Sleater-Kinney - La Cigale - Paris - 20/03/2015

Sleater-Kinney vient du Pacific NorthWest. On y connaît bien sûr la scène grunge de Seattle dans l'état de Washington. Il ne faut pas oublier non plus celle de Portland, Oregon, médiatisée par Beth Ditto. Cette charismatique chanteuse ne s'y est d'ailleurs installée qu'en 2003 quatre ans après avoir lancé Gossip depuis Olympia. Dans la banlieue de cette ville, Carrie Brownstein, Corin Tucker et Janet Weiss se sont réunies en 1994 Sleater-Kinney Road. Sur les cendres encore chaudes de leurs groupes précédents et au cœur du mouvement Riot Grrrl, elles fondèrent le groupe sous ce nom. Puis, ce fut un quasi sans faute : sept albums alternatifs et revendicatifs en dix ans jusqu'à un énième concert en 2006 dans leur fief de Portland. Elles continuèrent séparément. Carrie se plongea également dans l'écriture sur le monde de la musique (on attend son autobiographie prochainement) et aussi pour la télévision. Associée à un ancien de Saturday Night Live, elle est au script et à l'écran dans Portlandia, sketch comedy plusieurs fois primée aux Emmy Awards, dont le cinquième saison vient de s'achever. Pourtant, en 2014, le trio se reforma et en janvier 2015 est publié leur nouvel album No Cities To Love, dix titres ultra efficaces écoutés en boucle ce trimestre.


Après le sympathique concert du duo de première partie Black Yaya, le public se masse contre la scène de la Cigale. Coursives et balcon se garnissent. Comme sur le nouvel album, le set débute avec Price Tag. Corin et Carrie font face au public. Mèche et collier en avant, Janet tient aussi bien la baraque à la batterie avec Katie Harkin (du groupe Sky Larkin) pour guitare, synthés et percussions de complément. Corin est très expressive mais il faut bien dire que Carrie Brownstein aimante les regards avec sa robe en cuir, ses collants mouchetés et son attitude de folle princesse à la guitare. Son déhanché, ses petits pas de côté ont du particulièrement influencer Annie Clark aka St Vincent. Quelle classe ! C'est comme si Sofia Coppola avait mangé Angus Young, surtout quand elle délaisse sa Telecaster pour la Gibson SG et défie les premiers rangs avec le manche. Les morceaux du nouveau disque passent très bien sur scène avec leurs mélodies qui squattent le cerveau (Fangless, Surface Envy, Bury Our Friends). Le plus pêchu No Anthems ne décolle par contre pas comme espéré. Sinon, le titre plus pop' No Cities to Love est un excellent single à reprendre en chœur une fois que le groupe ait pu le commencer après une folle ovation en conclusion de Get Up qui semble vraiment toucher Carrie. On aime aussi quand les musiciennes se regardent en quête de repères et de soutien sur des titres qui marquent leur grand retour sur scène. Le début de New Wave est un peu gauche mais attachant. Le morceau Gimme Love n'est pas notre préféré du disque mais, en live, il se charge d'une urgence communicative avec Corin, micro au poing. Ce premier morceau de rappel lui donne l'occasion de scander un puissant "Viva l'Egalité". Elle finit le morceau allongée au sol pendant que ses copines continuent de tout envoyer autour. Par contre, on réalise que le public réagit encore plus sur les morceaux historiques du groupe. Tout d'abord, ce sont les premiers rangs qui se manifestent davantage puis l'enthousiasme est vraiment contagieux. En fait, les spectateurs se mettent au niveau des musiciennes qui ne s'économisent pas. Le chant fiévreux de Corin et Carrie contaminent donc l'assistance (Get Up, Words and Guitars). Sleater-Kinney est aussi un groupe aux ambiances plurielles de l'énergie d'Entertain au plus "progressif" Jumpers, tube parmi les tubes. Lors du premier rappel, Janet Weiss sort même l'harmonica pour soutenir la belle mélodie américaine de Modern Girl. A la fin de Dig Me Out, elles ont tout donné. Puis le public teste les résistances sismiques de la Cigale. Un bruit assourdissant gagne la salle. Très émues de l'accueil, elles reviennent sur scène. Carrie nous confie que c'est la première fois de la tournée qu'elles ont le droit à un second encore (en effet). Et Sleater Kinney d'envoyer encore plus sur des brûlots des débuts (Youth Decay, Call the Doctor). Le chant est écorché vif et les guitares saignent. Tout se termine avec leur I Wanna Be Your Joey Ramone. Mais vous l'êtes ! Vous l'êtes tellement !



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