Whiplash

La légende dit que Charles Parker est devenu Charlie Parker après que Jo Jones, déçu par son jeu, ait lancé violemment une cymbale dans sa direction. A 16 ans, il aurait pu être décapité (même si certains récits racontent qu'elle atterrit à ses pieds). Mais c’est ce qui l’aurait poussé à se surpasser et devenir Bird, le maestro que l’on connaît. Fletcher, professeur du très réputé conservatoire Shaffer de New York a défini cette anecdote comme la règle de sa pédagogie. Il agit ainsi comme un tyran auprès de ses apprentis jazzmen. Il ne supporte pas l’approximation, insulte ses élèves en permanence, les met en concurrence pour, d’après lui, en tirer le meilleur. Fletcher considère qu’un futur Charlie Parker encaisse et ne se décourage pas devant l’adversité. A ce sujet, le film Whiplash n’apporte rien de nouveau ni d’intéressant. Le cinéma a montré plus d’une fois ce sadisme (Full Metal Jacket, Black Swan). Damien Chazelle débute sa carrière et, avec ce film, développe l'idée de son court métrage du même nom. Visuellement, ce ne sont pas les quelques gros plans un peu clichés qui nous font apprécier le travail du cinéaste, rappelant même le générique de Dexter. Il est aussi intéressant de noter sur certains sites spécialisés que les blessures constatées ne correspondent pas vraiment à cette pratique intense de l'instrument. C’est plutôt la passion que le héros entretient avec la musique qui nous guide dans l’histoire. Andrew est un jeune batteur surdoué fan de Buddy Rich. On ne le découvre pas seulement comme un geek qui passe son temps à travailler ses gammes. Pourtant, il est bien précisé « si tu ne bosses pas assez tu finiras batteur de rock ». Il essaie de dépasser sa timidité avec Nicole, entretient une relation plus ou moins fusionnel avec son père qui l’a élevé seul et régulièrement crie à l’injustice quand il estime mériter la place qu’on lui a attribuée. Sans dévoiler les quelques rebondissements de Whiplash, il n’est pas du genre à lâcher l’affaire. Tim Simonec et le jeune Justin Hurwitz ont écrit une bande originale un peu trop académique. Heureusement, Fletcher a du goût et pour mettre à l’épreuve ses élèves, il les balade sur les différentes mesures complexes de Caravan (composition sur l'album Money Jungle de Duke Ellington mais écrite par ses musiciens Juan Tizol et Irving Mills) ou sur le morceau de Hank Levy qui donne son nom au film. Si vous êtes batteur ou savez apprécier la technique de batterie, ce film est malgré tout à ne pas rater. Vous pourriez secouer la tête avec frénésie en évitant bien sûr le whiplash syndrome, plus connu sous le nom de "coup du lapin".


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