Hellfest 2017

Il n'y a plus de place au doute. Cette édition 2017 du Hellfest dépasse les précédentes en terme d'organisation. L'entrée sur le site, gros point noir de l'année dernière, est désormais bien fluide. Les décorations des main stages qui divisaient les spectateurs ont disparu pour laisser place à de très grands écrans. Les scènes ont été repoussées laissant davantage de place face à elles. Le son est excellent partout. Un an plus tard, la Warzone nous est si familière. C'est dans ce cadre que nous admirons, découvrons des groupes (plus de 150 à l'affiche) de 10h à 2h trois jours durant. On se pose toujours des questions quand la programmation est dévoilée et à la fin du festival, quand on fait le bilan, les "mauvais" concerts se comptent sur les doigts de la main. La programmation est incroyablement variée avec des repères certes indispensables pour profiter au mieux : avoir été adolescent dans les années 90 par exemple. Rage Against the Machine était un groupe mainstream qui jouait une musique qui ne l'était pas. Nous avons eu l'occasion de voir le groupe en juin 2008 à Bercy, quelques années après que Tom Morello, Brad Wilk, Tim Commerford aient retourné le Zénith avec Audioslave. C'est donc sous un nouveau nom que les trois piliers de RATM sont de retour. Zack de la Rocha n'est pas de la fête mais ses "remplaçants" sont des légendes de la scène hip-hop : B-Real de Cypress Hill et Chuck D de Public Enemy à qui les gars empruntent le nom d'un morceau : PROPHETS OF RAGE. Les classiques de Rage Against the Machine sont irrésistibles et déclenchent des ouragans de poussière dans le pit. Le son est tellement bon que l'on a l'impression d'être branché sur la console. Imaginez les notes de basse de Bullet in the Head ou les riffs de Sleep Now in Fire, Bulls on Parade, Killing in the Name qui secrètent direct dans le cerveau des barres d'endorphine. Et le public du Hellfest réagit toujours au quart de tour quand on lui propose autre chose que du metal. B-Real et Chuck D se pressent contre la foule pendant que DJ Lord (Public Enemy) balancent aux platines des classiques des deux groupes en terminant sur un Jump Around de House of Pain, bien festif. Tom Morello a perdu un frère le 18 mai, Chris Cornell. Serj Tankian n'étant pas disponible comme en Allemagne ou en Autriche, le trio interprète une magnifique version instrumentale de Like a Stone : "if you know the lyrics, sing along, if you don't, say a prayer of peace". Son portrait nous regarde de la fresque surplombant la scène. Celle où il a joué il y a trois ans quasiment jour pour jour. La veille, Trust n'attendait qu'une chose, jouer Antisocial devant une chaude foule qui a du s'encaisser une setlist indigne de l'histoire du groupe. Prophets of Rage nous a offert eux une performance dantesque, avec un public au niveau, avant de balancer Killing in the Name, apothéose d'un show qui se cale au Panthéon du festival.


Les nineties quoi qu'on en dise.. AEROSMITH passait sur toutes les radios. Même s'ils ont annoncé que c'était la dernière tournée (à rallonge), le groupe aime toujours proposer du bon big rock. Le public est très calme, sûrement bien trop grand public pour savourer comme il le faut les géniaux Janie's Got a Gun, Mama Kin, Dream On et Sweet Emotion. Steven Tyler minaude comme toujours. Mais il apparaît presque modeste reconnaissant publiquement que Buck Johnson (keyboards) le rend meilleur qu'il est aujourd'hui.. Assister à un concert d'Aerosmith quelques jours après celui de Guns n' Roses est assez troublant. Les seconds ont dépassé les premiers après leur avoir pris pas mal de recettes. Steven Tyler et Joe Perry ne vont quand même pas quitter le circuit avant de rejouer avec Axl et Slash ! 100% rock star. Comme Whitfield Crane qui a lancé la journée de la Main Stage 1 plus tôt le samedi. UGLY KID JOE a joué cette fois-ci avec Dave Fortman (producteur à succès d'Evanescence par exemple ; Amy Lee a chanté Cats in the Cradle le lendemain au Graspop avec le groupe). Avec un grand professionnalisme, les musiciens ont prouvé une fois de plus qu'ils forment un groupe d'avenir ! On ne donnait pas cher de l'avenir d'Al Jourgensen il y a quelques temps quand il n'avait plus de dents, crachait du sang et avait tué MINISTRY. Et maintenant, un nouveau disque est prévu à la rentrée et Uncle Al est en forme comme jamais, comme sur le nouveau morceau Antifa. Le line-up est lourd de chez lourd. Tommy Victor qui a bien cartonné le dimanche avec PRONG ne cumule pas mais il a de bien bons remplaçants : Cesar Soto et Sin Quirin. Ce dernier est très sensible au drapeau mexicain agité au premier rang et qui l'attire vers nous. HELMET évolue aussi mais Page Hamilton reste le boss. Just Another Victim, In The Meantime sont toujours de sacrés bombes. Benji Webbe nous faisait jumper avec Dubwar. Depuis des années, il est en mission avec Skindred pour faire danser la terre entière en commençant par la foule du Hellfest qui sait reconnaître les bonnes adresses même de bonne heure et en pleine chaleur. Et c'est souvent les mêmes dotés d'une grande ouverture d'esprit qui ont vibré à l'écoute des solis de Steve Morse (dans le groupe depuis 1994) et Don Airey le vendredi soir pour DEEP PURPLE. Sur la Main Stage 1, le son était particulièrement excellent pour ce qui est annoncé comme un concert de la dernière tournée du groupe. Ever ? Si c'est le cas, la fin est belle. Terminons cet âge adolescent avec deux figures de nos chapelles, Mike Muir et Dave Lombardo. Ce dernier, peu éclairé mais très en son, booste le répertoire ultra efficace de SUICIDAL TENDENCIES. La foule était massive dans la Warzone. Une vraie tête d'affiche de titan ! D'ailleurs, qui sont les headliners du XXIe siècle ? LINKIN PARK ? Commercialement certainement mais ce n'est pas le groupe capable de transporter une foule comme Prophets of Rage. D'ailleurs, le public s'est divisé entre fans contents d'écouter quelques classiques (Numb, Faint, One Step Closer, Breaking the Habit) et d'autres (les mêmes?) navrés de l'évolution récente du groupe. Aucun combo au Hellfest n'a autant donné dans la pop sucrée. C'est certain que le son est énorme, Chester Bennington est un excellent chanteur. Mais bon.. AIRBOURNE cartonne toujours autant à Clisson mais est-ce qu'il est capable d'écrire des tubes intemporels et de remplir des stades sous son nom. Non. Apocalyptica a vraiment de la chance d'avoir autant de soutien dans ce style très exigu.. IN FLAMES a envie de rejoindre la division supérieure. Visuellement, il ne lui reste plus qu'un musicien au look de metalleux. Mais, respectant la règle du "un concert sur deux", le cru 2017 est moins convaincant que le précédent. Devin Townsend est-il devenu un poseur? Comme d'habitude, on ne comprend rien à la setlist et la mise en scène est tellement chorégraphiée.. La déception du week-end, avec Trust (Rob Zombie est hors catégorie car on attendait rien et dans ce sens on a pas été déçu). En 2017, deux groupes méritent de jouer devant une foule immense et dévouée : CLUTCH et THE DILLINGER ESCAPE PLAN. La Valley a communié avec le groupe de Neil Fallon pendant une bonne heure qui est passée à une vitesse folle. Il y a trois galaxies d'écart entre Clutch au Hellfest et Clutch au Rock en Seine l'été dernier. A Clisson, le groupe est porté sur des tubes comme Electric Worry mais aussi sur de nombreux morceaux de son dernier album en date, Psychic Warfare, avec le recul aussi bon qu'Earth Rocker. L’Amérique de Trump inspire le prochain disque, sûrement bien avancé. How to Shake Hands est testé en live en ce moment (une bonne version enregistré à Belfast ici) et Neil prêche la bonne parole. The Dillinger Escape Plan a prévu de splitter à la fin de la tournée Dissociation. Celle-ci a connu ses moments douloureux avec un sérieux accident de bus en février et le fait d'avoir assuré la première partie de l'ultime tournée de Soundgarden.. Ils ont joué sur la scène du Fox Theatre de Detroit et puis... Si c'est vraiment un farewell tour, ils se quitteront au sommet. Leur show concluant trois jours de festival dans la Warzone était parfait. Techniquement monstrueux, Ben Weinman et Greg Pusciato, en tête, ne s'abandonnent pas à l'ultra violence pure et dure. Les morceaux catchy sont très présents dont le nouveau et magnifique Symptom of Terminal Illness. Les albums du groupe ne sont pas immédiats, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais quand ils sont arrivés à maturité dans le cerveau, c'est assez jouissif (Surrogate, Limerent Death). The Dillinger Escape Plan est mort ? Vive The Dillinger Escape Plan (The Black Queen, Giraffe Tongue Orchestra et les autres à venir). 



CANDIRIA continue la lutte dans un style assez proche, chant hurlé, refrains mélodiques, instrumentaux jazzy. Carley Coma est lui aussi un sacré chanteur. RED FANG est devenu ultra populaire. Et leur set est bien plus puissant sous la Valley que sur une Main Stage la dernière fois. On attendait surtout BARONESS. Ils ont frôlé la mort également il y a quelques années dans un accident de tour bus. Pete Adams, le guitariste originel du groupe les a récemment quitté. Sur scène, nous découvrons Gina Gleason (Cirque du Soleil entre autres), au look androgyne. Elle assure à mort et complète le génial John Dyer Baizley. A 200% dans son show, il irradie le peuple de la Valley de sa pêche. Une jeune fan barcelonaise (qui les a vu deux semaines plus tôt) est particulièrement à fond sur les Morningstar, Shock Me ou bien sûr Take My Bones Away. Les Italiens d'UFOMAMMUT ont aussi bien servi la cause du stoner psyché. Les autres retrouvailles eurent lieu avec PAIN OF SALVATION, que j'avais lâché depuis une bonne dizaine d'années. Le groupe est en forme comme jamais. Est-ce lié au retour de l'alter ego Johan Hallgren depuis début mai ? Ses arrangements vocaux avec Daniel Gildenlöw sont magnifiques. Les flammes de l'enfer réchauffent les nuques et rougissent l'Altar, voisine du Temple. Ces deux scènes ont vu défiler la crème de la brutalité : DECAPITATED, NAILS, REGARDE LES HOMMES TOMBER. Mais mention spéciale à l'Ovni IGORRR. Gautier Serre est calé derrière ses ordis et son t-shirt Cannibal Corpse. Le batteur de Trepalium humanise un peu la bastonnade techno. Encore une fois, la proposition fonctionne à fond auprès du public du Hellfest. Laure Le Prunenec assure incroyablement au chant lyrique et forme un duo avant tout très technique avec son double hurlant. La performance est soignée. La révélation du week-end. Et il y en a eu beaucoup d'autres. La richesse de la programmation est vraiment à signaler et donne vraiment foi dans l'avenir. Nous n'avons pas à craindre du renouvellement de génération. FRANK CARTER &THE RATTLESNAKES croise le punk au rock anglais des Arctic Monkeys. Mais pendant qu'Alex Turner se la joue dandy, Frank Carter est un hooligan. On retient plus les tatouages que la chemise disco. Peu de spectateurs connaissaient le gaillard avant le Hellfest. Beaucoup plus aujourd'hui. A suivre de très près. MYRATH a publié en 2016 un mix hyper rafraichissant entre ses origines tunisiennes et ce que l'on aime de Dream Theater et Angra. A 11h, le premier jour, un groupe peut jouer devant des milliers de personnes et Myrath en profite, fait le show. La performance d'une danseuse orientale séduit et il faut bien avouer que ça joue à mort sur les titres de Legacy. On sent encore une certaine fragilité juvénile qui est bien plaisante à voir. ANIMAL AS LEADERS n'a pas lui de faille. Bénéficiant d'un son majestueux (ce qui nous a fait dire rapidement que l'expérience sonore allait être incroyable), les spectateurs sont assez scotchés par la démonstration technique. Tosin Abasi, comme Malek Ben Arbia, représente l'avenir du shred. Enfin, terminons par les superstars de Loire Inférieure, ULTRA VOMIT. A 13h, une foule immense de fans s'est pressée devant la Main Stage 2 pour choisir entre pipi et caca, collectionner des canards vivants ou faire la chenille. On les revoit à La Flèche le 1er septembre. Il y aura moins de monde mais ils seront toujours stupides !

Commentaires

  1. Report très sympa ... Dommage de ne pas s'être croisés

    On te voit à Leprous / Agent Fresco à la rentrée sur Nantes ?

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