Nous Trois ou Rien

Kheiron est né en 1983. On assiste à cette naissance dans son premier film Nous Trois ou Rien. Kheiron est jeune dans le métier et le voici qui réalise un film qui a rassemblé plus de 300 000 spectateurs en deux semaines. Avant de s’essouffler un peu. Kheiron est jeune. Il est né en 1983 à Téhéran et ce film est l'histoire de sa famille, de son père qu'il interprète. Vous suivez ? Il est issu du stand up, du rap, du Jamel Comedy Club voire même de son Bordel Club qu'il a créé au Klub. Pour ceux qui connaissent cette salle en pierre voûtée des Halles, c'est assez improbable de retrouver ensuite l'humoriste sur un grand écran de chez Pathé. Entre temps, il y a quand même eu Bref, de Kyan Khojandi. Pour le remercier, il lui a attribué le rôle du barbu islamiste. Merci Kheiron. Barbu islamiste en effet. Le film parle de sa "petite" histoire familiale à travers le prisme de la grande. A la fin des années 1970, le pouvoir du Shah (joué par le très bon Alexandre Astier) est très contesté. Hibat Tabib (le père de Kheiron) est un opposant politique mais ne soutient pas Khomeini, l'homme de la Révolution puis de la République islamique. Il est plus proche des Kurdes. Ainsi, il était en danger sous l'Ancien Régime et tout autant sous le nouveau. Il migre alors vers la France. La filiation avec Persepolis de Marjane Satrapi est évidente. Kheiron s'est vraiment donné les moyens de retranscrire au plus près la réalité. Restez pendant le générique pour le constater. Le casting est excellent. Leila Bekhti est toujours aussi belle. On la croit bien capable aussi de tenir la culotte puis d'expliquer aux femmes de son quartier ce qui se cache à l'intérieur. "Starfoullah". On regretterait presque qu'ils arrivent à quitter l'Iran pour avoir plus de scènes avec Gérard Darmon et Zabou Breitman. Mais c'est bien pour leur vie en France que le film nous touche, surtout si l'on a un peu pratiqué ces territoires urbains. Dans ces temps difficiles, Nous Trois ou Rien reste un feel-good movie. L'exercice était loin d'être gagné vu le contexte choisi pour ce premier long métrage. A grand renforts de vannes, Kheiron a réussi.