Hellfest 2014 - Day 1

"Scream for meeeee Hellfest"! Dès le premier appel à l'ovation générale de Bruce Dickinson vers 21:15, la messe est dite. Tout est validé : la grosse chaleur, la foule qui soulève la poussière ou gratte tous les coins d'ombre. Tout est validé : la grande roue (bien intégrée), le Hell City Square (plutôt réussi). Tout est validé grâce à la communion d'une foule que seules certaines légendes comme IRON MAIDEN peuvent ainsi mobiliser. Il fallait bien que le Hellfest atteigne ce niveau d'organisation, de notoriété pour assister au triomphe, en l’occurrence bien calé plutôt prés de la scène (oui c'était tout à fait possible). Et puis si les festivaliers n'aiment pas les grosses têtes d'affiche, ils peuvent vibrer avec Kataklysm, Watain, Pro Pain ou Godflesh qui jouaient en même temps.


Revenons plus en détails sur le concert événement de ce premier soir. Le set débute avec une bonne dizaine de minutes de retard avec le soleil commençant sa descente face à la Main Stage 1. Celle-ci est aux couleurs de l'album Seventh Son of a Seventh Son. Depuis plusieurs mois, le groupe célèbre cet album et la tournée qui suivit : Maiden England'88. C'est donc avec le premier titre de ce classique que le show débute : Moonchild puis rapidement Can I Play with Madness. Bruce se reprend à deux fois pour l'annoncer. Bruce Dickinson fut le grand bonhomme de la soirée. Il ne tient pas en place. Il est aussi très en forme vocalement sur The Prisoner ou 2 Minutes to Midnight qui enchaînent. Heureusement, par ailleurs, que les protections auditives corrigent certaines fréquences car le son des guitares est assez criard. Même s'il n'économise pas ses efforts, le patron Steve Harris a plutôt les traits tirés et sa sangle de basse rembourrée certes aux couleurs de West Ham ne le rajeunit pas. Mais peu importe car c'est Bruce qui pilote ce soir.


Dans son français parfois approximatif, il nous confie qu'habituellement le groupe joue à ce moment de la setlist Afraid to Shoot Strangers mais que l'on peut s'attendre à des surprises comme par exemple Revelations (excellent titre de Piece of Mind). Par la suite, Iron Maiden propose un bouquet de classiques assez exceptionnel et les visuels se succèdent. Le drapeau de l'Union Jack est sorti pour The Trooper. Un diable aux yeux rouges qui brillent est assis sur scène pour The Number of the Beast (ah cet intro..!). Et vous imaginez bien la folie sur Run to the Hills ou Fear of the Dark entrecoupés bien sûr d'un paquet de "Scream for me Hellfest". Le fameux Hallowed be thy Name n'est pas au programme mais Iron Maiden a ressorti deux autres longues pièces de son répertoire : Phantom of the Opera et l'épique Seventh Son of a Seventh Son. Bruce Dickinson surinterprète les deux titres mais est aussi plutôt taquin. Il se fait rôtir le popotin sur les flammes théâtralisant Phantom of the Opera et rend hommage à la gastronomie française : ses "fondue", "rosbif" sont ponctués de ces feux qui rôtissent la scène. La veille, la sélection anglaise fut éliminée par la petite porte de la coupe du monde. Pas sûr donc que les musiciens d'Iron Maiden aient envie de célébrer l'événement. Mais Bruce Dickinson peut lui sortir de scène pendant les passages instrumentaux et se tient au courant du score de France-Suisse. Après un "les Bleus, c'est fait" passé plutôt inaperçu, il plombe le passage mélodique du Phantom of the Opera (toujours) d'un "La France 3 les Suisses 0". Puis rebelote sur le passage progressif de Seventh Son of a Seventh Son : "La Fr.. Les Suisses 0 ... la France 5!!!!". Plus tard, il va diviser la foule : "les gauchers vous êtes la France, criez 5!! Les droitiers désolé vous êtes les Suisses 0!!!  5!!! 0!!! 5!!! 0!!!". Dave Murray est mort de rire. Moins sûr pour Steve Harris. Pour ambiancer le spectacle et faire de ce concert une soirée à part, Bruce Dickinson répond présent. Et il est aussi bien en place sur Iron Maiden, Aces High (où il imite le parfait aviateur faisant trembler la scène sur laquelle il vole), The Evil That Men Do ou encore un Sanctuary définitif. A côté de ce parfait frontman, on souligne aussi la performance d'Adrian Smith qui a l'air de prendre un plaisir fou, surtout sur son titre Wasted Years. Ce ne fut pas un concert de plus pour nous, ce fut Iron Maiden le vendredi 20 juin 2014 à Clisson. Et c'est inestimable! Iron Maiden avait choisi de jouer plus tôt que prévu, à 21 heures plutôt que 23 heures pour les têtes d'affiches des autres soirs. SEPULTURA a donc fait office de première partie.


Et comme le rappelle le géant (dans tous les sens du terme) Derrick Green avant Propaganda, c'est bien eux Sepultura. C'est en effet certain que le passé, le présent, le futur du groupe brésilien sont incarnés par le frontman (désormais aux faux airs d'Omar Sy avec son crâne rasé), Andreas Kisser, Paulo Jr et Eloy Casagrande. En terme d'interprétation, Soulfly est loin, très loin... Les Brésiliens sont de plus toujours créatifs et presque la moitié de leur set repose sur des morceaux récents (The Vatican en ouverture). Bien sûr, Refuse/Resist, Arise, Roots Bloody Roots et le plus rare Dusted cartonnent tout. Et on devient même supporter de la bande à Neymar (Andreas porte bien sûr le maillot de la seleçao) en dansant sur le fédérateur Ratamahatta. "Hello uptown! Hello downtown!.." Super groupe. Toujours.


Ce concert était tellement plus authentique que celui de Rob Zombie.. En plein jour, le groupe n'a pas plus de show que la dernière fois. Les posters de leur chambre d'ado ne suffisent pas à faire le spectacle. Heureusement qu'un spectateur a eu la bonne idée (ou pas) de leur balancer une fausse tête de cheval pour ambiancer un minimum le set. Rob Zombie puis John 5 la portent à un moment où les compositions du groupe ont disparu au profit de reprises : Am I Evil, un bout d'Enter Sandman, un peu de School's Out. Quelle tristesse. En interview, ils avouent même en avoir rien à faire de voir d'autres groupes en concert, de les rencontrer... Tout le contraire de THERAPY?, un combo éminemment sympathique.


Il y a 20 ans, le Hellfest n'existait pas et notre adolescence était marquée par les articles sur ces grandes cérémonies que furent les Monsters of Rock à Donington. Dire que ça fait maintenant 10 ans qu'ils existent à deux pas de notre tendre Vendée. Et en 1995, donc, juste avant Metallica et après Machine Head, White Zombie (le vrai!), Slash, Slayer, Skid Row (le vrai!) y a joué Therapy?. Le groupe irlandais était à l'apogée de sa carrière. En 2014, leur album à succès Troublegum a 20 ans et représente toujours la moitié de la setlist. Knives et Trigger Inside arrivent vite dans la setlist. Plus tard, Die Laughing est dédicacé à Kurt Cobain et Dimebag Darell. Cet hommage témoigne bien de leur place entre le monde du rock alternatif et du metal. Le bassiste joue également dans un groupe de black metal du nom de Evil Priest. Même s'il y a un musicien additionnel légèrement en retrait à la guitare et au clavier, Therapy? est l'incarnation même du power trio. On regrette cependant qu'Andy Cairns soit un peu trop excentré sur scène ce qui laisse un grand espace à Michael McKeegan qu'il ne comble pas tout à fait malgré les efforts. Sous cette formation, le groupe se rapproche visuellement de Danko Jones voire même de Prong. Les Irlandais ont aussi tout compris d'un set de festival metal. Ils lancent une version plutôt réussie du Breaking the Law de Judas Priest quelques minutes après leur traditionnelle cover du Isolation de Joy Division. Best of both worlds. La température est encore montée avant leur tube Nowhere. Nous allions bien quelque part à l'époque de ce single ... au lycée!


Sous la tente des musiques extrêmes et sulfureuses et les scènes Altar et Temple, le festival fut lancé par le concert de Loudblast dès 15:10. En effet, il y avait foule en ce début d'après midi. La tente n'était pas tout à fait "blindée" comme on a pu l'entendre. Si les spectateurs amassés à l'entrée de celle-ci peuvent donner cette impression, on était plutôt à l'aise de l'autre côté. Mais il est indiscutable d'affirmer que le groupe français, légende de la scène depuis la fin des années 80, était attendu. Depuis deux ans, le leader du groupe Stéphane Buriez est en quelque sorte l'image médiatique du style en France avec la présentation d'Une Dose de Metal tous les jeudis soirs sur L'Enorme TV. De plus, Loudblast a publié au printemps un très bon nouvel album Burial Ground. Les hostilités commencent d'ailleurs avec un extrait de celui-ci A Bloody Oath. On retrouve ce chant malsain sur des couplets plutôt lents et lourds et des envolées mélodiques ou thrashy pour les passages instrumentaux. Stéphane Buriez a d'ailleurs eu le nez creux d'enrôler le jeune Drakhian à la guitare lead. Celui-ci est très à l'aise en rythmique et en solo. Si le récent From Dried Bones prouve que les musiciens sont à l'écoute d'une scène metal en évolution, ce sont les plus anciens My Last Journey, The Horror Within et bien sûr leur "tube" Cross the Threshold qui remportent le plus de suffrages.


Au début des 90's justement, Loudblast avait tourné avec Death puis s'était reformé pour le concert hommage à ce groupe en 2002 après la mort du charismatique leader Chuck Schuldiner. Le jour où nous avions appris la mort de Chuck Schuldiner le 13 décembre 2001, j'ai le souvenir d'un Blackdave dans tous ses états dans les coursives de la fac de Nantes. Personnellement, c'est davantage avec le recul que l'héritage musical de l'artiste américain prend toute son importance. De 1987 à 1998, il a défini les fondations du style, révélé des jeunes artistes.. Depuis quelques années, ces anciens partenaires (même s'il était le seul maître à bord) ont décidé de célébrer ce patrimoine au sein de DEATH TO ALL, à l'affiche au Hellfest juste après Iron Maiden et en même temps que Slayer. Gene Hoglan ne sera à Clisson que le dimanche avec les affreux Dark Angel. C'est le line up de l'album Human (publié en 1991) qui est sur scène pour commencer le concert : Sean Reinert, Paul Masvidal, Steve DiGiorgio. A cette époque, les deux premiers, batteur et guitariste, avaient 20 ans et avaient fondé Cynic. Ce groupe a sorti également un fabuleux nouvel album début 2014 et c'est donc l'occasion de revoir sur scène ces monstres de technique. Même si c'est plus DiGiorgio le porte parole de ce tribute band, la présence de Max Phelps est assez troublante tellement la ressemblance avec Schuldiner est frappante.


Ce jeune musicien a aussi fait partie de Cynic pour lequel il assurait aussi la deuxième guitare et le growl. En tout cas, l'interprétation est assez impressionnante sur Suicide Machine par exemple. Sur d'autres titres, Max Phelps se contente de la guitare, Reinert et Masvidal quittent la scène pour laisser place aux musiciens d'Obscura (groupe allemand plus qu'influencé par la musique de Death). Des problèmes de son et une attitude moins charismatique gâchent un poil le plaisir même si les riffs de Symbolic sont toujours très efficaces. Le retour de Masvidal sur Pull the Plug n'en fut que meilleur. Dans la foulée, Enslaved a eu du mal à rivaliser. Le chant clair des titres de Riitiir est bien plus agréable que les cris du bassiste. C'est malgré tout sympathique de voir Ice Dale dans d'autres circonstances qu'avec nos chouchous d'Audrey Horne. Mais bon.. Les plus courageux sont restés pour assister au pillage en règle de la Warzone par les furieux Norvégiens Kvelertak. Sinon, pour cette première journée, une règle du Hellfest s'applique toujours. Si tu ne sais pas où te diriger, prend la highway vers la Valley, tu passeras forcément un bon moment. On se souvient toujours du premier concert du week-end. Celui des horribles Crossfaith ne restera pas gravé dans nos mémoires contrairement à la surprise CASPIAN. A l'heure du déjeuner, le groupe de Boston nous a bien bercé de ses longs titres instrumentaux. Le nom d'Oceansize est revenu dans certaines bouches et oreilles à juste titre. Il ne fallait pas quitter la tente avant la fin. Sur le dernier morceau, Sycamore, les trois guitaristes délaissent leurs instruments pour accompagner le batteur aux percussions. Un final tribal conclu par le bassiste qui coupe le son émanant des pédaliers. Une belle surprise. A 16h, on réalise une fois de plus que le style s'est drôlement féminisé. Kylesa a joué plus tard (en même temps que Sepultura..) mais ROYAL THUNDER séduit également avec cette fusion entre riffs du désert et chant féminin haut perché, très mélodique de Miny Parsonz. Le groupe vient de Savannah comme Baroness que l'on espère bien voir l'an prochain. En 2013, c'était Uncle Acid and the Deadbeats qui avait été consacré sous la Valley. Cette année, considérant que Clutch est désormais hors catégorie, la palme du plus beau succès pourrait bien revenir à KADAVAR. Les Allemands, cauchemar de tous les coiffeurs et barbiers, se sont appuyés sur leurs deux premiers albums avec talent. La motivation devait certainement être grande devant une telle adhésion de la foule. On signale aussi la performance impressionnante de leur batteur Christoph "Tiger" Bartelt au jeu très très visuel. 


 Photos : Hellfest.fr

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London