Back Home

Oslo, 31 août, le second film de Joachim Trier, nous avait tellement plu. Le réalisateur et scénariste norvégien est revenu à Cannes cette année avec Louder Than Bombs. Le long métrage est sorti en décembre sous le nom de Back Home. Le titre était devenu inapproprié quelques jours après les attentats de novembre. Ce second choix colle parfaitement à l'histoire. Isabelle Reed (interprétée par Isabelle Huppert) est une photographe de guerre. A chacun de ses retours, elle s'est heurtée à la vacuité d'une vie domestique en contraste à l'intensité du front. Elle a un mari et deux enfants. Jonah, le plus âgé, joué par un excellent Jesse Eisenbeg, est aussi dans la fuite d'une vie de couple où un enfant est arrivé très vite pour ce jeune adulte. Conrad, le plus jeune, n'aime pas revenir trop vite chez lui après les cours. Ces histoires sont racontées avec une narration très particulière. On comprend vite qu'Isabelle est morte dans un accident de voiture ce qui ne l'empêche pas d'être présente à l'écran. Son mari lutte d'inquiétude pour son jeune fils. Ce n'est que par des étapes remarquablement bien amenées que l'on comprend le parcours mental de Conrad. Les plus forts apparaissent comme plus faibles. Les derniers peuvent devenir les premiers. Le génie tient dans le fait que les instants clés du scénario arrivent dans des scènes qui nous semblent anodines au départ. On pense tenir un twist mais il arrive finalement quand on n'y croit plus. La dualité des personnages est remarquablement mis en scène. On pense à la visite du cimetière de Conrad ou encore ce banal moment dans une supérette qui nous guide vers une fin surprenante sans être ostensible. La subtilité de Back Home repose aussi sur une photographie très art contemporain, un sens du ralenti que ne renierait pas non plus Quentin Dupieux. Les deux réalisateurs sont nés en 1974. Avec Jeff Nichols, ils constituent la Sainte Trinité de la nouvelle génération du cinéma. Pour son premier film à casting hollywoodien, Joachim Trier ne se trahit pas. Au contraire, on a follement hâte de découvrir la suite.