Hellfest 2014 - Day 3

Impossible de lire une deuxième histoire de Oui-Oui (spéciale dédicace) au petit déjeuner. Après deux jours de chaleur et poussière, une grasse matinée aurait été bien méritée mais nous avons pas le temps pour ça. Comme pour des milliers de festivaliers, le réveil musical est prévu pour 11:05 avec BLUES PILLS. L'histoire de ce groupe a tout du conte de fée. Elin Larsson, jolie suédoise à la voix puissante, fait la connaissance de Zack et Cory lors de ses études dans l'Iowa. Signé par la suite sur un label suédois, ils ont grandement besoin d'un guitariste et leur vient l'idée de proposer le poste à un jeune français de 16 ans Dorian Sorriaux. Au cœur d'un festival où les anciens sont toujours glorieux, c'est aussi un vrai plaisir de découvrir en live de jeunes talents. Et c'est sûr qu'il n'en manque pas. 
 

Elin puise dans la soul, le blues et adolescente, elle fut même recrutée par des camarades de classe pour reprendre War Pigs. L'alchimie Blues Pills naît donc et les musiciens comprennent que c'est par la scène que leur groupe existera. Le groupe tourne avec Kadavar en Allemagne et a l'occasion de jouer pour la célèbre émission de télévision Rockpalast. Le EP live de cette date est sorti en mars dernier. Une longue tournée française avait été programmée en avril mais finalement annulée en raison de problèmes de santé. Leur premier véritable album sortira en juillet prochain mais déjà plusieurs titres sont disponibles. Le groupe est donc très attendu au Hellfest. Nous n'avions peut-être jamais vu autant de monde dès 11h devant une Main Stage. Chacun apprécie à sa juste valeur ces envolées bluesy, psyché. High Class Woman et Devil Man sont déjà des classiques. L'intro à capella de Devil Man donne des frissons. Elin est promise à une grande carrière de chanteuse si elle parvient à éviter tous les requins malintentionnés et que Blues Pills réussit à garder cette beauté instrumentale menée de main de maître par leur jeune adulte de guitariste. Le son de sa Gibson nous nettoie les oreilles victimes pendant trois jours des assauts d'ingénieurs du son convaincus qu'un concert du Hellfest doit être très fort. On est aussi touché par leur attitude un poil maladroite quand il faut quitter la scène devant la première grande ovation de leur longue carrière. Le groupe a aussi tourné avec les Allemands de ZODIAC et c'est eux qui ont marqué les esprits dès 13h sous la Valley cette fois-ci.


Sous ses faux airs de Francis Lalanne, Nick Van Delft est le leader d'un superbe groupe de blues rock. On peut jouer sous la Valley sans être ni sludge, ni stoner ni ce que vous voulez. Zodiac est tout simplement un groupe de rock qui vient de sortir le très bon The Hiding Place. Au cœur de celui-ci, les musiciens y reprennent Cortez the Killer de Neil Young. Leur version live est remarquable, soutenue par de superbes solis de Nick. Leur premier album (A Bit of Devil) proposait aussi de longues pièces aux mélodies remarquables et aux longues joutes instrumentales comme Coming Home qui termine un set qu'on aurait aimé bien plus long. Blues Pills et Zodiac sont les révélations de cette édition 2014. On oublierait presque Scorpion Child. Leur set 70's était bien joué conclu par leur single Polygon of Eyes mais la couronne du classic rock risque de leur échapper pour Rival Sons par exemple que l'on espère sur scène bientôt. Le Hellfest s'est presque joué ce dimanche entre 11h et 13h30. A "l'heure de l'apéro", il y avait LOFOFORA sur la Main Stage. Maintenant qu'il devient de plus en plus difficile de croiser les amis sur le site du festival étant donné l'affluence, cela fait toujours plaisir de voir des têtes connues sur scène. 


Reuno et ses compères balancent d'entrée L'Oeuf, hymne anti raciste des années 1990 dont les paroles sont toujours d'actualité. Il faudra d'ailleurs bien profiter de ces bons souvenirs avec Justice pour Tous, Les Gens ou Le Fond ou la Forme. Le groupe sort un nouvel album en septembre et nous interprète trois titres. Lofofora est toujours vénère. Ce n'est pas facile de comprendre les textes de Reuno en live mais les riffs bien metal se succèdent sur L'innocence ou Pornolitique. Le groupe nous prend aussi par surprise en annonçant l'arrivée de Maxime Musqua. L'humoriste qui relève des défis dans Le Petit Journal déboule avec bandana, veste en jean et eyeliner pour nous "faire des câlins". Et le voilà qui se jette sur la foule pour terminer dans un circle pit poussiéreux mais bien rigolo sur Elixir. Cette scène qui avait lieu à deux mètres de nous a fait l'objet de trente secondes dans son sujet le lendemain sur le festival. Mais le moment fut bien sympathique. Reuno perd un peu le fil du concert. "On joue trente minutes histoire de dire qu'on est passé". Il annonce un nouveau titre Tsarine, brûlot keupon d'une minute trente pour terminer le concert alors qu'il reste bien cinq minutes. C'est dans ce flou que Lofo quitte la scène. Reuno n'a à ma connaissance pas rejoint les Tagada Jones sur la Warzone en milieu d'après midi. Le groupe ne voulait sûrement pas donner l'impression de refaire le Bal des Enragés même si Reuno ou Buriez sont invités sur leur nouvel album. Ils se contentés d'enchaîner les hymnes rageurs devant un large public consentant. Pas sûr que le flot incessant des slammeurs soit venu pour la force de leurs textes mais bon sous cette chaleur il y avait d'autres priorités. Seether jouait en même temps qu'eux mais malheureusement la saleté associée au grunge s'est appliquée au son et Shaun Morgan est plutôt poussif (et méconnaissable) sur leur tube Remedy. Ce fut le début de la traversée du désert. Vraiment pas fan d'Angra version Fabio Lione (à part peut être une pointe de nostalgie sur Lisbon), encore moins d'Alter Bridge, Annihilator, House of Broken Promises, Mad Sin et encore encore moins de Dark Angel et de la souffrance Behemoth, l'attente fut longue (et chaude) avant Soundgarden. Mais elle en valait la peine.


Nous étions heureux il y a quelques années de voir sur scène Chris Cornell au micro dans Audioslave mais sa place est dans son groupe SOUNDGARDEN. Calé proche de la scène, avec des pianissimo qui font merveille, c'est parti pour une heure de grand plaisir rock. Leur nouvel album King Animal ne m'avait pas vraiment plu l'an passé mais il n'est pas présent dans la setlist. Le groupe américain célèbre les 20 ans de leur album à succès Superunknown mais n'oublie pas les titres plus sombres et lourds de son répertoire comme Searching For My Good Eyes Closed et Beyond the Wheel. Ils ouvrent et terminent leur concert avec ces morceaux qui raviront les fans plus pointus. Cornell chante remarquablement et il n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour dégager un sacré charisme. La remarque se décline aussi pour Kim Thayil nonchalant mais impeccable à la guitare et pour Ben Shepherd qui densifie le son de ses lourdes lignes de basse. La référence des session drummer Matt Chamberlain fait aussi merveille sur la rythmique de Jesus Christ Pose. Le génial Badmotorfinger fut publié en pleine vague grunge mais, comme Alice in Chains et Pearl Jam, Soundgarden a toujours apporté plus. On vibre sur le riff de Rusty Cage (générique de Blah Blah Metal à l'époque, émission de Francis Zégut sur MCM) ou les arrangements de Outshined. Mais le grand succès du groupe en France et partout en ailleurs fut Superunknown. Un concert qui nous offre Spoonman, Black Hole Sun, My Wave, The Day I Tried To Live et Fell On Black Days devrait être remboursé par la Sécurité Sociale. Pas particulièrement de communion collective mais un immense plaisir personnel. Soundgarden assure en ce moment la première partie de la tournée de Black Sabbath avant de tourner aux Etats-Unis avec Nine Inch Nails. OMG quelles affiches!


A la nuit tombée, juste avant Black Sabbath, c'est Emperor qui a hérité de cette place de choix. Sans tous les artifices ridicules de Behemoth, Ihsahn donne une leçon de black metal pour fêter les 20 ans de In The Nightside Eclipse. En tout cas, avec une telle programmation, le Hellfest est toujours le festival des musiques extrêmes. Il n'a pas vendu son âme au diable ou en tout cas il l'a fait depuis longtemps. Toutes mes excuses pour Paradise Lost, Soilwork mais encore une fois, il fallait se caler près de la scène avec les pianissimo dans les oreilles pour bénéficier de l'ambiance et d'un son remarquable pour le concert des pionniers absolus : BLACK SABBATH. Et désolé pour Opeth mais après eux l'herbe ne repousse pas!


Je vais être clair d'emblée. J'ai adoré ce concert. Peut-être parce que je chantais tout (et mes voisins aussi), je n'ai pas perçu certaines faussetés dans le chant d'Ozzy sur War Pigs. Mais je reste assez persuadé que le positionnement face à la scène, la proximité ou l'éloignement  de celle-ci changent aussi la perception d'un concert. Et puis Ozzy est égal à lui même. Il a toujours l'âge mental d'un enfant de 7 ans ("cuckoo!"). Même jeune, il avait cette démarche maladroite, cette posture courbée, ce regard halluciné.. Mais quand il demande de balancer les mains et de crier pour lui, on s'exécute. Et pour l'avoir vu trois fois ces dernières années, il n'a pas paru moins en forme, juste un poil déstabilisé sur le nouveau morceau Age of Reason. Nous avions déjà vu Tony Iommi avec Geezer Butler au Hellfest avec Heaven and Hell et Geezer Butler avec Ozzy également. Il y a deux ans, ce Black Sabbath réunifié devait headliner le Hellfest mais Tony Iommi est tombé malade. Sa guérison est sûrement difficile et fragile mais on peut penser que quelque part ce nouveau projet d'album avec Ozzy et les concerts qui suivirent ont participé, ne serait-ce que psychologiquement à lui faire remonter la pente. Alors quand le grand Tony Iommi nous délivre les riffs de War Pigs, Into The Void, Snowblind en début de set, il faut juste apprécier. Le sommet reste le titre à l'origine de tout : Black Sabbath. L'interprétation collective est à tomber et les frissons garantis. Après Beyond The Wall Of Sleep, l'intro de basse de N.I.B. nous confirme que Geezer est l'un des plus grands bassistes de l'histoire. Quelle force dans ses doigts. Et puis depuis des années, sous la Valley, nous avons droit à des groupes qui revendiquent musicalement l'héritage de Black Sabbath. C'est donc avec délectation que l'on savoure les tables de la loi du style : Fairies Wear Boots. Ozzy, la plupart du temps un grand sourire aux lèvres, dédicace ce titre à Tommy Clufetos, batteur de cette ultime incarnation du groupe. Introduit par des notes de Rat Salad, il se lance dans un solo absolument monstrueux. On connaissait le bonhomme pour l'avoir vu sur scène avec Ozzy mais on réalise à quel point il booste la performance. Heureusement que le groupe n'a pas renoué avec Bill Ward et qu'ils ont confié les fûts à Tommy Clufetos, quitte à le relooker façon Ward 70's. On peut même regretter qu'il ne joue pas sur leur nouvel album à cause d'une énième idée fumeuse de Rick Rubin lui préférant Brad Wilk pour l'enregistrement. Le show décolle encore avec Iron Man incarné plus que jamais par Tony Iommi. Le nouveau morceau God is Dead? passe plutôt mieux en live que sur disque. Children of The Grave dynamite la fin du set. Black Sabbath nous joue sa setlist de festival donc bien plus courte que les horaires annoncés par le Hellfest (comme pour plusieurs autres concerts du jour). Aussitôt sorti de scène, Ozzy rappelle son public. Ozzy est trop âgé pour qu'on le change mais n'essayez jamais! Paranoid fut donc la fête ultime de cette édition 2014 du Hellfest! 


Photos : Hellfest.fr / Presse Océan (Blues Pills)

Commentaires

  1. Cool reports ... Dommage qu'on se soit pas plus vus lors de cette édition, ca devient difficile de se voir sur le site. A bientôt

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  2. nice reports (Oui-Oui au Hellfest)

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