Insyriated

Le conflit syrien n'est pas terminé mais il est déjà dans l'histoire, la mémoire. Le cinéma montre et essaie de comprendre comme la littérature (De l'Ardeur de Justine Augier) ou toute création artiste (Jasmenco ici ou la mémoire créative de la Révolution syrienne ). Philippe Van Leeuw est belge. Il a écrit et réalisé ce film sorti en France sous le nom d'Une Famille Syrienne. En effet, en huit-clos, nous rencontrons les membres d'un foyer syrien. Le grand-père, la belle-fille, les enfants-petits enfants, leur femme de ménage indienne vivent dans un bel appartement d'une ville indéterminée. On pense à Alep. Même si la caméra ne sort quasiment pas de ce lieu d'habitation, on comprend parfaitement la violence du siège à travers un quotidien dicté par les bombardements, les tirs de snipers, le rationnement de l'eau, la peur, la crainte. Quand la barre bloquant la porte d'entrée est déplacée, on sent que tout peut arriver. Ce rituel est particulièrement bien mis en scène. Et même quand ils se pensent protégés, la cuisine comme refuge, le pire arrive. Halima est simplement invitée, en voisine. Elle est sur le point de quitter clandestinement le pays avec son amoureux et son bébé. Mais elle va payer le fait d'être à l'écart de la filiation qui soude le groupe. A aucun moment, on nous parle de Bachar Al Assad ou l’État Islamique. Cette famille vivait bien en Syrie avant la guerre, en témoigne le riche ameublement d'un intérieur hors du temps. Mais quand le crime de guerre frappe, il vient de partout. Y compris de fonctionnaires du régime qui profitent du contexte de guerre civile pour abuser de leur pouvoir. Primé au festival de Berlin, Une Famille Syrienne réussit à nous tenir en haleine dans un cadre exigu qui suinte du dehors. 


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