Faute d'Amour

Andrei Zvyagintsev a sorti en 2014 l'excellent Leviathan (ici). Avec Faute d'Amour, il a été à nouveau primé au Festival de Cannes. Réalisateur et scénariste, c'est un homme qui compte dans le cinéma mondial. De ceux dont on ne rate pas les nouvelles œuvres. Contrairement au film précédent, les personnages ont un certain niveau de vie. La scène se tient en Russie donc tout est forcément précaire. Boris peut par exemple perdre son travail de bureau si son boss, très orthodoxe, apprend qu'il est en train de divorcer. Cet angle-là n'est finalement pas développé car Andrei Zvyagintsev nous amène où il veut. En quelques images très bien cadrées, on comprend qu'Alyosha, fils de Boris et Zhenya, souffre de la situation. Sa fugue est le cœur de l'histoire. Mais le jeune Matvey Novikov apparaît peu à l'écran. Tout est implicite. En étudiant le comportement de ses parents, en les écoutant se confier à leurs nouveaux compagnes, compagnons, on se met à la place de l'enfant. Il n'était pas désiré et adolescent, il leur complique la vie. Boris reproduit le schéma du père irresponsable. Zhenya se dit qu'il n'est pas trop tard de vivre la vie de ses rêves avec un riche oligarque. Elle veut être belle, l'afficher sur Instagram et le raconter à son esthéticienne. Boris ne veut pas faire de vagues au boulot, avec une famille comme vitrine dans la société et écouter Bring Me The Horizon tranquille dans sa bagnole. "Feel like I'm Sleepwalking" Zhenya aimerait se réveiller sans l'existence de sa mère odieuse et son mariage raté. Pensez bien que le petit Alyosha est tout en bas dans l'échelle des priorités. Jusqu'à... La transformation physique et comportementale est extrêmement bien mis en lumière quand l'instinct maternel reprend le dessus. L'histoire heurte les failles de la Russie, le fantôme de son passé et l'impuissance de son présent. C'est dans ce cadre qu'entrent en jeu les membres du Groupe de Recherche des Enfants Disparus et son charismatique leader. Cela fait référence à Liza Alert (voir article à leur sujet ici). Loveless raconte donc aussi un vrai phénomène de société en Russie. Pourtant, le propos pourrait être universel. Comme dans Leviathan, les acteurs sont parfaitement dirigés pour qu'ils touchent une audience bien plus large qu'un film d'art et d'essai. On pense à une adaptation de David Fincher avec Shia Labeouf dans le rôle de Boris, Anne Hathaway pour Zenhya et Millie Bobby Brown pour Alyosha. Elle n'aurait certainement pas la même amertume.


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