Oblomov - L'Espal - Le Mans - 04/11/2015

L'air de rien, cela faisait un an que nous n'avions plus pris la direction de l'Espal. L'an passé, à la même époque, nous étions en Mission. Après le choc Castelluci aux Quinconces, il est temps d'apprécier un théâtre plus conventionnel mais néanmoins très inventif. Sur le papier, un pièce sur l'inertie du personnage principal ne voulant quitter son lit, inquiète un peu. Adapté d'un roman russe du XIXe siècle qui plus est. Celui-ci a consacré l'oblomovisme, la procrastination, le refus de s'engager. Pourtant, rien dans le spectacle nous donne envie de prendre nos sièges pour une banquette et se laisser aller. Nous ne sommes pas apathiques. La scène n'est occupée que partiellement. Sur un plan incliné sont posées des couvertures et quelques chaises. Derrière lui, un miroir reflète ou se laisse transpercer. Ainsi, la mise en scène qu'on pourrait juger minimaliste laisse apparaitre l'envers du décor. Le monde d'Oblomov n'est pas du tout réduit à un matelas et dans sa tête, ils se mettent parfois à trois. Dorian Rossel développe l'histoire de Gontcharov selon une fidèle narration. On nous rappelle l'enfance pour comprendre l'homme. On suit son quotidien de rentier et son parcours d'enfulte dans les jupons de la femme qui s'est montrée la plus maternelle. Au grand dam de la belle Olga. Interprétant le personnage principal, Xavier Fernandez-Cavada joue vraiment bien mais la performance la plus mémorable est celle du domestique Zakhar. Le livre fut publié deux ans avant l'abolition du servage en Russie. Servant lui l'immobilisme, Zakhar ne reste pourtant pas en place. Son corps est aussi élastique que sa barbe est hirsute. Burlesque en diable, il gonfle la pièce d'une imagination à nous réconcilier avec le théâtre. Un balai devient un cor de chasse et une porte peut tenir sans aucun mur autour d'elle. Rodolphe Dekowski est un artiste à suivre. On saluerait bien aussi son talent de chanteur qu'il a distillé au compte-gouttes sur quelques notes très graves apportant un peu de chair à une ambiance musicale belle mais légère. Le propos de cette pièce est universel. Pourtant, mon jeune voisin de gauche, consultant son portable toutes les dix minutes, ne semble pas comprendre qu'Oblomov c'est peut-être bien lui, les yeux rivés sur un écran, ne voulant rien rater d'un monde dont il laisse pourtant filer la culture à tout allure.


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