Les Chiche Capon - L'Européen - Paris - 09/02/2015
Le spectacle des Chiche Capon
s’appelle La 432. Ce n’est pas le nom d’une départementale
vendéenne ni d’une ligne de bus francilienne. Il est plutôt question de cette fréquence de musique mythique qui rythme l’équilibre de la nature. En entrant à l’Européen
ce lundi 9 février, un doute nous traverse.
Une soirée philosophique et intellectuelle nous attend ? La
présence de Fréderic Taddei à deux sièges de là confirme-t-elle ce
sentiment ? Si on ne retrouve pas cette divine folie aperçue au Cabaret Philosophique,
« on annule ! ». La voix criarde et haute perchée de Fred résonne
déjà des coulisses qu’il ne semble pas décidé à quitter. « De façon
collégiale », les Chiche Capon choisissent tout de même de commencer La 432. Nous voici plongé dans l’espace avec une lampe de poche
et quelques luminaires. Ricardo, le George Clooney du groupe, nous
conte cette histoire de vibrations sonores pendant que ses trois compères testent
leur équilibre de graves E.T.. Pour tout dire, on en a vu des
numéros avec du burlesque plus ou moins artisanal et une science de la vanne
absurde. Eric & Ramzy,
Daniel Prévost, Edouard Baer, Fred Tousch, Arnaud Aymard, Thomas Vdb, Blond Blond and Blond.. Mais avec les
Chiche Capon, cela dépasse ce que le spectateur peut espérer ou redouter. Surtout
celui du premier rang. « Pour les enfants et les cerveaux en construction,
en sortant de la salle, ça va aller mais dans quelques années, il y aura un
traumatisme ». C’est assez dingue d’observer la proximité corporelle que
les Chiche Capon imposent à leur public. C’est dingue oui, menaçant même mais tellement
drôle. Ces clowneries demandent une grande maîtrise des mouvements
tout en conservant une urgence rarement vue sur scène.
Patrick est barbu.
Patrick n’est pas très grand. Patrick est athlétique. Patrick est poilu. Mais
Patrick sait aussi se déguiser en femme blonde portant une robe (La Bostella te voilà) ou en crabe
crocodile. Il peut apparaître sous les spectateurs ou leur marcher dessus comme
hypnotisé. Souvent, Patrick est peu vêtu. A mi-chemin, on nous annonce la fin
de la première partie « dite classique » pour introduire une seconde
plus axée sur « l’expression libre ». Quel beau résumé ! On peut rire de leur performance musicale à
base de « chanteur de charme », de samples mimés (!) et de
refrain chorégraphié (Planète Aluminium). Pourtant, la bande son témoigne d’une
grande dextérité pour utiliser la pédale loop et « Le Fat »
assure aussi à fond à la guitare et vocalement même si certaines notes ont dû
nous échapper dans la folie ambiante mais tout de même consciente. Fred aime
tellement les animaux qu’il s’émeut du sort d’un petit cochon (« le pick
up il accélère… ») et de canetons. Quand sa souffre-douleur du premier
rang devient un « petit animal » qui entre « la tête première
dans la boîte », c’est une belle marque d’affection ! Vous pouvez retrouver cette belle humanité dans l'excellente interview des Chiche Capon pour l'émission de Taddei qui, lui aussi, a adoré (ici), à 17 minutes.
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