Shaka Ponk - Festival de Poupet - Saint Malo du Bois - 24/07/2015

Le 1er mars 2014, nous avions découvert le nouveau show de Shaka Ponk au Stereolux de Nantes (report ici). Depuis cette date, le groupe a sorti deux albums et approche des cent concerts de cette ère Pixel Ape. Les projections accompagnant les nouveaux titres de ces deux disques furent donc dévoilées il y a un an et demi. Notre "Espérons que l'ultra préparation du set laisse une marge de manœuvre aux musiciens pour varier les morceaux" d'alors n'a pas été exaucé. En juillet 2015, Shaka Ponk propose le même concert et on ne peut donc pas dire qu'il n'est pas rodé. En festival, il est même un poil (de Goz) plus court, My Name is Stain en moins. Pourtant, il faut vraiment être difficile pour sortir déçu d'un tel spectacle. La maîtrise est totale et le show impressionnant. Mais plus encore c'est l'ambiance du théâtre de verdure de Saint Malo du Bois qui a rendu le concert encore plus mémorable. Le festival fêtera ses 30 ans l'an prochain mais comme le rappelle Frah, le plus grand groupe n'y a pas encore joué, ne sera même jamais sur scène. Le meilleur groupe c'est toi, public de "Poupett'", "Poupeta" ou (le plus souvent) "Master of Poupets'" comme le frontman aime nous appeler affectueusement.


Invité de Poupet en guest de Shaka Ponk, No One is Innocent vient de publier son sixième album et tourne beaucoup pour le faire savoir. Ce nouveau disque est bien présent dans la setlist du jour. Silencio nous ressort une ligne de basse et un riff très RATM. Suivront également Barricades, plus tard Charlie (avec une introduction hommage aux victimes de l'attentat de janvier).. Massoud sonne Trust là où d'autres titres sont plus proches de la jeune génération des Skip the Use (Kids are on the run).


Le groupe français a traversé les époques et le beat techno de Nomenklatura replonge le public en l'année 1997, celle de The Fat of the Land de The Prodigy, quand nous nous donnions la peine avec Mass Hysteria. Le pied de micro de Kemar est plutôt positionné à gauche quand on regarde la scène mais le bonhomme ne tient pas en place. Il bondit au rythme des titres comme Revolution.com. Il tombe la veste puis le t-shirt et invite le public à les rejoindre sur scène. Ils n'ont pas osé le faire en première partie d'AC/DC au Stade de France mais à Poupet c'est bonne ambiance.


Une fois la scène dégagée, Kemar reprend quelques phrases de leur nouveau morceau-jubilé 20 ans et répète "la rage à fleur de peau ... la rage à fleur de peau". Ce n'est pas le riff de guitare de leur tube qui claque aussitôt mais une version samplée. Les guitares enchaînent. Les cous se plient et les langues se délient sur leur tube. Les paroles de La Peau, hymne anti-racisme, sont toujours d'actualité et cette version un peu relookée pourrait sortir en single radio vingt ans après. Le dernier titre est dédié à Pablo Neruda, Salvador Allende et le concert se termine furieusement sur Chile, un "morceau de résistance". "Nous gagnerons même si tu ne le crois pas". No One is Innocent est toujours d'actualité. A bon entendeur !


Après Yannick Noah, Bob Dylan ou Veronique Sanson, c'est à Shaka Ponk que revient l'honneur de clôturer la saison 2015 du Festival de Poupet. Si l'on dit que l'événement "déraille" depuis l'an dernier, ce n'est pas par soucis financiers mais plutôt que le curseur est de plus en plus placé sur la rigolade. Patrick Sebastien l'an passé ou Fatal Bazooka cet été rameutent les foules et l'organisation encourage les déguisements farfelus jusqu'à de sacrés soirées hors saison pour maintenir l'esprit Poupet.. Décidément, l'adjectif "fou" est de plus en plus associé au Nord Vendée et ça correspond parfaitement à Shaka Ponk. Pour exemple, sur le dernier titre du concert (Morir Cantando), le président du festival Philippe Maindron a slamé comme un dingue équipé d'un casque à gyrophare, un chien empaillé à la main. Il s'est même accroché à la culotte de Frah qui avait bien entendu rejoint la foule après une saut périlleux. 


D'habitude, lors du break de Sex Ball, le groupe se fige et une grand-mère prend le temps d'avancer sur l'écran géant avant que ça reparte de plus belle. Et bien cette fois-ci, le public reprend spontanément et chaleureusement l'air de Seven Nation Army, devenu hymne de stade de foot. Alors quand, à plusieurs reprises, Frah insiste sur l’accueil, on se dit qu'il y a sûrement un truc en plus à Poupet. La fiesta, la fiesta.. En concert, on ne se pose plus forcément la question du double album de Shaka Ponk. De toute façon, sur scène, ils jouent les titres les plus efficaces (Blacklisted, Wanna Get Free, Scarify..). On respecte aussi la qualité d'interprétation. Un tel réglage de la musique avec les vidéos exige d'être parfaitement calé. Ils sont irréprochables et on imagine aussi qu'une telle énergie produite chaque soir demande une hygiène de vie de sportif de haut niveau. A la vue de leur physique, rien n'est laissé au hasard et le public apprécie que l'effort soit partagé. Shaka Ponk a développé un concept qui leur permet de toucher un large public. Certains sont plus sensibles aux riffs metal, d'autres aux mélodies pop ou l'ambiance électro. Après avoir mis la France à genoux, il est temps de s'attaquer à l'Europe. Bonne route les Ponk' !


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