Supersonic - Vague de Jazz - Les Sables d'Olonne - 25/07/2015

Pour cette 13e édition de Vague de Jazz, Jacques Henri Béchieau a de nouveau réuni sur les scènes des Sables d'Olonne, Longeville-sur-mer, Mareuil-sur-Lay la crème de cette musique mutante. Thomas de Pourquery est en résidence artistique grâce au collectif régional de diffusion du jazz en Pays de la Loire. Il se pose fort logiquement sur notre côte vendéenne, pour jouer divinement du saxophone, chanter et ambiancer le littoral. 


On ne peut citer tous ses camarades de festival estival. Les noms de Médéric Collignon, Jeanne Added, Edward Perraud, Théo Ceccaldi, Vincent Peirani, Emile Parisien flatteront les oreilles des initiés. Ce samedi 25 juillet, le charismatique Thomas de Pourquery "nous amène le printemps" avec SUPERSONIC. Ce projet, reprenant les titres du compositeur américain Sun Ra, remporta la Victoire jazz du meilleur album en 2014. Avec un sens de l'humour irrésistible, Thomas de Pourquery a su le rappeler pendant le concert de samedi soir. Nous avons applaudi tous les prix obtenus par ce disque tout comme leur titre de champion de France par équipe de saut en profondeur ainsi que celui du 1 mètre nage libre. Pour apprécier un concert de Supersonic, il faut être sensible à ce bouquet de compositions de Sun Ra (auteur de plus de 200 albums de jazz fusion jusqu'à sa mort en 1993) mais aussi aimer l'humour décalé. Client des deux, le plaisir est assuré. 


Au sein de Supersonic, nous retrouvons Arnaud Roulin aux claviers et percussions, ancien compagnon de Thomas de Pourquery au CNSM. Il apporte une vraie touche de musique électronique à la partition du groupe. Ses sonorités de piano, au besoin, sont aussi d'une grande justesse. Laurent Bardainne (Limousine) trimballe son air désinvolte derrière son saxophone. Il peut se mettre la main dans la poche, attendant son tour pendant le solo d'un de ses camarades. Mais quand il faut tenir le rythme de Shadow World, ça ne rigole plus du tout. Monsieur est une pointure. Sa maladresse permet tout de même à Thomas de Pourquery de tester notre sens de l'humour. Laurent Bardainne pose indélicatement son saxo qui tombe. Thomas hallucine un peu, le remet en place et ajoute "pour un concert, il n'y a pas que des musiciens. Il y a des techniciens, qui n'ont pas fait d'études, des cancres..". Le phrasé de ses interventions rappelle Arnaud Aymard. Le début d'un titre en français chanté naïvement comme Perceval, personnage d'Arnaud, est interrompu par des blasts de basse-batterie. On a retenu tout de même qu'il faut bien choisir sa compagnie aérienne quand on voyage loin parce que bon la dépression.. Dans le délire, Thomas de Pourquery fait penser à un mix entre Sebastien Tellier et Philippe Katerine. On est vraiment curieux de le voir le 9 décembre à Allonnes avec son projet VKNG, groupe de pop sucrée qu'il a fondé avec Maxime Delpierre de Limousine. 


Thomas de Pourquery a la voix grave quand il s'adresse à nous mais quand il chante, la voix est claire, aiguë, cristalline (Love in Outer Space). En fait, il peut tout faire. Sur le dernier morceau du set, il part dans des voix criées. Le "I want you, I need you" de Strange Kind of Woman (Deep Purple) ? La filiation Zorn-Patton n'est pas loin. Les harmonies vocales de Rocket Number Nine sont aussi superbes. Fabrice Martinez se prête à l'exercice avec plaisir mais il est plus impressionnant dans de fiévreux soli à la trompette. La précision de son jeu sur Discipline donne la chair de poule. 


A la section rythmique, c'est BIG, comme l'explosion épileptique du jeu d'Edward Perraud et Fred Galiay et comme le nom d'un autre projet qui les réunit (samedi 1er août 22h30 Longeville-sur-mer). Le jeu de Perraud et ses postures burlesques correspondent bien à la folie Supersonic. La fin de set se veut d'abord contemplative. Thomas est attentif au jeu d'Arnaud avant de s'amuser des ombres chinoises qui, à chaque concert, gagnent le haut-vent. 


Puis, le retour des musiciens emballe une conclusion parfaitement percussive, totalement explosive. Après une bonne heure de concert, le public en veut davantage et les musiciens reviennent pour une superbe version a capella d'Enlightenment qui ne quitte plus notre cerveau déambulant dans la nuit sablaise. 


 Texte et Photos : Cyrille Blanchard

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