Les Clefs d'une passion - Fondation Louis Vuitton - Paris

Du 1er avril au 6 juillet 2015, la Fondation Louis Vuitton rassemble pour sa nouvelle exposition temporaire des classiques absolus de l'art moderne accompagnés de tableaux peut-être moins connus mais qui leur répondent parfaitement. La volonté de la commissaire Suzanne Pagé fut de choisir un nombre "restreint" de soixante tableaux pour "offrir l'expérience d'une vraie rencontre, intellectuelle, sensible et émotionnelle". On ne peut la contredire quand on s'arrête comme figé devant certaines œuvres qui rayonnent dans des espaces aérés et donc très agréables. Quatre séquences en six salles rythment notre "expérience". Tout d'abord, Le Cri de Munch est au cœur de l'expressionnisme subjectif. Derrière une vitre blindée, dans un cadre sombre et sous l’œil d'une surveillante athlétique, on craint rater notre "rencontre" mais il n'en est rien. Quelques reflets de la vitre peuvent gêner mais c'est fou comme ce visage torturé hypnotise. Surtout quand autour de lui, l'Homme de Giacometti marche et les personnages d'Otto Dix ou Francis Bacon aspirent nos peurs. Son interprétation du procès Eichmann ci dessous s'accorde parfaitement au Cri


Pour les salles suivantes, l'ambiance change radicalement. Place à la séquence contemplative. Peut-on paraître blasé en affirmant que les Nymphéas de Monet sont vus et revus ? Au contraire, on s'attarde devant des créations de peintres bien moins célèbres. On peut ne pas se considérer contemplatif en entrant dans le musée (ne pas aimer les films de Terrence Malick par exemple) et changer d'avis sur soi après des minutes passées devant les peintures d'Hodler et de Gallen-Kallela. Cet artiste finlandais a réalisé plusieurs vues du lac Keilele dont les traits argentés suivent la trace du vaisseau de Väinämöinen, héros de Kalevala, épopée de la mythologie finnoise. 


Cette exposition nous apporte de belles surprises et nous conforte aussi dans certains goûts artistiques. Comme dans un festival de musique où les concerts, les uns à la suite des autres, ne procurent pas les mêmes émotions, la proximité de toutes ces grandes œuvres renforcent certaines convictions. Finalement, tout à fait subjectivement, Picasso ennuie autant que Jour de Match de Delaunay. Il est précisé que La Danse de Matisse sort très rarement de St Petersbourg. Pourtant, nous l'avions vu au Musée de l'Hermitage d'Amsterdam au sein de la collection de Serguei Chtchoukine et Ivan Morozov il y a quelques années (ici). Depuis, j'adore (allons-y pour la première personne du singulier) toujours autant les carrés de Malévitch, le rouge de Rothko et l'abstraction de Kandinsky. Il y a des choses qui ne changent pas. 


Le tableau ci dessus est d'ordinaire exposé au MOMA new-yorkais tout comme un monument de l'art moderne : Trois Femmes (Le Grand Déjeuner) de Fernand Léger. Il côtoie deux autres œuvres de l'artiste issues du Tate londonien et d'un musée de Moscou. C'est aussi le principal intérêt de cette grande exposition : découvrir le plaisir de la téléportation. 

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