Magnetic Ensemble - Vague de Jazz - Les Sables d'Olonne - 28/07/2015

Il pleut sur les Sables d'Olonne. Dans ces circonstances, Vague de Jazz replie ses troupes à l'Auditorium Saint-Michel. Dans l'attente de l'ouverture des portes, nous faisons face aux affiches du festival lancé à Longeville-sur-mer en 2003. De coups de crayons dessinant un crustacé aux photos arty des dernières éditions, l'événement a su évoluer dans la communication mais pas seulement. Le premier visage apparaissant sur une affiche Vague de Jazz fut celui de Jeanne Added en 2009, alors inconnue du grand public mais déjà chérie des fans pointus de jazz qui, quelques années plus tard, trépignent avant le spectacle du soir. Avec le soutien des collectivités locales et des passionnés, le festival fidélise les virtuoses et allumés du genre sur scène et dans le public. Dans l'obscurité de l'auditorium qui sera bien rempli, une étrange installation attend de prendre vie. Avant que le concert commence, seul son pouls palpite de lumières blanches rejoignant une cymbale perchée tel un palmier vaudou. La batterie est en avant, celle d'Antonin Lemayrie, créateur du projet MAGNETIC ENSEMBLE, compositeur des pièces de Joël Pommerat et créateur aussi dans le monde du cirque avec ses camarades : Benjamin Flament (aux percussions traitées et vibraphone), Fabrizio Rat (au piano préparé), Lucas Spirli (clavier, Wurlitzer) et Adrien Spirli (synthétiseur basse). Nous l'avions dit dans l'article précédent sur le concert de Supersonic (ici), Thomas de Pourquery est très présent dans cette saison Vague de Jazz. Avec le Magnetic Ensemble, il se pose à côté d'Elise Caron en fond de scène.


Sur disque ou sur d'autres dates (comme les Rendez vous de l'Erdre dimanche 30 août), c'est Jeanne Added qui s’assoit près de son camarade Thomas, comme au temps de l'Atelier du Plateau. Ce soir, c'est donc l'exceptionnelle interprète Elise Caron qui est sur scène. Les spectateurs de Jazz à la Villette pourront eux retrouver les trois amis, Jeanne, Elise, Thomas autour de John Greaves et son Verlaine Gisant. On compare souvent le Magnetic Ensemble (prononcez à la française) au LCD Sound System de James Murphy. En effet, c'est le rythme qui prime. La musique est très percussive et très dansante. Par dessus tout, le chef d'orchestre Antonin Lemayrie a le sens du crescendo. Cela a la don de mettre en transe quelques jeunes qui se regroupent au pied de la scène, devant toutes les places assises. Ils fédèrent rapidement d'autres spectateurs dont l'envie de danser est irrépressible. C'est une musique festive qui trouve toute sa place face à un public debout. Thomas de Pourquery a le sourire malin et prend à nouveau la parole pour nous partager ses pensées délirantes ou se lâcher sur un gospel dédié à St Michel. Crescendo toujours, quand la musique devient électronique, encore plus bondissante et que les voix d'Elise et Thomas couvrent des intervalles intergalactiques. C'est assez bluffant d'entendre les choeurs graves d'Elise, grande et belle brune s'accouplant avec les notes aiguës de Thomas, fort barbu. Surtout que le contraire est aussi vrai, Elise touche lyriquement les étoiles pendant que la voix sombre de Thomas réchauffe. Le projet n'a publié qu'un EP qui est peu représentatif de leur performance live. On aimerait pouvoir réécouter les ballades à deux voix et piano, en anglais, d'une belle tradition folk à la Nick Cave. Mais il y a toujours une part d'improvisation. Ils tiennent leur carnet de paroles tel un missel. Thomas à Elise d'un doigt tendu qui voulait dire "on poursuit ce plaisir avec cette page-là" du cantique. Sinon, Elise revient souvent vers ses amours scat alors que Thomas laisse couler le texte, sur un titre par exemple ne reprenant que des rimes en "-ar" ou "-oir". Entre Claude Nougaro et Philippe Katerine. Et quand il ne chante pas, Thomas tourne les manettes des effets reliés au violon de Théo Ceccaldi guest star d'un titre bien expérimental. Plus le concert avance, plus la transe est recherchée. Par contre, toi le jeune sablais est-ce bien nécessaire de monter sur scène et te regarder danser ? Surtout que, désolé, le plus à donf' avait bien 70 ans et semblait prendre un plaisir fou dans sa boîte de nuit à lui. Il n'aurait pas contredit Edward Perraud, spectateur d'un soir et témoin d'une 'ambiance du tonnerre".


Texte et photos : Cyrille Blanchard

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