le lendemain à Leeds, Alice in Chains a interprété ce titre pour lancer le set mais aussi Grind, Phantom Limb, Acid Bubble, Angry Chair ou Nutshell. Mais le public londonien a aussi droit à deux morceaux plus rares mais à la mélodie tellement géniale. Sorti sur la B.O. de Clerks, Got Me Wrong (avec de jolis solis de Duvall) nous plonge comme No Excuses dans le bon temps des 90's. Le groupe avait sorti Jar Of Flies dont est extrait dans le Alexandra Palace un magnifique Rotten Apple. Les "hey ha na na" sont encore dans tous les esprits.



Bien sûr, il en est des morceaux incontournables. Down in a Hole est sur toutes les lèvres avant les rappels. Would ? est joué de façon bien posé pour que se déverse mieux le "Into The Flood Again" du refrain scandé par la foule. S'il n'en  reste qu'un ce sera un coq. "Ain't find a way to kill me yet ... here they come to snuff the rooster .... yeah here come the rooster .... OH YEAH YOU KNOW IT AIN'T GONNA DIE"... Cette longue et belle soirée s'achève sur ce grand classique. Alice in Chains se porte remarquablement bien en 2013 et on l'espère toujours en grande forme sur scène en 2014.


Commentaires

  1. J'ai bien aimé le concert aussi. Je remarquerais juste que Duvall est un très bon chanteur mais la voix un poil trop aigüe pour certains vieux titres... Dommage mais ne chipotons pas, c'était énorme ;)

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