Hellfest 2014 - Day 2

CLUTCH n'en est pas à son premier Hellfest. On les avait vu en plein après midi sur la Main Stage devant un public très clairsemé. Puis, ils avaient déjà terrassé la Valley. L'an passé, ce devait être la consécration quelques mois après la sortie de leur nouvel album Earth Rocker. Nous avions vu le groupe aux premières loges de la Maroquinerie en janvier 2013 et devions transformer l'essai à Clisson. Mais à la suite du décès du père de Neil Fallon, le groupe était rentré aux Etats-Unis. Ce n'est que partie remise. Et Dieu que le groupe est attendu. La Valley est blindée de chez blindée. Nous adressons toutes nos excuses à Status Quo, Protest the Hero mais impossible d'attendre la fin (voire le début) de leur set pour se caler dans la chaude fosse de la Valley. Et The Mob Goes Wild!!!! "Please allow me to adjust my pants so that I may dance the good time dance". En effet, the mob went "wild wild wild" et dansa une heure durant sur les hymnes de Clutch désormais au Panthéon des groupes de rock. 


Dan et Tim sont toujours aussi discrets de chaque côté de la scène mais Jean-Paul a toujours ce classe de jeu de batterie. On aime aussi tant quand Neil Fallon joue au prédicateur barbu micro au poing. Clutch en a bien conscience et les titres de Earth Rocker sont pensés dans ce sens. Le morceau éponyme est un des grands classiques de ces dernières années. The Face résume bien le statut acquis par le groupe aujourd'hui : "Kings, Hammer and Throne" et le force de la musique live "Uncounted Les Pauls ascend to the sky. Where there was darkness. Now only light!". Après un Gravel Road toujours impeccable, le groupe enchaîne à toute vitesse sur un Crucial Velocity sans sortie de route. Quand Neil Fallon empoigne la guitare, l’accueil est toujours chaleureux. On sent bien que l'on a affaire à un public de fans qui suivent le groupe depuis longtemps et l'accompagnent vers les sommets, tout en s'amusant comme des fous. Neil annonce que le groupe va bientôt entrer en studio et lance Sidewinder, un nouveau morceau. Celui-ci est dans la lignée d'Earth Rocker avec des couplets au flow rapide puis un refrain qui s'impose bien, entrecoupés des breaks instrumentaux marqués du sceau Clutch. Très prometteur. Quand Neil nous sort l'harmonica et la cowbell, nous comprenons que le décollage vers D.C. (Sound Attack) est imminent. Dans la carrière d'un groupe, certains morceaux s'affirment comme des tubes incontournables qui retournent la foule à chaque concert. C'est le cas d'Electric Worry. La Valley reprend comme jamais les "Bang Bang Bang Bang Vamanos Vamanos Vamanos!!". Clutch n'est pas un groupe qui nous le fait à l'envers. Les musiciens nous promettent le Mississippi et nous y sommes. One Eye Dollar conclut comme d'habitude cette effervescence avant que Neil Fallon reprenne sa posture de prophète sur leur dernier single en date The Wolfman Kindly Requests.. "Party's over you all got to go. The Wolfman is coming out". Idéal pour terminer un set! 


Dans la foulée, c'est Soulfly sur la Main Stage. En effet, le loup garou a du manger deux, trois, dix festivaliers.. Max Cavalera se permet un petit aller retour sur l'avancée scénique. Contrairement à la scène de Soilwork le lendemain, elle a tenu. Dans cette foule immense, il est à nouveau possible de se positionner plutôt près de la scène pour DEEP PURPLE. Que ce concert a fait du bien. Un certain ras le bol des postures metal déclinées par tous les groupes de cette scène (et des autres) au fil de la journée s'était installé. Les groupes de jeunes n'ont pas rameuté tant de monde que ça (à l'exception de Dagoba qui a vraiment tout cartonné) donc place aux plus anciens. Et je le répète ça fait du bien. L'interprétation instrumentale de Deep Purple fut vraiment remarquable. Roger Glover, Ian Paice et Steve Morse jouent depuis (très) longtemps ensemble et Don Airey remplace avec classe et talent le regretté John Lord. Dans un festival qui revendique le fait de réunir toutes les chapelles du metal, le prog est plutôt oublié et nous nous rattachons donc à ces sons de synthés, ces rythmiques compliquées, ces solis de guitare (Perfect Strangers). Ian Gillian est lui plutôt à la cool. 


Il a vissé ses Ray Ban violette (forcément) sur le nez, porte un t-shirt violet (aussi) sans manche pour prendre le soleil. Il est tout à fait conscient de ses limites et n'en fait pas des tonnes. Le groupe ne vit pas sur ses acquis et a publié l'an dernier un bel album. Il entre en scène sur Après Vous. Uncommon Man fut joué par la suite. "It's good to be a king" rappelle Ian Gillian. Deep Purple ne choisit donc pas la facilité. Il pioche ensuite dans In Rock pour Into the Fire et Hard Lovin' Woman. Ils en avaient visiblement des choses à dire sur les femmes et enchaînent sur le toujours efficace Strange Kind of Woman. Bien sûr, les festivaliers sont en nombre pour vibrer au son des hymnes de Machine Head. Lazy et Space Truckin' sonnent avant que la communion ait bien entendu lieu sur Smoke on the Water. Ce classique parmi les classiques interprété à la tombée de la nuit devant 50000 spectateurs conquis restera définitivement comme un des grands moments de l'histoire du Hellfest. Hush et Black Night finiront le travail. Les "Na Nanana Nanana Nanana" restent gravés dans la tête en attendant Aerosmith.


En 1993 sortait Get A Grip qui a connu un sacré succès en France ce qui n'était pas rien pour un groupe né en 1970. Certains ne les avaient pas vu depuis cette époque, nous depuis 2007. Nous pensions à l'époque que ça pouvait être l'unique occasion. Mais les héros sont éternels. AEROSMITH remplit parfaitement le contrat d'une tête d'affiche de festival jouant pour le public. Steven Tyler a passé son temps sur l'avancée scénique, rejoint régulièrement par Joe Perry. Des cameramans accompagnent les deux toxic twins souvent en gros plans donc sur l'écran géant de fond de scène. Le groupe est là pour le show traversant toutes les époques et donc tous les tubes. La moitié d'entre eux ont été publiés dans les années 1970 et Joe Perry semble le plus déterminé pour interpréter ses riffs légendaires. Steven Tyler avait bien envie de dire deux mots à la foule avant Mama Kin (on approchait de la fin du set) mais Joe Perry ne lui laisse pas la parole et laisse sa guitare "do the talking". Rats in the Cellar, No More No More, Last Child sont des morceaux publiés sur leur récent dvd live enregistré au Japon et furent joués à Clisson tout comme Back in the Saddle, Same Old Song and Dance et bien sûr Walk This Way. Steven Tyler assure parfaitement le spectacle. Il est né pour ça, avec ou sans moustache. Il est certes un peu court sur le refrain de Cryin' et il y a quelques bandes pour Dude (looks a lady), Eat the Rich (génial) ou Livin' on the Edge mais il vaut mieux ça que de faux backing vocals comme Mötley Crüe. Les morceaux de Pump et Get a Grip ont le plus d'écho dans le public avec sûrement la reprise des Beatles, l'impeccable Come Together. Les mobile phones scintillent également pendant l'ultra ballade I Don't Want to Miss a Thing. Et on sourit encore en repensant à la scène backstage pendant Livin' on the Edge : Steven Tyler pousse les dames de Lez Zeppelin et Nuno Bettencourt à l'accompagner sur le "you can't help yourself" du titre. Gary Cherone se la joue selfie des oscars voulant absolument se montrer sur la photo (Nuno tire la langue, Gary tire la langue) mais c'est bien Nuno qui a eu droit à la bise de Steven. Aerosmith bénéficie bien sûr de rappels. Il faut juste laisser le temps aux techniciens du groupe d'installer un joli piano blanc sur l'avancée au milieu du public. On l'a bien sûr deviné : Steven Tyler commence donc le magnifique Dream On, le Stairway to Heaven d'Aerosmith. Joe Perry le rejoint pour jouer son solo debout sur le piano. Steven Tyler prend aussi de la hauteur pour l'apothéose du titre entouré de colonnes de fumée. Superbe. En 40 ans de carrière, Tom Hamilton aura écrit une ligne de basse légendaire, celle de Sweet Emotion. Il a ainsi droit à son moment de gloire sur l'avancée scénique. Le concert se termine dans un nuage de confettis. Même si le groupe n'a plus grand chose à proposer en studio (le Freedom Fighter chanté par Perry était malgré tout sympathique), ses musiciens n'ont pas du tout envie de prendre leur retraite. La lumière des projecteurs donne un si beau teint.


Deux autres groupes phares des années 90 n'ont pas été aussi brillants. Skid Row n'est que l'ombre de lui même. Quel intérêt de continuer avec un chanteur qui n'est pas capable de tenir les notes de leur répertoire ? Autant demander au frontman de Steel Panther de faire des piges à l'occasion. Extreme a bénéficié d'un son de batterie épouvantable, d'un son de guitare acoustique incroyablement criard et le chant manquait de gain.. C'est certain que Nuno Bettencourt est très impressionnant quand il part en solo. On l'a bien compris sur Play with Me. The Flight of the Wounded Bumblebee n'était vraiment pas nécessaire. De toute façon, en 1991-92, je n'écoutais pas Extreme mais les Guns n' Roses. Et s'il y a une star qui a toujours une classe folle c'est bien Duff Mc Kagan.


L'artiste a récemment rejoint Guns N' Roses sur scène en Amérique Latine et aux Etats Unis. Et il a aussi l'air de prendre beaucoup de plaisir avec son nouveau groupe WALKING PAPERS. Nous les avions découvert sur scène en novembre dernier à Londres en première partie d'Alice in Chains. Leur premier album est un diamant de rock alternatif boosté par la rythmique de Duff et de l'ex Screaming Trees Barrett Martin et illuminé par les mélodies de Jeff Angel. Leur prochain disque ne devrait pas tarder. De nouveaux titres sont joués sur cette tournée européenne leur promettant un bel avenir musical. Le groupe joue en début d'après midi et propose une parfait alternative à la surenchère de pose et de décibels de ce week-end en enfer. Très proche de la scène, on ne sait d'ailleurs pas où donner de la tête. Duff groove comme jamais et nous toise en permanence. Jeff vit les morceaux avec intensité et assure toutes les parties de guitare, rythmique et lead. Sur Red and White, il rejoint d'abord timidement l'avancée avant de se l'approprier et descendre dans le public. La sensation est garantie. Le groupe peut même se permettre de ne pas jouer leur tout premier single The Whole World's Watching pour finir sur d'autres excellents morceaux comme Your Secret's Safe With Me, Capital T ou Two Tickets and a Room. Un grand moment!


 Photos : Hellfest.fr

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