Aaron / Jeanne Added - Festival Bebop - Le Mans - 14/11/2015

Le jour d'après, les mots manquent pour exprimer la tristesse. Merci à l'organisation du festival de nous avoir permis de retrouver rapidement le chemin d'une salle de concert. La célébration de la musique live nous a guidé, nous guide et nous guidera. Du 4 au 14 novembre, Bebop nous aura diverti grâce à une programmation fédératrice et innovante et le travail remarquable d'une équipe de passionnés. Nous allons revenir sur les sets d'AARON et JEANNE ADDED.


Notre dernier article sur Aaron date de cinq ans déjà (ici) après que le groupe se soit révélé à nos yeux et oreilles un soir de 2007 à la salle Jean Carmet d'Allonnes. Le groupe a publié, à la rentrée, We Cut The Night, avec un son réinventé. On peut qualifier les nouvelles compositions d'"électronique" mais la science des arrangements va plus loin que cette simple définition. Sur Magnetic Road, Olivier est à la guitare dont il maîtrise les effets avec une grande précision. Il rejoint ses claviers sur Onassis. On connaît les morceaux et leurs mélodies sur un fil que l'on n'oublie pas. Pourtant, à chaque fois, le groupe a le talent de les interpréter avec une force qui les fait passer à un niveau supérieur. La magie de la musique live. Celle qui nous surprend aussi avec des arrangements 2015 pour les titres du premier disque, Blow et plus tard, à deux, un Lili réarrangé. Simon Buret a aussi ce don de téléporter son sourire sur le visages de tous les spectateurs.  Il sème ses Seeds of Gold avec l'énergie qui le caractérise. Le musicien n'est pas qu'un entertainer. Il assure sacrément au chant. Enrobées de nappes électroniques, ses tonalités graves ancrent les nouveaux Ride On et Invisible Stains. Maybe on the Moon est un aussi bon exemple de refrain plus pop enchaînant des couplets bien plus sombres (ah ce "Rain Rain Rain.." !). La setlist est parfaitement pensée (une grande qualité des grands groupes). Après un temps de douceurs contemplatives, on se réchauffe la voix sur Ludlow L. Simon use ce bon vieux gimmick de faire chanter chaque côté de la foule l'un après l'autre puis ensemble. Et il ne doit être si facile de tenir la note tout en donnant le signal du bras ou du coude. Le public est donc bien en place pour danser sur le dynamique We Cut The Night. Sur tous les disques d'Aaron, il y a toujours ces morceaux d'album dont le potentiel est pleinement exploité sur scène (on se souvient de Passengers sur le disque précédent). Couper la nuit pour faire entrer la lumière. Cette idée traduit au mieux ce qu'il nous reste à faire dans ce monde de brutes. Les musiciens sont restés très pros, très sobres à propos des événements de la veille. Quelques mots justes mais surtout des mélodies, des visages joyeux, une communion qui valent bien des discours. Même les paroles de Blouson Noir nous redonnent de l'espoir. Nous continuerons à le porter notre blouson noir de rocker dans toutes les salles de France et de Navarre. Le choix des morceaux en rappel nous transportent encore vers toutes les émotions. Cet océan de lumières (de téléphones portables) sur Little Love fait chaud au cœur. "Don't Worry... Life is Easy". Enfin, The Leftovers nous mène vers une dansante insouciance. Elle existe encore. Le cerveau détendu, nous gagnons l'autre scène où se prépare Jeanne Added.


Cette année, nous avons déjà parlé de Jeanne Added pour un autre projet, Yes is a Pleasant Country (ici). Dans son fief de Vague de Jazz, nous l'avions aussi découvert basse en bandoulière, en 2013 avant Guillaume Perret (ici). A l'époque, le son était déjà pop mais bien moins électronique. Les musiciennes qui l'accompagnent sont aussi différentes. Narumi Hérisson revient au Mans après une date au printemps avec Tristesse Contemporaine. A la batterie, Anne Paceo est aussi une référence de la scène jazz et comme Jeanne, elle semble s'éclater sur ce nouveau registre. Le trio a passé son année sur la route, de salle pleine en salle pleine d'un public conquis par cette "nouvelle" artiste. On sent pourtant Jeanne un peu dans un état second. Quelques problèmes techniques peuvent agacer mais le contexte étant si particulier que l'adrénaline est difficile à doser. Sur Be Sensational au début, Look at Them au milieu ou Suddenly à la fin, on retrouve ce timbre d'une justesse infinie. Sûrement en raison des circonstances, A War is Coming est écarté de la setlist. Ce temps est libéré pour des progressions plus intenses des morceaux limite clubbing (It). Elle fait chanter le public sur Back to Summer pour la première fois de sa vie dit-elle. Le "craving bitch" de Miss It All est presque crié. Jeanne chante, Jeanne danse, Jeanne headbangue. "Continuez d'aller au concert, ya que ça de vrai!" dit-elle le pouls encore dans le rouge. Un superbe exemple de don de soi au nom de la musique.

Photos : Simon Grouas

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London