Contact - Les Quinconces - Le Mans - 16/12/2015

Cette année 2015 fut un grand cru pour Les Quinconces-L'Espal. Elle se termine en feu d'artifice avec le spectacle Contact, création de Philippe Decouflé. Référence internationale depuis 30 ans, le chorégraphe star est dans les coulisses de la 105e représentation, la première des quatre prévues au Mans. Au fil des dates, il a vu évoluer son adaptation très libre du Faust de Goethe qui va bientôt embarquer vers le Japon et peut-être la Corée du Sud. Lors de la discussion post spectacle, nous avons appris que les scènes pouvaient être organisées différemment en fonction des représentations et aussi selon les initiatives des différents artistes. La musique et les projections nécessitent une grande coordination mais entre les "tops", une petite marge est laissée à l'inspiration. Christophe Salengro (le président de la présipauté de Groland) respecte bien l'écriture des pas (avec une grâce toute relative) mais s'il y a un peu de liberté, il doit s'en donner à cœur joie. Fidèle de Decouflé depuis 1986, il incarne l'alchimiste Faust ce qui lui permet de porter de grandes capes et d'étranges couronnes. On retrouve aussi le Dr Faustroll d'Alfred Jarry et son discours sur la "surface de Dieu". Sur cette métaphysique, il danse et il chante. 

La grande force de ce spectacle tient dans le fait que toute la musique est jouée live par Nosfell et Pierre Le Bourgeois. Instrumentalement et vocalement, la mise en son est vraiment excellente. Nous avions vu il y a quelques années Nosfell à la salle Jean Carmet d'Allonnes. Il tordait son corps et sa musique. On ne retrouve pas vraiment cette étrangeté pour ses compositions dédiées aux créations de Découflé. La grande qualité d'interprétation reste mais le propos est bien plus pop. Sur des débordements rock cabaret, on croirait Gary Cherone d'Extreme. La qualité des chœurs nous rapproche d'une comédie musicale assez classique. Certaines sonorités anglo-saxonnes nous font aussi penser à Yodelice. Le tout est tout de même très plaisant. Et Nosfell a en lui cette théâtralité qui sied parfaitement à Decouflé. Après Octopus en 2010 et ce Contact,  l'artiste annonce ne pas avoir de nouveaux projets avec le danseur. Répondant aux questions des spectateurs, il présente sa carrière solo avec une certaine modestie, presque surpris que certains puissent le connaître par ailleurs. Pourtant, certains Manceaux ont même pris leur ticket pour l'écouter particulièrement. Sinon, Contact est bien un spectacle de danse, s'appuyant sur plusieurs tableaux parfois entrecoupés d'intermèdes humoristiques. Le concept global peut paraître un peu décousu mais l'heure quarante passe très vite tellement les scènes sont belles, colorées et souvent spectaculaires. Contact est un spectacle pop à ce niveau là également. Quelques minutes nous ont fait penser à Danse avec les Stars mais heureusement ça n'a pas duré. L'impression d'être parfois dans un clip de Sia est un purgatoire assez sympathique. On admire la forme des corps comme on aime la touche arty de certaines chorégraphies, ce moment où les danseurs épousent leurs perruques grises. La costumière Laurence Chalou connaît-elle d'ailleurs le plasticien (pas le chanteur) Nick Cave et ses Soundsuits Dancing ? Philippe Decouflé fourmille donc d'idées et sait très bien s'entourer pour produire un spectacle de pur divertissement. Et ça fait du bien !