The Orchid - No Grizzly - Captain Panda - Les Saulnières - Le Mans - 03/04/2014

Starter, dispositif d'accompagnement de la scène sarthoise, est de retour pour sa saison 2. Après le throwback de janvier, neuf nouveaux groupes ont été sélectionnés pour offrir un panorama le plus varié possible de la musique du 7-2. Comme l'an passé, tout (re)commence aux Saulnières. Soyons honnêtes sur deux points (et nous le resterons au fil des chroniques de ces trois belles soirées de live et de potes). Cette salle offre une qualité acoustique assez exceptionnelle, la meilleure de l'agglomération mancelle. Mais pourquoi n'y a-t-il pas plus de spectateurs pour en bénéficier ? L'entrée est toujours gratuite. Bref ne boudons pas notre plaisir. Nous ne voulons pas gâcher le suspense de cette série d'articles mais c'est bien le premier groupe qui restera notre gros coup de cœur : THE ORCHID. 

En février, les musiciens ont sollicité un financement via la plateforme KissKissBankBank. L'objectif était de graver leur premier EP When Comes The Rain dont les titres sont en écoute et à l'achat ici. Le groupe avait prévu des goodies pour les donateurs les plus généreux et passionnés qui allaient d'un cameo dans leur prochain clip à un concert privé à domicile (!) Grâce à 46 kissbankers, le défi fut relevé à "242%" et les heureux mécènes peuvent faire tourner en boucle les superbes mélodies du trio. L'occasion est belle de rappeler l'intérêt de ces sites participatifs qui permettent à chaque fan de musique d'être acteur plus que consommateur. Revenons au live. Florian Guérant est posé guitare en main à gauche de la scène. Une même lumière intimiste éclaire Adrien Rogowski. Au centre, Benoit Ghisalberti est aussi assis mais derrière une batterie c'est plus fréquent. Adrien a d'ailleurs du mal à rester sur son tabouret, habité par les notes d'un jeu de basse vraiment remarquable. La belle voix de Florian peut nous rappeler une scène folk indé (All Breathings Should Be Praises) mais les arrangements transportent les morceaux dans une dimension progressive que n'aurait pas renié King Crimson. Les chœurs d'Adrien ont aussi cette vibe 70's très agréable.Nous avons cette même sensation de pousser les murs d'un style musical quand le groupe invite sur scène chanteuse et saxophoniste sur The Orchid, The North-Wind & The Mist. On sent également sur les derniers titres du set que les artistes écoutent, ont écouté des groupes plus musclés et que les cassures de rythme pourraient nous offrir des compos plus fusion. Une sacré découverte pour plusieurs d'entre nous ce jeudi soir au Mans abondant lors du changement de plateau de superlatifs sur ce que nous venions d'écouter.

Pendant ce temps... des machines et un ampli de guitare viennent d'investir la scène. Le duo NO GRIZZLY s'en empare pour une bonne demi heure de son électro rock. Il y a de la place sur le lino des Saulnières et on peut bien se placer pour observer le jeu de guitare très intéressant de Vincent Brooni.  Alors que les compositions ne cessent de s'envoler en crescendo, le musicien se balade sur le manche de sa Les Paul avec une certaine dextérité. De plus, le mix est bien équilibré entre les machines et lui ce qui ne gâche rien. Pendant ce temps ... "les chatons vont dominer le monde". L'attitude de Léo Boisson est aussi importante pour leur jeu de scène : des mains épileptiques sur les claviers, de grands bras qui se lèvent, des pas de danse improbables synthé en bandoulière. Pendant ce temps ... on secoue bien la tête. Le groupe fêtera le 9 mai le lancement de leur collectif VVV A L Z à la Péniche avec leurs camarades de Quadrupède, Kawaii Mort et My Hacking Bit-Game. Pendant ce temps ... No Grizzly vend son premier EP In Barcelona.

Nous changeons à nouveau d'univers avec CAPTAIN PANDA. Le groupe qui aime le cuivre et qui envoie du bambou. Au premier rang , nous avons Jean-Gatien, Pierre-Marie aux trompettes et Marc au trombone. En défense centrale, Rémi et Ludo se dédoublent pour la batterie. Et pour apporter encore plus de rondeur, nous retrouvons Paul costaud au soubassophone. Même si le groupe n'a pas encore publié d'album (leur Bandcamp ici), les compos ambiancent depuis un an les scènes ici ou ailleurs au service de la "teuf" comme ils disent. On ne peut que se trémousser à l'écoute par exemple de leur Cameroun Experiences. Le chant ajoute à l'ambiance décontractée du brass band. Jean-Gatien passe tranquillement d'intonations reggae voire zouk à quelques blagues décalées. Il est aussi bien à l'aise sur leur cover de Que Sera Sera, titre culte repris à la fois dans le cinéma d'Hitchcock par Wax Taylor ou Line Renaud (!). Captain Panda a aussi un bon succès sur Lonely Boy des Black Keys. "Oh Oh-Oh I Got a Love That Keeps Me Waiting" chantent les instruments. Captain Panda réussit son pari de nous donner la banane. Ne les ratez pas la prochaine fois, l'assurance de passer un moment bien plaisant !

Textes : Cyrille Blanchard

Photos : Stéphane Duarte