Bulletin de rentrée



ARCH ENEMY a recruté une chanteuse assez extraordinaire en 2014. La révélation personnelle a eu lieu au Hellfest puis à Caen (ici). Alissa White-Gluz est sympathique, ultra charismatique et dotée d'une technique sans faille. Le perfectionnisme qu'elle explique dans une récente interview de Rock Hard ne laisse aucun doute sur la qualité de ses performances. Will to Power est aussi le premier album sur lequel apparaît l'excellent soliste Jeff Loomis. Bien sûr, Michael Amott est toujours (et de loin) le principal compositeur. C'est "son côté Dave Mustaine" qui est aussi criant musicalement dans la musique du groupe. Les fans de Megadeth ne peuvent qu'apprécier l'efficacité des riffs sur ce qui est l'album Metal AOC de l'année. First Day in Hell a été écrit en mémoire de ses grands parents qui ont connu la Shoah. Elle s'en explique dans l'excellent Lyric Dissector du magazine Revolver (ici).


Comme d'habitude, un titre preview du trimestre à venir, celui de la superbe ST VINCENT. Après le délicat (et non moins irrévérencieux) New York, la divine artiste a publié Los Ageless. On retrouve son sens aigu du rythme et de la mélodie. Le refrain n'est pas sans rappeler ce que peut proposer Lady Gaga. L'intelligentsia pitchforkienne peut vénérer l'une et mépriser l'autre pour des styles pas si éloignés. Certes, St Vincent a beaucoup plus de pudeur que Gaga dans son récent documentaire Five Foot Two mais toutes deux ont une dévotion artistique hors du commun. Au Primavera Barcelona en 2014, St Vincent avait totalement éclipsé le set de QOTSA qui avait eu lieu dans la foulée. Masseduction sort le 13 octobre. KAMASI WASHINGTON est partout. Il sera en featuring sur le prochain St Vincent, publie aujourd'hui Harmony of Difference, son nouvel EP et joue également sur l'excellent Deathless d'IBEYI. Les sœurs Lisa-Kaindé Diaz and Naomi Diaz sortent ce 29 septembre leur deuxième album Ash. Il mêle toutes leurs influences, créant une identité jumelle très séduisante. Elles seront en live lundi 2 octobre sur Radio Nova, pour le grand retour de Plus Près de Toi, la meilleure matinale de France. Elles apparaissent dans le film d'Edouard Baer, Ouvert La Nuit, (ici), disponible désormais sur toutes les plateformes vod. SANDRA NKAKE est aussi chanteuse et actrice, avec une plus grande expérience. Son nouveau disque est assez déroutant mais aussi très poétique. Tangerine Moon Dreams offre des spoken words en français s'enchaînant avec des perles de jazz rayonnant. Maîtrisant une superbe voix, l'artiste n'a pas encore la renommée que son talent mérite. Si vous avez bien suivi, le début de cette playlist met à l'honneur de grandes voix féminines. Au Mans, nous ne sommes pas en reste. NAKED (IN A SPHERE) est de retour. Les musiciens sont passionnés et donc particulièrement bosseurs. Il ne laisse pas le phénix se reposer trop longtemps entre deux renaissances. Reborn amène le groupe plus loin. Les arrangements sont toujours plus pensés, l'interprétation infaillible et des influences nouvelles (Confidentia, A Child on the Shoulders) se conjuguent à celles d'Archive et The Gathering toujours présentes. Depuis le début de l'été, il est impossible de rater STEVEN WILSON. Il faut se lever tôt par contre car il a surtout été invité dans des émissions matinales de télévision et radio (ZDF, BBC et France Inter). Il revendique son amour de toujours pour la pop music qui transpire plus que d'accoutumée sur To The Bone. Ses supporters historiques ne sont pas surpris de retrouver une production parfaite pour ce disque, flattant les bonnes enceintes. De nombreux plans qui existaient déjà dans Porcupine Tree sont de retour. Plaçant les expérimentations un peu de côté et se concentrant sur des mélodies plus radio friendly (déjà aussi dans Blackfield), Steven Wilson semble très heureux. 


THE WAR ON DRUGS fait l'unanimité sur la scène indie de cette rentrée. A l'instar de Midlake, le groupe américain s'était particulièrement bien remis du départ de son leader (Kurt Vile). Adam Granduciel tient la baraque de son timbre inimitable. ARCADE FIRE fait les choses de façon un peu plus ostentatoire. On ne pouvait échapper au battage médiatique organisé pour la sortie de Everything Now. L'excellent JR signe la pochette (tout comme celle du nouveau Ibeyi). Le groupe canadien pousse encore plus loin les frontières de son orchestre. La filiation avec Abba est évidente. Ce n'est pas si grave à l'écoute de Put Your Money On Me. Les compositions sont plus inégales, allant du formidable Signs of Life au dispensable Electric Blue. Pourtant, je choisis deux de leurs titres pour cette playlist. Ah non on me dit que c'est un nouveau morceau de LCD SOUNDSYSTEM ! James Murphy avait travaillé avec eux sur Reflektor. La consanguinité saute aux oreilles. Murphy avait fait splitter le groupe en 2011, pour revenir cinq ans plus tard. On ne peut pas lui donner tort car American Dream est une belle réussite de rock dansant. THE BLACK ANGELS ont mis tout le monde d'accord au Levitation France il y a deux semaines. Death Song est sorti un peu plus tôt dans l'année mais il est toujours temps d'écouter en boucle une nouvelle pièce maîtresse de l'Austin psych-rock qui peut plaire également aux amateurs de classic rock (Led Zeppelin, Rival Sons). CIRCA SURVIVE sera bientôt en tournée US avec Thrice. Fondé par le chanteur de Saosin en 2005, le groupe est dans une veine post hardcore matinée du progressif de Dredg et Coheed and Cambria. Lumineux, très technique, il leur reste à faire parler d'eux en Europe. Je n'avais pas un très bon souvenir du concert de THE NATIONAL au Primavera. Hautain et peu communicatif, le chanteur Matt Berninger avait été sauvé par le featuring de Bon Iver. Par contre, ce n'est plus la même histoire avec ce nouveau disque (à la superbe pochette), Sleep Well Beast. La variété n'est pas la principale qualité des albums du style. Pourtant, cette fois-ci, The National ne tourne pas en rond. Une bonne surprise. NINE INCH NAILS est de retour mais sait se faire désirer. Le format EP convient bien à Trent Reznor. Soit il n'est pas inspiré pour davantage, soit il en garde sous le pied. Mais avec une telle dream team (Ilan Rubin, Robin Finck) avec lui, on espère le voir ailleurs que dans un épisode de Twin Peaks. Les Américains ont pu revoir le groupe sur scène récemment et on rêve d'une tête d'affiche au Hellfest 2018. Il y aurait un paquet de monde heureux. Peut-on espérer ENTER SHIKARI à Clisson ? Des groupes de metalcore inoffensifs se succèdent sur la Main Stage depuis des années. Les Britanniques les dépassent largement. Certes, le groupe joue des morceaux pouvant sonner très pop. Mais, à côté de ça, quand ils décident de balancer leur crossover hip-hop-electronica, ils ne font pas semblant. La performance de PROPHETS OF RAGE restera dans les annales du Hellfest. Doté d'un son excellent et d'un public parfait, les musiciens ont écrasé la concurrence grâce aux tubes de Rage Against The Machine. Il ne faut pas espérer un même niveau de composition (et de souvenirs) pour le premier album de Morello-Wilk-Commerford-BReal-ChuckD-DJLord. Les nouveaux MC imprègnent bien le nouveau répertoire de leur identité vocale et ce n'est pas plus mal. Tom Morello a aussi baroudé entre Audioslave et les concerts de l'E-Street Band et cela s'entend. On aurait peut-être aimé une production qui cogne davantage mais le propos reste indispensable. DEAD CROSS s'est inventé une légende cet été pour leur tournée américaine avec arrestation au Texas et accident de skateboard (!) pour Mike Patton. Ross Robinson leur a concocté une production bien étouffée qui colle au style. Mike fait du Patton (Faith No More, Tomahawk, Mondo Cane) et Lombardo aussi. La personnalité de Justin Pearson n'est pas effacée. Ce premier album éponyme (qui a la durée de Reign in Blood) a tourné tout l'été et on paierait cher pour les voir sur scène. 


MASTODON est déjà de retour. Il était question que Brent Hinds (amoureux heureux sur Instagram) publie un disque solo. Au final, certaines idées ressortent sur un nouvel EP du groupe, Cold Dark Place. Ce n'est pas un album de plus. Les morceaux sont différents, plus mélodiques. Brann Dailor éclabousse Blue Walsh de son talent de vocaliste. Nous reverrons ce grand grand groupe le mercredi 29 novembre à l'Elysée Montmatre avec Red Fang et Russian Circles. Scott Kelly (Neurosis) sera avec eux sur cette tournée. Can't Wait. Nous avons découvert JORDAN RAKEI par hasard en décembre dernier au Camden Jazz Cafe londonien lors du set de Richard Spaven. Son album Wallflower mixe la classe du jazz vocal avec des touches plus modernes. L'ensemble n'est pas sans rappeler l'excellent A Seat At The Table de Solange. Terminons par du live sorti ce vendredi 29 septembre. PEARL JAM publie Let's Play Two. Eddie Vedder est toujours un chanteur exceptionnel. Chris Cornell nous manque. Eddie nous réconforte. Dans Twin Peaks, sur scène et même ce Better Man dans une scène culte de la série The OA. Enfin, au cinéma, nous avons assisté le mercredi 13 septembre au concert donné en juillet dernier par DAVID GILMOUR (et son excellent groupe) dans l'amphithéâtre de Pompéi. Le lieu est bien sûr chargé d'histoire pour tous les fans de Pink Floyd. Et puis, le solo de Confortably Numb est tellement beau. Encore plus quand il est joué par le patron.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London