Ugly Kid Joe - Elysée Montmartre (!) - Paris - 15/10/2016

Le 22 mars 2011, l’Élysée-Montmartre était ravagé par un incendie. Le 15 septembre 2016, (un nouveau propriétaire et beaucoup de travaux plus tard), M ambiançait à nouveau le lieu. Nous avons beaucoup de souvenirs dans cette salle emblématique. Personnellement, j'y suis allé la première fois pour Children of Bodom (!?) en février 2001 puis en mars pour la convention Your Majesty avec Regency - Ark - Pain of Salvation. Suivront Transatlantic, Fear Factory - Devin Townsend, Angra, In Flames - Pain - Soilwork, Stone Sour - Saliva, Strapping Young Lad - Devin Townsend, Spocks' Beard, Machine Head - Kill2This, Lacuna Coil - Moonspell, The Gathering, Melissa Auf Der Maur, Aqme, Patrick Rondat - Freak Kitchen, Steeve Estatof (!), Porcupine Tree - Anathema, James Labrie - Evergrey, Eths, Paradise Lost, Killing Joke, Marillion, Gojira - Textures, In Flames - Sepultura, Watcha - Lazy, The Gathering, Peeping Tom, Pain of Salvation, Serj Tankian - Fair to Midland, Megadeth, Gojira et enfin The Gathering le 14 février 2010. Depuis cette date, la billetterie d'autres belles salles a chauffé mais l’Élysée-Montmartre, à la vue de la liste précitée, c'est différent. Des morceaux merveilleux, des ambiances, des amis surtout, des menus japonais. Aujourd'hui, le lieu a l'air neuf avec ce fer forgé art déco. Le parquet est propre et l'ascenseur très fonctionnel. Avec cette longue liste nostalgique, on n'a plus le temps de développer sur les premières parties du concert de ce 15 octobre. Concentrons nous sur la tête d'affiche du grand retour, le groupe le plus cool de la planète : UGLY KID JOE. 

En près de 20 ans de concerts, jamais le combo n'a croisé ma route. Nous avons vu le charismatique Whitfield Crane en 2002 pour deux titres de Medication, projet sans lendemain avec Logan Mader. Ugly Kid Joe a connu un gros succès en 1992-1993 et les tubes Everything About You et Cats in the Cradle. Le groupe s'est séparé entre 1997 et 2010. Depuis, un EP et un nouvel album sont sortis, confirmant leur talent pour pondre des mélodies imparables et sacrer Whitfield Crane dans le Panthéon des chanteurs de rock. Dave Fortman (producteur à succès avec Evanescence par exemple) et Shannon Larkin (batteur fou pour Godsmack) ne sont que des acteurs occasionnels. Mais sinon Whit, Klaus, Cordell sont dans une forme éblouissante. Les nouvelles recrues assurent parfaitement, surtout Zac Morris, très à l'aise en slip derrière sa batterie. En sport, on parle du 12e homme à propos du public qui soutient ses joueurs. C'est clairement l'émotion ressentie depuis la fosse de l'Elysée-Montmartre. Dans les premiers rangs de ce concert d'Ugly Kid Joe, les fans sont présents, connaissent les paroles, chantent, bougent, à l'unisson des appels de Whit. Le frontman avait remplacé Keith Caputo dans Life of Agony. Axl Rose a parfaitement assuré avec AC/DC mais Whit cartonnerait (la filiation est assumée sur les titres de Stairway to Hell). Si Tony Iommi et Geezer Butler ont envie de refaire de la musique, qu'ils pensent à Whit. La partie finale du nouveau morceau Under the Bottom est une master class sabbathienne. Il a d'ailleurs repris des classiques du groupe et d'Ozzy en solo cet été à Vérone avec un orchestre symphonique (reportage en italien ici). Et qui mieux que lui, le pote de Lemmy, pour reprendre Ace of Spades de Motörhead. Une furie hard-punk après un teaser pendant le set acoustique. Whitfield Crane est un chanteur extraordinaire, très juste. Buste droit, il tient souvent son micro à distance de sa bouche, toujours prêt à solliciter le public. Il sait aussi laisser la lumière à ses partenaires comme sur Mr. Recordman, chanté par Klaus Eichstadt qui a composé le morceau. Les tubes de America's Least Wanted sont absolument imparables : Neighbor, Goddamn Devil ("and I do it for free"), So Damn Cool et les tubes évoqués plus haut. Milkman's Son (sur Menace To Sobriety) cartonne tout sur ce refrain irrésistible : "When I see tomorrow I see you there / When I look around I'll see you everywhere / Your face is etched into my mind / When it's all said and done / Well I'm feeling like the milkman's son". Whitfield Crane a une relation personnelle avec Paris. L'émotion n'est pas feinte quand il témoigne son bonheur d'être de retour sur la scène de l’Élysée Montmartre, 20 ans après, avec Ugly Kid Joe. Bien sûr, il y a une grande part de nostalgie dans le plaisir procuré par le concert. Mais le groupe ne vit pas dans le passé et joue en live de très bons nouveaux morceaux. Les musiciens s'amusent et leur enthousiasme est communicatif. Comme le sourire de Whit à la terrasse d'un café du quartier après le show !

Photos : Cat Photographie / Marion Fregeac (http://www.mamzellebullephoto.com/)