Klone - La Scène Michelet - Nantes - 16/02/2017

Les mois se suivent et se ressemblent à Nantes. Gojira a joué sold out au Stéréolux et c'est au tour de KLONE d'afficher complet, cette fois-ci à la Scène Michelet. Bien sûr, la capacité des deux salles n'est pas la même. Mais c'est une preuve du succès populaire et artistique grandissant des deux meilleures formations de rock/metal français. Le 17 février, quelques heures après les dernières notes du groupe à Michelet, l'album Unplugged est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Il était déjà possible de l'écouter en ligne depuis une semaine. Les spectateurs qui se massent à l'étage sont des connaisseurs. Ils sont conscients des nouvelles versions acoustiques. Peut-être que certains ont vu Klone, à Paris ou Lille, en mai 2016 assurer la première partie d'Anneke Van Giersbergen dans cette configuration. L'idée a germé et a fait naître un très beau disque et une tournée dont Nantes est la 3e étape et qui va les mener pour le moment jusqu'en mai. 

La setlist reprend les titres enregistrés, pas tout à fait dans l'ordre. L'important n'est pas là même si on rêve désormais de les voir varier les plaisirs en intégrant d'autres reprises (Army of Me?) ou en plongeant davantage dans le back catalogue. On ne peut pas tricher avec l'acoustique et se cacher derrière une distorsion. Le son extrait des jolis amplis Fender est pur. On comprend bien la complémentarité entre Guillaume (plus rythmique) et Aldrick (plus soliste). Dans la moiteur de la salle, le toucher est précis. Il faut aussi soutenir l'intensité des riffs issus de The Dreamer's Hideaway. Le jeu de médiator est bien percutant sur Into The Void et Rocket Smoke. Pour cette série de concerts unplugged, la grande idée est d'avoir recruté Armelle Dousset. Elle baigne depuis quelques années dans la sphère. Elle fut étudiante à Poitiers et joue avec le saxophoniste de Klone dans un projet à deux du nom de Rhizottome où l'accordéon se conjugue avec le sopranino. Son instrument apporte une densité cruciale aux nouveaux arrangements. Elle l'épouse littéralement. Son corps suit l'étirement du soufflet. Ses talents de danseuse s'expriment subrepticement en équilibre sur son tabouret. En concert, elle est aussi bien plus présente dans le mix que sur le disque. Le tambour résonne fort (Grim Dance, Rocket Smoke). Les effets électroniques apportent une couleur intéressante à Gone Up In Flames. Au delà de sa teinte du moment, son talent hybride nous rappelle Jeanne Added. On lui souhaite le même succès. 

Et Yann Ligner chante. Incroyablement bien. Il a clairement changé ces dernières années l'idée que l'on se fait d'un lead singer de rock/metal. Ses collègues ne cessent de rappeler en interview à quel point Yann s'implique. Il casse l'image du chanteur qui vient quand tout est écrit. Au contraire, il s'imprègne et permet à Here Comes The Sun d'être rayonnant, avec un chant au cœur de l’œuvre.  Les versions unplugged encore plus épurées autour de la voix tombent sous le sens. La technique de Yann est sûre et tout sonne aisément, comme sur la composition inédite The Silent Field of Slaves. La reprise de People Are People place Yann dans la catégorie des vocal heroes. Dans la jeune génération, il n'y en a pas trente-six. Yann, Thomas Giles, Jay Buchanan.. Les montées de Gone Up In Flames rappellent en effet Sting comme le souligne Philippe Lageat dans les colonnes de Rock Hard. Qu'un grand public ouvre ses oreilles à Klone.

Pour finir, on n'oublie pas DAMAGE DONE en première partie acoustique également. Dans un style différent, Riko et Floh enchaînent des compos et des classiques. Leur duo sur Cemetery Gates est très costaud. Par ailleurs, leur groupe Malkavian s'apprête à publier son second album. La release party est programmée à la Scène Michelet le samedi 11 mars. Les musiciens de Jumpin' Jack rejoignent la scène. Avec une basse et une batterie, les reprises de Down in a Hole ou encore Even Flow, pour clore le set, sont vraiment convaincantes et la voix bien bien solide. 

Texte et photos : Cyrille Blanchard