Cabaret Approximatif #2 - Les Saulnières - Le Mans - 05/12/2014

Cela semble difficile de définir une "revue indisciplinée à usage unique". Tentons de le faire de façon approximative et parfaitement subjective. Dans ce "blockhaus de zone industrielle" peu digne d'une diva espagnole, les artistes portent des postiches et nous confient des chaussettes. Les spectateurs venus en nombre les trois soirs de ces soirées d'Utopium Productions sont tout de suite dans l'ambiance avec un joli capharnaüm dès leur entrée. Trois d'entre eux vont l'être encore plus que d'autres, choisis dans le public pour passer la soirée allongés dans les trois lits posés devant la scène. Des élus ! On sent que tout peut arriver voire n'importe qui. Même Catherine Deneuve, Nana Mouskouri ou Bibi ("tout doucement"). MARIA DOLORES est la meneuse de revue du soir capable de transformer la première en animal de cirque et la seconde en femme fatale, accompagnée d'un homme-objet. Toutes ses interventions furent irrésistibles. De la grâce burlesque ! On regrette de ne pas l'avoir vu le premier soir en interaction avec Diane Bonnot et sur la même scène que Fred Tousch. Il faut dire qu'on connaît ceux-là artistiquement depuis un moment mais comment être passé à côté de Maria Dolores ? 

L'acte manqué est réparé. On se souvient avec émotion que Diane nous avait placé avec autorité sur les sièges de la Boule Noire avant de découvrir L'Oiseau Bleu d'Arnaud Aymard. Fred posait les vraies questions au sein du Cabaret Philosophique avant d'être Benoît de Touraine ou Maître Fendard dernièrement. Un grand merci à Edouard Baer et François Rollin de nous avoir fait découvrir ces artistes et merci à Utopium de leur offrir une scène au Mans. Aux Saulnières, Arnaud est PERCEVAL contant l'incroyable histoire de Soleil Noir. Et en dix minutes, ce n'est pas simple. L'an passé, en guest de Thomas VDB à Tours, il s'était longuement joué de nos zygomatiques. Dans le contexte Cabaret, Diane et Arnaud nous offrent qu'un extrait de leurs spectacles estampillés Spectralex. PRINCESSE DIANE sait trouver le chien qui est dans l'ours et ne bousculerait-elle la théorie du genre ou autres repères de nos petites têtes blondes ? Apprendre à lire avec le phrasé de Diane pourrait créer des générations de dyslexiques mais ferait merveilleusement travailler leur imagination. Féérique ! 

En parlant de langage, il faut bien admettre que les performances les plus dynamisantes du soir furent produites autour d'onomatopées ! Les CHICHE CAPON ont des corps, des regards, des démarches, des voix approximatifs et s'en servent à merveille. La chenille punk est culte ! Et que dire de Patrick, hypnotisé, fendant la foule avec son étui pénien enfumé. "Lâche ton personnage!!". Leurs dates à L'Européen en février sont notées dans le calepin. Nous insistons sur les prestations les plus folles et incarnées, c'est vrai mais beaucoup d'autres furent amusés de la magie approximative de Raymond Raymondson ou des acrobaties de Petit Monsieur avec sa (ses) tente(s) Quechua. Louons aussi l'énergie déployée par les comédiens d'Utopium tout au long du spectacle même si un micro marabouté nous a fait bien plus rire qu'une biscotte à lunettes. Et l'approximation peut être aussi bien en mesure quand elle est rythmée par ACNE. Aux premières loges, les musiciens doivent avoir de sacrés courbatures aux joues après un tel week-end!