Feu! Chatterton - La Déferlante - Les Sables d'Olonne - 08/08/2016

Face à l'océan, la scène est prête, place du Tribunal des Sables d'Olonne. Un public de 7 à 77 ans est réuni pour profiter du concert de FEU! CHATTERTON, phénomène de l'année. 


Les musiciens sont plus jeunes que l'on croit, dans leurs tenues de dandies. Mais les musiciens, lycéens de Louis Le Grand puis étudiants à la Sorbonne,  ont vraiment (vraiment) pris de la bouteille ces dernières années. Quitte à faire oublier cette étiquette de bonne famille, de rock bobo. Arthur Teboul est tout le temps dans son personnage lettré et décadent. Mais son phrasé stylé ne l'empêche d'avoir une aura populaire. On pense presque plus à Luis Rego qu'à Léo Ferré. Brel est sûrement la comparaison la plus pertinente. La sueur comme témoin. 


Ses potes de lycée (aux guitares et claviers) Clément et Sébastien portent fièrement le blouson en cuir, tradition rock assumée. Feu! Chatterton n'est pas une musique de riffs. C'est la prose d'Arthur qui mène la danse sur les cassures rythmiques du groupe. Raphaël est un batteur avec un vrai bagage technique et joue assis (enfin!). Contrairement à beaucoup de formations de cette nouvelle scène française, Feu! Chatterton utilise les instruments comme on aime les entendre. Mais cela ne leur pose aucune limite. 


Un titre peut basculer d'une seconde à l'autre vers des vibrations électroniques (La Malinche). Antoine, bassiste, n'est pas fan d'Aphex Twin pour rien. Il pose son manche régulièrement pour se mettre aux claviers, comme Clément et Sébastien. Une recette n'est jamais réussie sans bons produits. Feu! Chatterton a publié l'an passé son premier album, Ici le jour (a tout enseveli). Et le public connaît la chanson. Ophélie permet de prendre le rythme avant Fou à lier. La voix s'écorche contre la marée sur le titre de leur EP A l'Aube. Le groupe s'est révélé en première partie de Fauve mais a raison de s'éloigner de ce chant parlé pour s'envoler vers plus d'authenticité. Côte Concorde (aussi sur leur EP) est le meilleur exemple. Arthur envoie tout sur l'habité "Du ciel tombe des cordes. Faut-il y grimper ou s'y pendre ?". Avec le "Cinq étoiles dans la nuit sont mortes" très bashungien. Les Camélias sont aussi dans l'écriture et le son assez proche de l'esprit Polnareff. Les études sont finies et la culture est acquise. 


Devant des foules conséquentes, Feu! Chatterton ne cesse de convaincre de la qualité de son premier album. Il est somme toute assez court et leur reprise de Polyphonic Size Je t'ai toujours aimée clôt, en rappel, la soirée avec moins d'intensité. Avant Feu! Chatterton, jouait donc Grand Blanc. Un point commun entre les deux groupes. Camille a eu un déclic avec Aphex Twin. Les musiciens de formation classique réalisent qu'ils peuvent envoyer du bois en faisant du son et moins de musique. La Femme a initié cette scène mais aujourd'hui se fait dépasser dans la maîtrise, les idées et la puissance. Les paroles sont naïves mais ne revendiquent de toute façon rien d'autre que le divertissement ("Bosphore parle de l'adolescence et de kebabs"). Les fans des premiers rangs semblent déjà bien connaître les morceaux de Mémoires Vives, premier album publié en 2016. On préfère cent fois Surprise Party ("les revenants tardent et les regrets criblent") à Summer Summer ("repris dans les sables émouvants des plages horaires" bon...). Le set est encore inégal mais l'investissement est incontestable. Ils se revendiquent de la pop, reprennent Gainsbourg (Qui est in Qui est out) mais savent aussi secouer la tête sur de gros sons de synthés indus. Et c'est toujours ça de pris. 


Texte et photos : Cyrille Blanchard

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