La Mouette - Les Quinconces - Le Mans - 05/10/2016

Et voilà il va encore donner son avis sur une pièce de théâtre contemporain.. Il va bien réussir à placer "slip, sang et nudité". Et faire croire que ça peut nous faire réfléchir sur le conflit syrien par dessus le marché. La Mouette a été écrite en 1896 dans l'Empire Russe que diable. Oui mais Ostermeier c'est plus que du Tchekhov. Le texte est respecté mais là où certains verront dans la mise en scène des artifices répétés, d'autres fondent devant la drôlerie, la justesse et la beauté de l'ensemble. Drôle comme la mise en abyme du metteur en scène allemand de son propre travail. Dans son adaptation de Mesure sur Mesure en 2011, il débitait une carcasse de porc suspendue sur scène. Konstantin Gavrilovitch Treplev trouve que vider un bouc de son sang contribue à l'effet satanique de sa scène avec Nina. Sa mère Irina trouve tout ça bien avant-gardiste. Elle préfère réciter des classiques dont raffolent les scolaires. "Comment j'ai tué ma mère" répond Xavier Dolan, qui serait séduit par l'extravagance du personnage joué par Valérie Dréville. Elle avait remporté un Molière pour son rôle dans Les Revenants (Ibsen, Ostermeier) et confirme avec folie. Dirigé avec talent, chaque acteur joue merveilleusement bien. Bénédicte Cerutti exprime physiquement l'état dépressif de Macha. Sebastien Pouderoux (de la Comédie Française) est tout propre sur lui, pull jeté sur les épaules, pour les intermèdes musicaux. Puis, il devient un Dorn cynique et beauf en une couche de crème solaire. Ostermeier utilise la méthode Meisner qui construit l'acteur par rapport à l'autre. Nina et Trigorine fusionnent. Konstantin ne vit que pour Nina et Macha pour Konstantin. Les triangles amoureux sont le cœur d'une histoire où l'interaction est forte mais crée la douleur. Mathieu Sampeur incarne parfaitement toutes ces émotions à travers Konstantin qui abat la mouette. Dans la beauté. Si certains (plus éloignés de la scène) ont décroché du texte, ils sont restés comme hypnotisés. Le public est dans le lac, des monts nous font face. Un superbe panorama se construit progressivement avant que la nuit tombe sur Venus in Furs du Velvet Underground. On a la chair de poule. Certains diront qu'utiliser les Doors dans la bande son n'est vraiment pas originale. Mais c'est très réducteur de limiter la musique utilisée à cette référence. Le Velvet donc mais aussi David Bowie (Rock n' Roll Suicide), Sufjan Stevens (Fourth of July) interprétés par Sebastien Pouderoux (souvent accompagné de Mélodie Richard). L'acteur a joué Bob Dylan dans Comme une Pierre qui.., spectacle de lancement de la saison à la Comédie Française en 2015, qu'il a adapté avec Marie Rémond d'après Like a Rolling Stone, ouvrage de Greil Marcus. Il ne faut pas oublier que nous avons de sacrés pointures face à nous. Quand il lance Little Wing (Jimi Hendrix), que le morceau embrase la sono et que le solo se poursuit dans le petit transistor posé sur la table devant Trigorine, quel plaisir ! Dans le clair obscur d'une sombre nuit, la pièce se conclut sur "une scène tragique d'anthologie". Le malaise palpable. Juste et beau. Comme une note de Fender qui rayonne d'un ampli Vox. 


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