Arnaud Touplain - Les Peaux Mortes

Le diable est dans les détails donc soyons précis pour poser le décor. Arnaud Touplain enseigne l'anglais en lycée. Mais, à la manière de ses personnages, il a une double vie. Il écrit. Une double vie soutenue par sa femme. Son premier ouvrage Ce qui sort des tunnels avait été publié par Amazon. Son second rejeton, qu'il estime davantage, également. Il ne faut pas croire que cette double vie l'enrichit financièrement. Amazon, multinationale du service, prend bien sa part. The Devil's Take. Celle de l'ange : l'inestimable plaisir d'écrire. Mais ne diabolisons pas cet intermédiaire. Dans l'univers impitoyable des tv shows, les créations originales Amazon se distinguent : des adaptations de Michael Connelly (Bosch), de Philip K. Dick (The Man in the High Castle) au succès Mozart in the Jungle. Woody Allen est désormais, également, de la maison. Nous n'en sommes pas à ce stade pour Arnaud Touplain mais son roman Les Peaux Mortes mériterait bien une mise en image. Le début serait violent. Le diable est dans les détails donc l'auteur (aidé dans "le montage" par Jean-Philippe Guichon, professeur de lettres) souhaite nous présenter le(s) personnage(s) princip(aux) dans leur quotidien plutôt brut. En effet, le propos est cru, parfois vulgaire, pour témoigner de la réalité de l'agent de la CIA infiltré Terry Torrez. Pour lui, il n'est pas question de bons ou de mauvais points, l'erreur ne pardonne pas. Parallèlement, on lit "les bonnes feuilles" du livre de Jeff West "Le Garçon dans la cave". Arnaud a imaginé un personnage fantôme qui, comme lui, écrit. A propos d'un adolescent enlevé et séquestré par un de ses professeurs. Un programme s'établit pour que le jeune paumé s'instruit. Les Peaux Mortes a été écrit par un enseignant et n'en concluez aucun fantasme malsain. C'est de la fiction mais, comme dans les livres de Jeff West, elle baigne dans la réalité. Au fil des pages, on sent qu'Arnaud s'est documenté : le siège de Waco surtout mais aussi quelques prises de combat ou l'utilisation du formol. Le choix d'une écriture espacée donne d'ailleurs plus l'impression que l'on apprend. La narration suit donc deux univers qui semblent détachés jusqu'au premier indice tangible de rapprochement page 92. Et à la page 93, on lit "ce sera sûrement une fiction plus palpitante que le roman que je viens de commencer". Tout est dit. Quand un agent est infiltré, il doit se construire une légende inébranlable. Quand celle-ci est proche de la réalité, devient-elle indestructible ou au contraire explose-t-elle en vol quand la fiction n'est plus ? La lecture qui mène à la page 485 s'est faite pour beaucoup d'entre nous d'une traite. On dénoue inconsciemment les premières pages de l'histoire et on plonge dans un entrelacement à la fois complexe dans les couches de narration mais aussi limpide car l'histoire repose finalement sur peu de personnages essentiels. C'est la force des grandes histoires. Récemment il était question que True Detective connaisse une saison 3. A mince.. ce n'est pas une série Amazon !

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