Réalité

Après plusieurs dingueries avec Eric Judor, Quentin Dupieux s'associe cette fois-ci avec ses cousins de l'absurde : Jonathan Lambert et Alain Chabat. Le premier est connu pour ses travestissements plus extrêmes les uns que les autres et un port toujours juste de la perruque. Pour Réalité, il s'est contenté d'une jolie teinture et incarne un producteur de cinéma avec ce sens du sadisme qui le caractérise (et sa haine du surfeur). Alain Chabat n'arrivera jamais vraiment à jouer un méchant. Pourtant, son personnage a une idée un peu tordue. Cadreur dans une émission culinaire, il se rêve cinéaste et pense que son vieil ami producteur va adorer son projet de film Waves : des télévisions qui abrutissent l'humanité avant de l'exterminer. On est quand même très proche de Rubber, second long-métrage de Dupieux, avec un pneu serial killer. Ne soyez pas surpris, le mot "absurde" a été précisé dès la première phrase de ce billet. On pense également à deux films où l'on retrouve Chabat acteur : La Personne Aux Deux Personnes et La Science des Rêves. En effet, l'histoire semble s'éloigner avec plaisir de toute cohérence. Dupieux réussit à constamment brouiller nos repères. Le monde de Réalité, prénom de la fillette héroïne d'un film dans le film du film (et ce n'est pas une coquille), est fait d'écrans plats autant que de lecteurs vhs, de voitures du XXe et XXIe siècle. Un directeur d'école barbu peut s'habiller en femme au volant de sa jeep (La Bostella d'Edouard Baer encore une fois) et nous rêverions d'un soundcloud compilant les gémissants enregistrés frénétiquement par Jason Tantra sur son dictaphone. On s'amuse à voir Chabat placer ses mains en carré comme obsédé par la prise de vue parfaite. Mais sérieusement tous les plans du film sont cadrés idéalement. Au milieu de cette folie de scénario, le travail de Quentin Dupieux est d'une justesse incroyable. C'est lui le Zog, réalisateur qualifié de "fuckin' genious" par Bob Marshall. Cette qualité et la précision de l'interprétation apportent en fait les fondations qui font que jamais l'atmosphère s'épuise.


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