Arch Enemy - Le Cargö - Caen - 24/11/2015

Du 16 novembre au 19 décembre, ARCH ENEMY et AMORPHIS sont embarqués dans une tournée de grandes salles en ouverture de Nightwish. Ce package scandinave est une superbe vitrine pour les deux groupes. Ils en ont profité pour caler quelques dates supplémentaires dans des clubs de plus ou moins grande capacité. A Caen, le Cargö est une superbe salle qui organise parfois des événements metal. Et ils peuvent continuer car le public répond vraiment présent. Le balcon est certes fermé mais la fosse est très bien remplie. La jeunesse est en nombre et se fait entendre, surtout des jeunes filles qui s'identifient sûrement un peu à Alissa White-Gluz, extraordinaire chanteuse d'Arch Enemy.

Même si le groupe suédois a forgé une belle réputation au fil des albums hurlés par Angela Gossow, on sent qu'il se passe quelque chose de spécial depuis l'arrivée d'Alissa. Le capital sympathie du groupe a progressé en France tout particulièrement. Nous l'avions déjà constaté au Hellfest l'été dernier. Son charmant accent canadien épice ses interventions en français. Le contact avec le public est immédiat. Son speech sur l'importance de se rassembler pour écouter de la musique live dans ces temps difficiles est très touchant. On ne peut que "Chantez" avec elle. Surtout que les paroles projetées pendant les morceaux aident bien. Jeff Loomis est aussi un nouveau venu dans le groupe. Le guitariste de Nevermore (qui aurait été parfait dans Megadeth mais n'a jamais rejoint le groupe) est un virtuose et son attitude complète parfaitement le jeu de Michael Amott. Leur cavalcade de riffs, les parties de twin guitares, les soli qui se répondent s'inscrivent dans une belle tradition heavy metal que ne renierait pas Dave Mustaine. Amott et Loomis développent des mélodies qu'Alissa transforme en plomb. Quelle alchimiste ! Les titres de "son" album War Eternal sont imparables ("une des mes chansons préférées" As The Pages Burn ou encore le définitif You Will Know My Name). Les classiques (Ravenous, No Gods, No Masters) sont aussi repris par des fans fidèles, assez nombreux dans la foule. Mine de rien, Doomsday Machine fut publié en 2005 et le groupe termine toujours son concert par le tube Nemesis. Au final, on ne sait pas ce que l'on peut attendre de plus d'un concert de metal. Arch Enemy a tout pour rester longtemps une tête d'affiche sur notre scène hexagonale. Amorphis a bien assuré mais en reprenant la voiture, on a du mal à se souvenir en détail du concert des Finlandais qui précédèrent Arch Enemy. Mais, comme au Hellfest en 2013, on est ravi d'avoir écouté Tomi Joutsen, chanteur excellent.

Très précis et régulier en voix claire, Tomi use de plus en plus de ce registre. Accroché à la proue de son micro, il retranscrit très fidèlement les titres de leur dernier album en date, Under The Red Cloud. Le refrain catchy de Sacrifice fait mouche. Esa Holopainen est aussi très à l'aise en guitare lead alors que Tomi Koivusaari, autre membre fondateur, est bien plus discret. Plus le concert avance, plus Amorphis pioche dans son répertoire ancien avec davantage de growls avant de revenir vers les nouveaux morceaux et terminer sur Death of a King. Avant les Finlandais, la soirée avait commencé avec DEEP IN HATE. Une semaine avant son concert à Caen, le groupe parisien a connu un terrible accident de la route, ruinant son van et une partie de son matos. Une souscription est en ligne si vous voulez les aider (ici). De plus, Mat, le chanteur habituel ne pouvait pas assurer cette date au Cargö. Pour le remplacer sur cette tournée européenne post accident, ils ont donc invité leur pote Julien (frontman des excellents Checkmate) ayant répété les titres deux jours avant. Il faut bien avouer que ça ne se voit pas du tout. Le death technique du groupe est calé comme jamais. Mathieu Valenza, qui a remplacé Florian Paris il y a très peu de temps à la guitare, est aussi parfaitement dans son rôle. On lui reconnaît des faux airs de Stéphane Buriez. L'autre gros atout du groupe est la performance de Nicolas Bastos à la batterie. Ce diplômé de la Drumtech de Londres, officiant également au sein de l'Esprit du Clan, est impressionnant techniquement et visuellement. Il a même droit à son solo. Il est assez rare de voir un groupe de première partie provoquer une telle ambiance dont un bon vieux wall of death sur New Republic. Après avoir ainsi découvert sur scène les titres de leur troisième album Chronicles of Oblivion, nous sommes impatients d'écouter la suite de leurs déflagrations discographiques.

Photos : Stéphane Duarte

Texte : Cyrille Blanchard