Les Liaisons Dangereuses - Les Quinconces - Le Mans - 27/01/216

En mai 2011, Christine Letailleur nous avait proposé, à l'Espal, sa version d'Hiroshima mon Amour. On se souvient d'un travail intéressant sur les lumières mais d'une certaine monotonie dans le discours. On craignait un peu de retrouver ce défaut sur les 2h45 de sa nouvelle pièce, Les Liaisons Dangereuses. Il n'en est rien ! Le décor à étage est percé de portes et fenêtres par lesquelles les nombreux comédiens entrent et sortent sans s'arrêter. Il en résulte une mise en scène particulièrement dynamique témoignant aussi d'une grande habileté dans la montée d'escalier. On peut s'y accrocher mais on ne glisse pas sur les costumes. Ceux-ci sont très soignés et posent l'ambiance XVIIIe des écrits de Choderlos de Laclos. Christine Letailleur a déjà adapté du Sade (La Philosophie dans le Boudoir). Elle continue donc dans le libertinage mais sans contenu trop explicite. Le seul instant de nudité sera un furtif fessier exposé par le fidèle et drôle serviteur du vicomte. Même "les leçons de catéchisme" de Cécile de Volanges ne vont pas bien loin dans la démonstration. Pourtant, Vincent Perez joue vraiment bien un Valmont maniéré dont les effets de manche le montrent prédateur. Cynique pour arriver à ses fins, il se heurte à plus machiavélique que lui, la marquise de Merteuil. Dominique Blanc (nombre de spectateurs ont pris un billet pour la voir) est impressionnante de diction et de charisme dans ce rôle. Chacune de ses interventions est d'une justesse rare. On se projette facilement dans la littérature épistolaire. Il y a quelques années, John Malkovich avait mis en scène Les Liaisons Dangereuses en intégrant textos et réseaux sociaux. Inutile pourtant de se rabaisser à la nouvelle technologie pour que l'on comprenne que le message de cette œuvre reflète une réalité contemporaine de relations homme-femme, le plaisir, la confiance. Une certain pincement dans la voix et quelques haussements de sourcils créent la complicité avec le spectateur. Cette proximité avec les acteurs est nécessaire afin de rester concentré pendant une longue représentation. Ce n'est pas le suspense de l'histoire qui nous tient en haleine mais plutôt la performance. 


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