Grafikama (Service Peinture)

Après une excellente Villa Ocupada (ici) et Asie Riderz (ici) plus décevant, Kazy Usclef a invité cette année à Nantes des artistes africains pour peindre les murs d'un ancien atelier industriel. Tout près de la préfecture, cette cour ne payait pas de mine. Les deux étages de murs étaient blancs et sans âme. Les couleurs de Dakar, Addis-Abeba, Le Cap ont traversé la Méditerranée sans dériver au mitan. Avant d'être confronté à ces créations, on fait face aux visages des artistes urbains dans le documentaire réalisé par Adeline Moreau, photographe et vidéaste nantaise ayant déjà bossé pour Pick Up et dont le travail est aussi cet été à la Galerie Gaïa. Il y a deux options possibles. Commencer par le choc visuel puis tenter d'en savoir plus, de comprendre en les écoutant. Ou faire connaissance, localiser et entrer. Avant même de pénétrer dans le bâtiment, les nombreux curieux s'attardent autour de ce van peint par Kazy aux couleurs dakaroises. Entre ces instants et un smoothie local au bar La Détente (décoré par le duo ALPHABET ZOO originaire d'Afrique du Sud), l'ambiance est posée. 


Le continent africain est touché par l’extrémisme, les maladies, les migrations. Moins souriant que cette première impression extérieure, les murs rappellent le passé, le présent des failles de ce territoire. Des touches d'espoir coloré parsèment le tableau et des références de l'histoire de l'art. Le Sénégalais BARKINADO BOCOUM rappelle Basquiat et le Sud-Africain BLESSING NGOBENI Picasso, Miro ou Dali. Les visages des prisonniers politiques de NASCIO (Sliman Ismaili Alaoui, lauréat du prix de la création contemporaine arabe en 2016 pour une oeuvre présente dans l'excellente expo Jardins d'Orient, à l'IMA) ont tout de Bacon. En leur temps, ils peignaient aussi les drames.


Sinon,le thème récurrent est celui de la colonisation. BASS DESIGN a opté pour une sculpture monumentale appelant la fin de cette dépendance. La scie géante coupe la barque en deux. Autour de cette œuvre, le Lyonnais EMMANUEL PROST dessine. Au delà des scènes de rue, on retrouve des personnages, au trait souvent naïf, qui incarnent l'exploitation des ressources du sous-sol africain. La Françafrique a laissé place à la Chinafrique.


L'Ethiopien GETACHEW BERHANU peint ces mêmes problématiques dans le style de son pays, reconnaissable entre mille. Sur une installation ressemblant à un autel, il représente une scène chargée de dénoncer l'assèchement de son sol par les puissances occidentales.


Les SOEURS CHEVALME sont jumelles et parisiennes. Et très sensibles à la question africaine. Leurs installations, présentes dans l'une des salles, sont davantage des réalisations d'art contemporain plutôt que d'art urbain. Un paquet de type conteneur est placé au centre. Illuminé par de discrètes guirlandes lumineuses, il révèle en son sein des passagers clandestins. Ce thème est décliné mais elles vont au delà en dessinant aussi sur les murs de l'escalier quelques clins d’œil à la culture populaire africaine. Mary Sibande est une jeune artiste contemporaine sud-africaine Salif Keïta est un des plus grands footballeurs africains de l'histoire.



Enfin c'est depuis la pièce décorée par la Sud-Africaine NARDSTAR (collègue de Faith 47 dont on a déjà beaucoup parlé ici) que domine cette grande et solide dame. Sans consulter la documentation en détail, on ne sait pas vraiment qui en est l'auteur. Une apparition ? KAZY !


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