Le Roi Pêcheur / Whahay - Vague de Jazz - Les Sables d'Olonne - 31/07/2014

Chaque mois de juillet, le festival Vague de Jazz prend ses quartiers des Sables d'Olonne à Longeville sur Mer en passant par le domaine Mourat à Mareuil sur Lay. L'an passé, nous avions été enthousiasmé par le concert de Guillaume Perret and the Electric Epic (ici). Avant d'apprécier l'Orchestre National de Jazz ce premier soir d'août, revenons sur les émotions sonores qui ont traversé le Théâtre de Verdure jeudi 31 juillet 2014. Inutile de rappeler que ces concerts sablais sont gratuits. WHAHAY doit se prononcer comme une exclamation de joie. C'est aussi le nom du trio qui regroupe Fabien Duscombs à la batterie, Robin Fincker au saxophone et Paul Rogers à la contrebasse. A travers ce projet né à Jazz à Luz en 2012, les musiciens rendent hommage à la musique de Charles Mingus. Leur programmation à Vague de Jazz tombe sous le sens après Les Rendez Vous de l'Erdre ou l'Europa Jazz. Au Mans, ils avaient joué à midi. L'ambiance doit être plus agréable à la nuit tombée, à deux pas de l'océan. Loin de moi l'envie (et les connaissances) pour analyser leur interprétation de Mingus mais il est possible de développer sur l'impression visuelle et sonore plutôt bluffante de ce concert. Fabien Duscombs est de profil, plutôt sur le devant de scène, derrière son kit. Autour de celui-ci, il a réuni plusieurs cloches ou autres cymbales qui lui servent à animer le tissu sonore des différents titres. Pour ce type de jeu, on se rend bien compte qu'une batterie plutôt épurée a une palette très très large de possibilités. Le jeu sur les cymbales, les toms alterne caresses et frénésie. L'intensité qu'il donne à ses frappes crée des couleurs tellement différentes qu'on pourrait vivre ce concert qu'à travers le jeu de batterie. Pendant que ses camarades s'envolent en solo, on le voit, tête baissée mais le cerveau toujours totalement immergé dans la musique qui se tisse autour de lui. Plus généralement, ces trois musiciens semblent habités par la passion de leur instrument. C'est beau à voir et à entendre. A travers les différents communiqués de presse, Paul Rogers est présenté comme une "légende de la musique improvisée européenne". Le Britannique laisse bien transpirer cette liberté d'aller et venir sur son massif instrument. La mise en son est idéale. On entend parfaitement les nuances des notes plus légères et on ne peut échapper à la puissance presque distordue des coups de doigts maltraitant les cordes. Charles Mingus, décédé en 1979, aurait été fier de cette incarnation belle et chaotique de sa musique, lui qui avait insisté adolescent pour travailler la contrebasse. Le saxophoniste et clarinettiste Robin Fincker complète donc cette formation de musique improvisée autour des thèmes de Mingus. Le musicien français partage son emploi du temps d'hyperactif entre l'Angleterre et la France et est apparu sur de nombreux disques ces dernières années tout en enseignant son art du free jazz. Plutôt sensible à l'innovation à travers Loop Collective, on le verrait bien copiner avec Guillaume Perret et Mederic Collignon. Si vous voulez en savoir plus sur leur musique, suivez le lien Soundcloud ici ou en vidéo .


En 2012, Robin Fincker avait enregistré un disque avec Vincent Courtois, violoncelliste réputé et compositeur de musique de film. Vincent Courtois qualifiait Médiums, dont il est le compositeur, de "bande-son lynchienne". Cet été, il est sur scène accompagné de cinq musiciens (et une intervention de Robin Fincker) pour nous présenter Le Roi Pêcheur. Cette création musicale de 2012 est le troisième volet de La Trilogie des Mécaniques Frivoles après Les Contes de Rose Manivelle (2004) et L'Homme Avion (2008). Cette idée est venue de la rencontre entre Vincent Courtois et André Ze Jam Afane, poète camerounais, étudiant alors en philosophie politique à Reims. L'artiste africain est un conteur reconnu. Que tu sois venu dans ce théâtre de Verdure des Sables d'Olonne ce soir d'été en connaissance de cause ou que tu sois un touriste de passage quittant les clowns du remblai par curiosité, cette rencontre musicale ne peut laisser indifférent. La scène est parfaitement occupée. On retrouve à la batterie David Aknin et aussi en charge des sonorités électroniques. Près de lui, le bassiste Sylvain Daniel est placé devant un grand ampli signe que le concert sera chargé d'électricité. Le musicien tient vraiment la baraque en jouant au doigt ou au médiator. Un guitariste est assis : Maxime Delpierre qui flatte sa Gretsch. Un guitariste est debout en face de lui et nous gratifie de superbes envolées avec sa Gibson SG. Vincent Courtois est assis avec son violoncelle devant lui. Sur un titre, l'artiste prend son instrument sur ses genoux, à l'horizontale pour que l'accompagnement réalisé avec Maxime Delpierre berce l'histoire d'Agathe dont le conteur ne reconnaît pas le fils. Il va nous en raconter des histoires André, sur le devant de scène vêtu de blanc. Vous pouvez découvrir son Septième Étage ici. L'artiste est africain et nous emmène dans cette culture poétique et brutale "jusqu'à la victoire finale" comme il scande pour terminer le set. Ces paroles slamées ou doucement chantées reviennent en rappel et arrachent les derniers sourires. En tout cas, aux Sables d'Olonne, cet été, André, Vincent et tous les acteurs de cette pêche miraculeuse vous êtes, pour paraphraser le dernier titre, ici chez vous!

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