The Gathering - Antipode - Rennes - 29/11/2013

Après des dates aux Pays Bas en début d'année (dont celle de Hoofddorp chroniquée ici), THE GATHERING sillonne les routes de France cette semaine. Après Strasbourg, Lyon, Paris, c'est à Rennes que les musiciens se posent avant une date à Lille le lendemain. Le rythme semble infernal mais c'est surtout avec beaucoup de plaisir qu'ils retrouvent le public français. Dès la porte de l'Antipode franchie, on retrouve Frank et René affairés au stand de merchandising profitant pour signer les tickets de concerts et autres disques de leur longue et riche discographie. C'est aussi l'occasion de se procurer leur nouvelle publication à l'artwork très soigné : Afterwords. Cette relecture "ambiant" de leur dernier et excellent album Disclosure offre aussi quelques inédits dont le titre qui donne son nom au disque. Ce morceau mélancolique est chanté par Bart Smits (leur chanteur originel) et pourrait plaire aux critiques de Pitchfork voire Telerama s'ils daignaient s'intéresser à ce groupe formidable qui n'a jamais cessé d'innover.


C'est le groupe Lesoir qui ouvre sur toute cette tournée. Les musiciens originaires de Maastricht sont très jeunes mais ont de très bons goûts revendiquant comme influence Tool, A Perfect Circle, Skunk Anansie et Alanis Morissette. Ingo Dasser rend aussi hommage à son t-shirt Steve Vai Fire Garden en assurant de solides parties de lead. Plus en retrait, la jeune et blonde Eleen tient la seconde guitare et soutient avec ses percussions le puissant batteur Ruben Israel. On retiendra le très efficace Feet on the Ground, premier titre de leur nouvel album Transcience sorti en mai et second titre joué ce soir. Après avoir tenu le seul micro, Maartje chante très bien tout en jouant du clavier sur ce morceau. Multi-instrumentiste, elle joue aussi de sa flute traversière sur de belles montées progressives et de la guitare sur des morceaux plus posés. L'expérience les aidera d'ailleurs à gérer mieux leur setlist. Les deux derniers morceaux du set sont moins efficaces et la transition un peu brutale entre le titre guitare-voix et le final plus enlevé. Et Dachuan Lu à la basse a un peu l'air de s'ennuyer sur la fin. On garde bien leur nom (à la consonance un peu particulière dans notre pays) dans un coin du crâne car leur maîtrise musicale risque de les amener vers une carrière intéressante. Alors que Hans et Frank sont toujours bien occupés au stand merchandising, René et Marjolein viennent s'occuper des derniers réglages de leur matos sur scène. L'attente est plutôt courte et vers 22h15 une superbe lumière provenant du fond de la salle inonde la scène sur l'entrée des musiciens et l'intro de Paper Waves. Quand le titre commence et Silje rejoint les musiciens, une évidence saute aux oreilles. Cela faisait très longtemps que l'on avait pas entendu une telle perfection dans le son. Toutes les subtilités se distinguent parfaitement : des effets de guitare à la finesse du jeu de cymbales, de la variété des keyboards au backing vocals de Marjolein, de la subtilité du chant de Silje à la force des riffs. 

Meltdown enchaîne avec une dynamique communicative. Si lors des deux précédents concerts, on avait vanté la présence de Marjolein, on insiste cette fois-ci sur la grande forme de Silje qui a l'air de s'amuser follement. C'est elle qui s'adresse au public pour rappeler à quel point elle adore la "french cuisine". Le groupe a posté cette semaine moult photos les mettant en scène, où le croissant est souvent à l'honneur. Après avoir avoué quelques excès, Silje se dépense comme jamais sur le rythme entraînant de  Shot to Pieces et All You Are. Arrive rapidement dans la set-list le monument Heroes for Ghosts. Miss Wergerland interprète magnifiquement les paroles dont elle l'auteur sur une progression musicale vraiment poignante : "My heart is drifting through all shades of green. My head is thinking through meadows of the sea. Lonely as I am.  Lonely as I aaam". Aujourd'hui, The Gathering peut être fier d'avoir composé un tel titre épique aussi magnifiquement mélodique que peut l'être Great Ocean Road écrit 15 ans plus tôt. Que ce soit sur ce morceau ou le grand classique In Motion 1, l'interprétation est parfaite. A l'époque de formations trendy qui jouent énormément sur leur image, qu'il est bon de voir un groupe aussi appliqué, précis, riches en arrangements que The Gathering et sans en faire des tonnes. Les sourires rayonnent sur les visages des musiciens et ceux des spectateurs venus de Brest ou même Péruviens, Chiliens.... Silje lâche son pied de micro pour voguer un peu sur scène sur le très beau Broken Glass ("drop yourself in the grass, breathe the air .... through the water.."). Du même album, les notes de l'intro de Souvenirs nous amènent vers son efficace refrain "the gift of your life...". La setlist n'a pas changé depuis février mais après Gemini I (très bon titre de Disclosure dont toute la musique a été écrite comme pour Paper Waves par Frank), le groupe nous offre justement un joli cadeau de Noël en avance. Silje annonce un très vieux titre et ce sont les premières notes d'Eléanor... Le public tape dans les mains puis secoue sa tignasse sur le passage plus metal aux lumières épileptiques. Le break au synthé à plus de 5 minutes du morceau est retranscrit fidèlement ce qui ne fut pas toujours le cas. Le groupe quitte la scène en ayant ravi les fans de toujours. The Gathering n'a jamais capitalisé sur son passé. Au contraire, il a sans cesse avancé. How to Measure a Planet ? était une révolution en 1998. Souvenirs une autre en 2003. Disclosure une nouvelle.... C'est donc avec un de leurs nouveaux morceaux I Can See Four Miles que le groupe répond aux rappels : "those echoes keeps growing..". Comme à Hoofddorp, Silje rejoint son clavier pour un final que l'on peut croire noisy mais dont l'équilibre des instruments est toujours parfaitement maîtrisé dans cette longue conclusion instrumentale. Aussitôt la fin du concert, les musiciens se retrouvaient à l'entrée de la salle pour discuter avec les fans. Nous quittons des musiciens brillants et sympathiques en espérant les retrouver au cours de l'été des festivals 2014.

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