La Chine dans la collection / Bentu - Fondation Louis Vuitton

Bernard Arnault possède une collection de plus d'un millier d’œuvres d'art contemporain. Depuis octobre 2014, sa Fondation Louis Vuitton les expose. Nous en avions déjà parlé ici. L'intérêt de ce musée est le renouvellement des accrochages. Les choix artistiques se dirigent cette fois-ci vers la Chine, centre de gravité de la création mais aussi marché majeur. Et en voit de toutes les couleurs.

Selon la référence Artprice, 17 artistes chinois font partie du top 50 des meilleures ventes en 2015. AI WEIWEI est celui qui fait le plus parler de lui. Après une décision de l’État danois sur la question des réfugiés, l'artiste a, par exemple, retiré ses œuvres d'une exposition de Copenhague. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'il participe aussi au système marchand en vendant par exemple ses Circle of Animals/Zodiac Heads pour 5.4 millions d'euros en juin dernier. Jusqu'au 29 août prochain, on retrouve son Tree au niveau 2. Il fait écho aux Cinquante Bras de Bouddha de HUANG YONG-PING. Nous avions rencontré ces animaux domestiqués à Nantes à la Hab Galerie en 2014 (ici).

 

Mais c'est dans la galerie 9 au deuxième étage que la sensation est la plus forte. En ce moment, le grand Anselm Kiefer est mis à l'honneur à Pompidou et la BNF. Son fils spirituel serait bien ZANG HUAN. Son travail sur les cendres rappelle, par la texture et la couleur, des travaux du maître. Sur de grands formats, il célèbre des événements de l'ère maoïste : la construction du Grand Canal et les 10 ans de la proclamation de la République Populaire de Chine sur la place Tian An Men. Une fumée s'échappe aussi d'une tête de Bouddha entrouverte (Sudden Awakening). 

 

Cette salle est la plus intéressante pour les micro visites gratuites réalisées régulièrement par les médiateurs. Les tableaux de YAN PEI-MING sont interprétés. Un vol de corbeaux au dessus du Parthénon pour dépeindre la crise grecque. Des ombres avançant dans la nuit pour évoquer la crise des migrants. 

Le rez-de-chaussée est réservé à l'exposition Bentu, en collaboration avec le Ullens Center for Contemporary Art de Pékin. Cette proposition est variée mais moins captivante que les œuvres d'artistes majeurs de la collection. L'art vidéo est très présent, pas toujours pour le meilleur. On retient quand même ce détournement de l'art antique par Xu Zhen façon Francesco Vezzoli. Le(s) soldat(s) de Marathon se mêle(nt) au(x) Gaulois blessé(s). 

Enfin, From Huaxia to China fait partie du projet Mapping the World de Qiu Zhijie. Sa représentation de la géopolitique à l'encre sur papier de soie fourmille de détails.