Radiohead - Citadelle d'Arras - Main Square Festival - 02/07/2017

RADIOHEAD est considéré comme le groupe "classe" par excellence. Certains ne connaissent d'eux que Creep et aussi "le morceau de la bande originale" de L'Auberge Espagnole. D'autres vénèrent le groupe comme aucun. Le tournant expérimental post OK Computer ne les a pas déstabilisé et, au contraire, a fortifié leur dévotion. Un peu comme pour ceux qui disent tout comprendre à Twin Peaks. Toutes ces populations étaient au Main Square. "Tonio" qui attend religieusement le début du set pendant qu'on lui rappelle que son premier enfant était dans le ventre de sa mère, à ses côtés, pendant le dernier concert du groupe auquel ils ont assisté. Mais aussi l'adolescente qui balance dans mon champ de vision ses bracelets Crédit Mutuel clignotants comme si elle dansait dans la boîte de nuit locale. Ne nous plaignons pas du spot. Malgré la foule, la proximité est appréciable. Les écrans projettent pendant le concert un montage live avec des bouts de chacun des musiciens mais voir Thom Yorke se tordre devant nous comme on l'a imaginé reste assez distrayant. Et puis, le concert fut très éclairant. Certains titres de Radiohead peuvent paraître un peu abrupts. Mais, les découvrir en live permet de comprendre ce que joue chaque musicien. Ils sont tous très talentueux et leur maîtrise des arrangements permet d'assembler parfaitement les fréquences et tout restituer. Jonny Greenwood est le plus multitâche à la guitare, aux synthés, aux machines, aux percussions. Ed O'Brien apparaît plus traditionnel malgré tout le boulot qu'il abat. Les deux batteurs jumeaux se complètent très bien (15 Step). L'idée de cette ressemblance physique est aussi excellente, assez troublante. Thom Yorke passe merveilleusement de ses mélodies perchées, autistiques à des passages mélodiques à souhait comme tout tube qui se respecte (My Iron Lung ou Exit Music (for a film)). Il est certes encore un peu susceptible quand il arrête subitement The Gloaming, mécontent du rendu. Mais en fait Radiohead a aussi cette force d'attraction grâce à de géniales lignes de basse. Calé entre Phil Selway et Clive Deamer, Colin Greenwood tient un groove incroyable sur de nouveaux morceaux (Ful Stop) ou des plus anciens (Myxomatosis). La setlist est très bien pensée et régulièrement reviennent des intros, des riffs mémorables issus de In Rainbows par exemple (Reckoner, Bodysnatchers). Et puis, cette année, pour célébrer un peu le vingtième anniversaire du disque, Radiohead joue plusieurs titres de OK Computer. No Surprises remporte sûrement le plus de succès (avec un faux départ de Thom Yorke, hilare, qui lâche un "one, two, three, four" introductif). Karma Police n'est pas joué sur cette date mais on profite des magnifiques Climbing up the Walls et Paranoid Android qui clôt le set. 2h20 de concert pour terminer l'édition 2017 du Main Square Festival. 


La foule très dense a rejoint ensuite deux goulets d'étranglement pour quitter la Citadelle. Heureusement que la musique adoucit les mœurs car le public est resté très calme et apaisé dans une situation potentiellement insécuritaire. Bien sûr que le Main Square est à des planètes derrière le Hellfest en terme de décors et de qualité de site mais on lui reconnaît une excellente accessibilité au cœur de la ville d'Arras, un stationnement facile, une entrée fluide (plus que la sortie donc). Et avant Radiohead, il y a le concert béton de SAVAGES. Jehnny Beth tourne en ce moment avec Gorillaz mais elle a gardé quelques disponibilités pour son groupe de rock furieux et sexy. La scène ne suffit pas à Jehnny. Elle a besoin de contact. Elle se frotte aux premiers rangs, chauffe la Citadelle en français dans le texte, avec son joli accent. Et oui tu as raison Jehnny, Savages a une heure et c'est le moment d'en profiter à fond. La meilleure frontwoman de la scène rock peut s'appuyer sur deux albums de feu à leur répertoire. Les titres de Adore Life sont particulièrement enthousiasmants : Sad Person, The Answer (gros son garage pour la gratte), I Need Something New et T.I.W.Y.G. explosif. Ayse Hassan a un son de basse tranchant au possible. On a pas l'impression que beaucoup de festivaliers avaient un pass 3 jours. C'est un festival au public jeune et grand public certes mais les fans de System of a Down, l'avant-veille, auraient certainement été plus réactifs devant Savages.


Sinon ? Les Highly Suspect sont de sacrés poseurs au look bien trop travaillé pour être honnête. Et cela inclut débardeur Gojira pour le batteur, qui ne fait pas grand chose sur scène comme ses camarades (surtout le gars dans le fond avec ses ordinateurs). Sûrement sur Facebook pendant tout le set. KENSINGTON a satisfait ses supporters hollandais présents avec leur grunge rock très efficace. Seasick Steve nous a montré sa collection de guitares artisanales. Il est plutôt drôle mais quand il en est arrivé à jouer sur une guitare une corde, il était temps de partir. The Lemon Twigs a très bien réussi son début de set dans son style prog sixties. Passé le très bon These Words, les musiciens échangent leurs instruments. Le lead guitariste commence à chanter et ils sabotent tous joyeusement la deuxième partie de leur concert. Enfin, être coincé momentanément au milieu des deux scènes où jouaient en même temps La Femme et Naive New Beaters est la définition de l'enfer.

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