Primavera Sound - Day 3 - Barcelona - 31/05/2014

C'est la dernière occasion de passer le portique du Primavera pour une journée qui s'annonce longue et éclectique.


Sous le beau soleil de Méditerranée, c'est l'occasion de se balader d'une scène à l'autre : Vice, Pitchfork, Ray Ban Unplugged, ATP... Il est ainsi possible de découvrir La Sera, Single Parents, Courtney Barnett, Superchunk ou encore Fuckin' Bollocks. La guitare en avant est le point commun de tous ces groupes. Même si les amplis ne sont pas à 11, le Primavera est bien un festival de rock et ça fait du bien. Et tant pis pour Macaulay Culkin qui a annulé le concert de son nouveau groupe The Pizza Underground. Il a du encore rater l'avion!




En face de la scène Ray Ban est disposé une grande tribune qui domine la mer et est bien ensoleillée. Pour les concerts diurnes, le public se pose autant sur celle-ci que dans la "fosse". On peut ainsi découvrir les spécialités culinaires et viticoles espagnoles tranquillement bien posé pendant le concert des sympathiques ISLANDS. Les Québecois d'origine, potes d'Arcade Fire, s'appuient sur les titres rock psyché de leur nouvel album Ski Mask. L'espace backstage artistes-v.i.p. est tout près, au bord de la mer. Les musiciens en ont sûrement bien profité tellement le chanteur Evan Gordon est jovial. "My favorite movie is Rain Main. So happy to play on the Rain Man stage!". Il s'inventa aussi plein de noms de groupe. Une découverte agréable que cet archipel musical. Alors que l'esplanade des main stages commence à s'animer, certains ont délaissé Spoon pour s'éclater avec le vétéran CAETANO VELOSO.




Le musicien brésilien a 71 ans et est un des artistes les plus reconnus dans son pays. A la fin des années 1960, il fut à l'origine du mouvement Tropicalismo avec Gilberto Gil pour lequel ils furent persécutés et poussés à l'exil par la dictature brésilienne. En 2014, le grand monsieur s'éclate sur scène et c'est sûrement l'un des concerts du festival qui a occasionné la plus belle ambiance festive. Les festivaliers dansent sous le soleil couchant, tapent dans les mains à la demande de Caetano Veloso bien à fond. On aura même droit à un rappel sur A Luz De Tieta. Les spectateurs ne se font pas prier pour reprendre en chœur le "eta eta eta" du refrain. Dans la foulée, il est difficile de se concentrer sur les ambiances sombres de Godspeed You! Black Emperor  qui investissent sur de longues nappes sonores la proche scène ATP. Le début de leur concert coïncide (est-ce vraiment un hasard?) pile avec la tombée de la nuit. Rejoignons plutôt l'espace des Main Stages pour le set de VOLCANO CHOIR, l'autre groupe de Justin Vernon aka Bon Iver (invité la veille sur la scène de The National).


La superstar des hipsters est placé debout derrière un espèce de pupitre qui reprend comme le backdrop la pochette de leur nouvel album, Repave, sorti l'an passé. Son guitariste Chris Rosenau joue souvent assis derrière lui. Le set s'articule principalement autour du dernier album. Les ambiances sont éthérées et plutôt jolies grâce à la voix grave de Justin Vernon. Le morceau Almanac nous permet d'apprécier une gamme vocale plus large, plus aigüe ce qui varie les plaisirs. On note également que cette scène indie par excellence manie très bien les arrangements. On a tendance à associer ces groupes à des guitares acoustiques folk mais les rythmes électroniques sont très présents. Une (nouvelle) belle découverte. Changement total d'ambiance désormais (merci encore et encore Primavera) avec l'arrivée de la nouvelle star du hip-hop US : KENDRICK LAMAR.


Force est constater que pleins de jeunes spectateurs connaissent toutes les paroles par cœur. C'est peut-être le concert du festival où l'artiste va le plus solliciter la foule : "hands up" dans tous les sens et des "battles" d'ovation entre les deux côtés de la fosse, très bien remplie. Ce cher Kendrick est accompagné d'un "vrai" groupe aux couleurs du Barça. L'expression musicale me rappelle le concert de Peeping Tom à l'Elysée Montmartre en 2006 avec Mike Patton et Rahzel. Quasiment tout son set repose sur son dernier album good kid, m.A.A.d. city qui s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires. Kendrick Lamar est une superstar et ça s'entend pas mal sur les tubes Bitch don't kill my vibe (qui à l'origine devait être un duo avec Lady Gaga), Swimming Pools et surtout le puissant m.A.A.d city et ses "yawk! yawk! yawk! yawk!" qui claquent bien. L'artiste n'oublie pas certains codes du hip hop et finit par un bon ego trip qui rappelle son parcours sur le morceau Compton du nom de la ville en banlieue de L.A. d'où il vient et plutôt "réputée" pour la violence de ses gangs. Kendrick nous promet qu'on se reverra bientôt et quitte la scène plutôt subitement. C'est aussi le concert le plus court pour une tête d'affiche lors de ce festival. A revoir ici. Dirigeons nous une dernière fois vers la Sony Stage pour le show très attendu de NINE INCH NAILS.


Le groupe a beaucoup changé depuis que je les ai vu la dernière fois dans la fournaise du Zénith de Paris sur la tournée With Teeth en 2005. A cette époque, Robin Finck campait un guitar hero raëlien avec les Guns n' Roses avant qu'il rejoigne le bercail Nine Inch Nails en 2008. Mais NIN est resté en sommeil de 2009 à 2013. Pendant ce temps, Trent Reznor est devenu une star hollywoodienne avec les bandes originales des films de David Fincher et a plutôt délaissé les guitares. L'an passé, le groupe faisait un retour discographique avec le très électronique Hesitation Marks. Pour comprendre et apprécier cet album, rien de mieux que de voir le groupe sur scène. Cette nuit là, à Barcelone, j'ai peut-être entendu le son le plus parfait qu'on puisse entendre à un concert. La mise en place est très impressionnante soutenue par des lights absolument fantastiques. Dans son groupe, le costaud Reznor a recruté, depuis 2008, Ilan Rubin. A la base, il était là pour remplacer Josh Freese à la batterie ce qui n'est pas une mince affaire mais nous le verrons aussi en concert passer de la guitare aux synthés, de la basse à la batterie avec une facilité déconcertante. Son groupe The New Regime a publié son très bon nouvel album Exhibit A l'an passé. Reznor est je le répète très affuté et il sait s'entourer, avec donc Robin Finck, Ilan Rubin mais aussi Joshua Eustis (Telefon Tel Aviv) et le fidèle Alessandro Cortini, digne successeur de Charlie Clouser. Quelle dream team! Le concert commence autour des machines (pour lesquelles Robin Finck excelle également) sur Me I'm Not, Copy of A (bluffant) ou The Day the World Went Away. Mais cette année, le groupe fête les 20 ans de The Downward Spiral et interpréta Reptile, March of the Pigs (mais quelle claque!) enchainé logiquement à Piggy, Closer toujours aussi malsain et en rappel Hurt, où Reznor est accompagné par tout le groupe dont une subtile rythmique de Robin Finck à la guitare. Dommage pour ce dernier titre que le son soit gâché par des bavardages intempestifs tout autour.. Des titres plus anciens comme Wish, Gave up, Head like a Hole accompagnent des classiques plus récents tel The Hand that Feeds, Survivalism ou Came Back Haunted mais toujours avec cette science ultime de la puissance maîtrisée.


A 2h du mat', certains terminent leur Primavera, d'autres vont voir les Foals (qui commencent leur concert avec une intro électro et des guitares absolument ridicules après NIN) et la plupart sont partis danser avec Chromeo puis Cut Copy ou Dj Coco. Difficile de s'intéresser à quoi que ce soit après la démonstration de la bande à Reznor. L'an prochain, le festival fêtera ses 15 ans. On attend le programme avec impatience.


Photos (groupes) : Dani Canto, Eric Pamies
Texte, photos, courtes vidéos : Cyrille Blanchard

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