Deftones - L'Olympia - Paris - 03/05/2017

Nous n'en menions pas large lundi matin à la lecture du communiqué des Deftones annonçant que Chino Moreno s'était cassé le pied le samedi au Groezrock et que le concert du soir à Cologne était annulé. Pourtant, le groupe nous assurait qu'aucune autre date n'allait être ratée. Et ils ont tenu parole. DEFTONES a bien signé son retour parisien les 2 et 3 mai dans la salle mythique de l'Olympia. Le groupe a considérablement changé sa setlist d'un soir à l'autre (seuls trois morceaux en commun) ce qui est vraiment exceptionnel par les temps qui courent. Le dernier concert du groupe  chroniqué date d'il y a plus de quatre ans, au Trianon (ici). On retrouve beaucoup de titres déjà joués lors de cette date mais l'ambiance est différente, plus paisible. Les lumières tapissent le cadre cosy de l'Olympia.


Chino est forcément moins mobile mais est loin d'être statique. Il semble aussi beaucoup plus concentré sur son chant, très appliqué dans la prononciation et toujours capable de ses hurlements légendaires. Ils ne sont juste pas accentués par l'urgence du contact physique avec les premiers rangs. Ils sont au service des chansons d'un répertoire aujourd'hui très varié et mémorable. Avec les protections auditives adaptées, le son est excellent en mezzanine (bien trop fort et gonflé de basse en fosse) et ce sont de sacrés bons tableaux qui se succèdent. Après un Feiticeira toujours très efficace ("soon i'll let you go soon i'll let you go"), les Deftones nous balancent quatre morceaux tirés d'Around the Fur d'affilée ce qui ravit les trentenaires très présents dans la salle. Cet album culte de notre génération va d'ailleurs fêter ses 20 ans en octobre. Stephen Carpenter, calé pour de bon face au ventilo, alimente la machine à riffs que l'on imaginerait plus qualifier de "néo" aujourd'hui. Le groupe n'a pas besoin de recruter un bassiste de 12 ans pour sonner jeune. Fonctionnant par cycle d'espace-temps, le groupe enchaîne deux titres de Koi No Yokan à deux guitares, le magnifique Rosemary et le bondissant Swerve City. La foule se défoule. Puis trois morceaux de Diamond Eyes dont Prince dédié à.. Prince. L'interprétation est vraiment irréprochable. Chino se fait très bien à son attelle-chausson même s'il est souvent placé, un peu plus en retrait, entre les amplis de Carpenter et la batterie d'Abe. En chaque changement de plateau, les techniciens couvrent ou découvrent le pédalier de Chino pour éviter tout nouvel obstacle trébuchant. Arrive le moment fort du set. Pour la première fois en concert, les Deftones jouent le superbe Phantom Bride, meilleur titre du nouvel album Gore (dont seuls deux titres furent joués). C'est un véritable challenge avec un chant très exigeant et le solo de Jerry Cantrell. Chino relève parfaitement le défi ce qui le booste d'autant plus pour la fin du set. Il peut se boire quelques "sixteen sixty four" pour fêter ça. Les musiciens sont des bosseurs, pour revenir sur cette setlist évolutive et aussi très talentueux car l'effet ne retombe pas entre le moins réputé Rivière, le beau Entombed et les tubes de White Pony. On attend religieusement le passage plaintif au cœur de Knife Party, les premières notes de Change décochent des sourires. La barre est haute et on bat des records de lévitation sur Passenger. Si Engine n°9 est plus courant en rappel, c'est moins le cas de Minerva et Bored. Ces quelques notes de Carpenter qui ont lancé leur carrière, ces variations chantées et hurlées d'un adjectif qui est le parfait opposé d'une soirée passée avec les Deftones.

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