Avishai Cohen - Europajazz - Le Mans - 06/05/2017

Nous avions découvert le trompettiste AVISHAI COHEN en octobre 2015 à Prague dans le cadre du Jazz Dock festival (ici). Moins connu que son illustre homonyme contrebassiste, il commence à se faire un nom. "L'autre" avait joué l'an passé également en tête d'affiche à l'Abbaye de l'Epau. Il nous avait enthousiasmé musicalement mais n'a visiblement pas laissé des souvenirs mémorables humainement d'après les remarques d'Armand Meignan en préambule du concert d'hier soir. L'invité dévoile lui souvent un sourire amical sous sa barbe fournie. Nous avions adoré Avishai Cohen en trio, défendant l'album Dark Nights. Nous le retrouvons en quartet avec toujours son incroyable contrebassiste Yoni Zelnik mais aussi Yonathan Avishai au piano et Nahseet Waits à la batterie. Ces musiciens l'accompagnent sur les deux albums publiés depuis notre rencontre live : Into the Silence (février 2016) et Cross my Palm with Silver (5 mai 2017). Les deux disques ont été publiés sur le label allemand EMC Records (Keith Jarrett, Dave Holland, Manu Katché, Arvo Pärt...). Résumons. Une pointure de la scène jazz internationale moderne est au Mans ce soir de mai.


Le public ne s'est pas trompé. C'est de loin la soirée Europajazz (ou doit-on dire Le Mans Jazz Festival?) qui connaît le plus de succès cette année. Cette affluence est sûrement due également à la présence de Louis Sclavis en ouverture. L'artiste est fidèle de l'événement et comme pour Michel Portal la veille, c'est comme une tradition, pour des spectateurs qui l'accompagnent depuis de longues années, de le retrouver. Personnellement moins fan des moments où les musiciens se figent pour regarder leur camarade faire un solo, je ne vais pas m'étendre sur la prestation. Juste rappeler que la formation a joué des compositions que l'on retrouve sur le disque Loin des Terres (Wisdom ou Avant la Marche dont le titre a bien fait rire l'auditoire) avec toujours une grande virtuosité pour le maestro et ses compères dont le furieux Benjamin Moussay. Le groupe s'est ensuite posé sur le côté de scène pour assister attentivement au concert d'Avishai Cohen. Son set est axé sur ses deux derniers albums. Le nouveau est plus rythmé suivant les frappes ultra précises de son pianiste. Moins spectaculaire que Mousay par exemple, Yonathan Avishai se balade sur les notes le torse droit, les yeux dans le vague et le sourire aux lèvres. Le premier frisson arrive quand Avishai Cohen termine Shoot me in the leg au dessus du piano ouvert, cherchant la résonance. Le trompettiste sait prendre du recul quand la partition est plus axée sur le piano, très présent dans les ambiances d'Into the Silence, écrit juste après la mort de son père. On retrouve tout cette émotion dans le long morceau Life & Death ou Quiescence. De retour au nouveau disque, il dédie Theme for Jimmy Greene à leur ami Jimmy Greene, saxophoniste américain dont la fille de six ans a perdu la vie lors de la tuerie de Sandy Hook en 2012. Le batteur Nahseet Waits, peu souriant, en met plein les yeux et est toujours très très carré à l'image du groupe. C'est au moment où tout le monde est imprégné de la musique du quartet que l'heure du rappel arrive. Nous en aurions bien écouté plus, bien plus. 


Texte et photos : Cyrille Blanchard

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London