Post-Picasso Reaccions contemporanies - Museu Picasso - Barcelona

"Mais vous ne verrez pas de tableau de Picasso ?" "Non non juste l'exposition temporaire". "...." Cette collection permanente n'ayant pas laissé un grand souvenir il y a quelques années, la longue file d'attente mène donc plutôt vers les œuvres d'artistes contemporains influencés par Pablo Picasso. Cette exposition a réussi à réunir de grands noms comme Andy Warhol, Basquiat, Maurizio Cattelan ou encore Banksy dont l'oeuvre est dans la cour du musée. Les salles s'organisent selon les différents temps de la carrière artistique de Picasso. Les artistes cités plus haut mettent en perspective la réputation acquise par le peintre plus que l'écho de ses derniers travaux. Son portrait aurait alors plus d'importance que ses peintures ? En tout cas, si Basquiat représentait Picasso c'est aussi car il admirait son style et sûrement son audace. Et le dessiner jeune est aussi une référence au succès précoce que connut Basquiat. Malheureusement, le peintre américain n'a pas eu la même longue carrière.

La salle la plus intéressante à mes yeux fut celle sur la période bleue. L'artiste brésilien Vik Muniz réinterprète un tableau de 1904 : "La repasseuse" (ici). A l'époque, Picasso peignait des personnages issus des classes populaires, à la marge de la société industrielle. Woman Ironing de Muniz s'inscrit dans un tout autre contexte, celui de son pays. L'artiste réalise des œuvres de grande dimension qu'il photographie. Il utilise également des matières premières placées délicatement pour y faire apparaître des personnages. En ce moment à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, nous pouvons découvrir plusieurs de ses Sugar Children en descendant l'escalier qui mène à l'étage inférieur. Comme vous l'avez compris, de souriants visages de jeunes Brésiliens, travaillant dans les exploitations des Antilles, se dessinent dans une étendue de sucre. A travers sa jeune histoire d'artiste, il a aussi utilisé le coton (aussi à la Fondation Cartier), le chocolat et même des diamants. Pour définir les contours de sa repasseuse, il a mené un projet dans la plus grande décharge du monde, le jardin Gramacho de Rio de Janeiro. Ces déchets ont ensuite été placés minutieusement à l'échelle d'un hangar. C'est assez bluffant de se rapprocher de l'image pour y voir la précision du placement des objets, capsules de bières ou sandales en caoutchouc. Ce projet fut documenté par le film Wasteland au moment de la conférence Rio+12. Et cette femme a une identité. Isis Rodriguez Garros est le modèle de l’œuvre. Vik Muniz a travaillé pour son projet avec des individus qui étaient tristement familiers de cette décharge. Ceux-ci touchèrent des revenus issus de la vente des photographies. 

 

Sinon, nous traversons la salle consacrée à Guernica. On retrouve The Nature of the Beast de l'artiste polonais basé à Londres Goshka Macuga. A travers une photographie, il rappelle qu'une copie de ce tableau fut placé au Conseil de Sécurité de l'O.N.U. mais qu'elle fut cachée par un rideau bleu durant le speech de Colin Powell au sujet de l'engagement étasunien en Irak en 2003. En 2009, cette copie fut transférée à Whitechapel Gallery à Londres. En 1937, le tableau original avait déjà été exposé dans ce lieu pour rassembler des fonds en soutien aux Républicains pendant la guerre civile espagnole.

 

De cette exposition d'envergure, on retiendra également l'artiste chinois Zhang Hongtu. Son parcours est particulièrement intéressant. Musulman, il a subi la Révolution culturelle (il avait 23 ans en 1966) et a réussi à migrer vers les États-Unis en 1982 et travailla à l'occasion des Jeux Olympiques de Pékin pour l'ambassade d'Allemagne. Il devait y exposer son Bird’s Nest, in the Style of Cubism, sa vision du stade olympique mais l’œuvre fut bloquée par la douane chinoise.  Après l'événement, c'est par Taipei que le tableau fit escale. On retrouve une allusion au Tibet et le J. nous remémore Tian'anmen. Au Musée Picasso, son Mao after Picasso est aussi exposé.