Ledeunff - Neka de la Muerte - L'Alambik! - Le Mans - 25/04/2014

Au Mans, ce dernier week-end d'avril est sous le signe du hip-hop. Pendant que les cuivres de l'Europa Jazz résonnent en centre ville, Graff, Rap, Beatboxing, Break Dancing, Djing ambiancent la block party du Ronceray. Cette sixième édition de Connexions met à l'honneur la pratique culturelle la plus diffusée de France comme le rappelait Julien Valnet à la conférence inaugurale. Il est venu représenter la cité phocéenne et nous parler de son livre Mars, histoires et légendes du hip-hop marseillais. L'ouvrage est préfacé par le spécialiste français du sujet Monsieur Olivier Cachin, invité vedette du soir. Comme tout bon MC (maître de conférence), il s'appuie sur les repères fondateurs du genre et a aussi cette science de l'animation, de la distribution de parole. Marlène Nicolas et Etienne Kervella sont ancrés dans l'histoire du temps présent à travers les ouvrages Hip-hop New School (sur la scène de Quimper et préfacé par Sidney, animateur de la première émission au monde 100% h.i.p.h.o.p.) et Certifié/e/s Hip Hop (portraits d'acteurs de la scène ligérienne). On ne peut que féliciter Etienne et l'équipe de l'Alambik! d'avoir réuni un tel plateau qui capte notre attention et délie les langues. Si le hip-hop fête ses 40 ans, il a toujours besoin que l'on communique sereinement à son sujet sans tomber dans les colonnes des faits divers récents. Transmission. Voilà le maître mot de l'événement, respectant l'héritage, le patrimoine tout en gardant la fougue de la jeunesse. On apprécie ce dynamisme dans l'équipe d'éducateurs, de bénévoles de l'Alambik! qui s'affairent en before de la soirée musicale. Après avoir éveillé les esprits, rassasions les corps avant le concert du duo vendéen NEKA DE LA MUERTE puis celui du Nantais LEDEUNFF.

Neka et Raff axent leur set autour des titres de leur premier EP qui débute par La Voie du Guerrier (vidéo ici). La mise en scène est travaillée, le flow est assuré et "en route pour la gagne". Même quand l'assistance est plutôt timide, pas facile à aller chercher, Neka est plutôt du genre à passer par la fenêtre s'il le faut. Il ne s'économise pas sur des titres plutôt courts, des interludes "rap us" ou encore des gimmicks qui font réagir : "quand je dis "alam" vous dites "bik!" "alam-bik!" "alam-bik!". Même s'il n'est pas convaincu de ses vannes du soir, cela ne l'empêche pas de parler de lui mais sans tomber dans l'egotrip, en restant positif. Le propos est plus sombre sur La Fin d'un Shootax. Du haut de son tabouret, son personnage dénonce les ravages de la "cema". "J'ai perdu mon poids et ma foi". Certes, nous sommes loin de la plage des Sables d'Olonne mais pourtant Neka tombe le t-shirt comme dans le clip du titre Le Cador (ici). Raff fait jumper le public en rythme sur le morceau. Atterrissage contrôlé. Pas de nez cassé. Neka de la Muerte a bien assuré.


David Le Deunff est le guitariste du groupe Hocus Pocus. L'an passé, il a publié son premier EP produit par son compère 20Syl (membre également du collectif à succès C2C). On y retrouve des effets électroniques, du featuring rap mais surtout de superbes mélodies et une ambiance plus proche du blufunk de Keziah Jones. Sur la scène de l'Alambik!, David ne cesse de reconnaître qu'il n'a jamais sonné aussi rock ce qui ne semble pas lui déplaire. Et nous non plus! On se rappelle alors sa sympathique intervention en fin de conférence : "Chez moi à Belle-Ile-en-Mer, j'écoutais Skyrock parce qu'il y avait rock. Les concerts de RATM et Nirvana le dimanche soir.". David Le Deunff a tout du mec sympa doublé d'un guitariste et chanteur de grand talent. Au centre de la scène, il ne quitte pas sa Lag à la jolie caisse boisée pour électriser les pépites que ce sont My Storm, Precious, Soul Officer.. Un morceau comme L.A.D.Y. prend une autre dimension sur scène. Steam exprime également une belle cohésion de groupe. Et il faut avouer que le frontman est bien entouré. Hervé Godard assure aux claviers et quand il s'empare de la basse, c'est pour un slap endiablé. Nous avons aussi été particulièrement emballé par le jeu d'Hibu Corbel à la batterie. Le musicien est d'une précision folle et apporte cette touche jazzy, valeur ajoutée des arrangements. Visuellement et musicalement, c'est très intéressant. On sent aussi qu'il a envie de s'amuser. Alors que David Le Deunff se lance dans le dernier titre en solo comme à l'accoutumée, ses compères le rejoignent et posent leur rythmique. C'est même Hibu qui souffle à David d'inviter Neka (au taquet pendant tout le concert) à poser son flow de façon improvisée. Il ne s'est pas fait prier. Que ce soit sur les très bons morceaux originaux et les reprises (James Blake, Woodkid, Santigold...), David séduit et offre à son patronyme un brillant avenir musical.

Photos : Stéphane Duarte
Texte : Cyrille Blanchard

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