Moonspell - Hard Club - Porto - 01/11/2017

Le nouvel disque DU groupe de metal portugais Moonspell est un concept album sur le tremblement de terre qui ravagea Lisbonne le 1er novembre 1755. Charles Francis Richter n'avait pas encore conçu son échelle mais les études contemporaines pensent que la magnitude approcha de 9. Le quart des habitants périt. La quasi-totalité de Lisbonne fut détruite par ce séisme et le tsunami qui suivit. Cette grave secousse frappa aussi terriblement tout le sud de la péninsule ibérique dont les ports de Cadix et Séville. Dans les colonnes de Rock Hard, l'emblématique Fernando Ribeiro racontait son attachement fort pour cette histoire qui dépasse la catastrophe pour poser les bases de la Renaissance portugaise, plus émancipée de l'emprise catholique. La religion est souvent présente dans la rhétorique musicale de Moonspell. Et pour ces soirées de présentation du nouvel album (publié le 3/11), la mise en scène est encore plus étoffée. Le Hard Club est situé en plein cœur de Porto, au rez-de-chaussée du marché Ferreira Borges. Ces superbes halles à l'architecture "métallique" se mariant bien à la ville, abritent une salle d'une capacité de mille personnes, un club plus intime et un excellent restaurant à l'étage. Le cadre est donc parfait pour découvrir en intégralité, 1755, un 1er novembre.


Deux gros crucifix sont posés sur scène ainsi que deux pupitres d'église derrière lesquels vont se positionner deux nonnes assurant les chœurs lyriques. L'album débute par une version orchestrale de Em Nome de Medo (titre d'Alpha Noir). On retrouve la chaude ambiance d'un concert de Moonspell à domicile. Le fan portugais chante. Et chante bien. La salle de concert est un sanctuaire pour nous fans de musique. L'impression que rien de mal ne peut nous arriver, que l'on baigne dans une communauté tournée vers le même plaisir auditif. On essaye de nous enlever ce relâchement de nos jours et c'est rassurant d'entrer dans une salle de concert sereinement (sans fouilles à l'entrée d'ailleurs). Ce n'est sûrement pas parce qu'il y a un décor de cimetière sur scène, que le chanteur hurle en étant masqué, que la négativité gagne. C'est tout le contraire. Quelques titres ont été publiés en preview et les fans du groupe les connaissent déjà très bien, à gorges déployées. Sur cet album, contrairement à Extinct, le très charismatique Fernando Ribeiro use de sa voix criée. Le célèbre chanteur de fado Paulo Bragança, grimé en pape, vient chanter, comme sur le disque, In Tremor Dei. Le mariage de deux chanteurs est assez excellent. Il faut bien aussi reconnaître que les musiciens de Moonspell sont vraiment excellents. Dream Theater n'est pas loin dans la ligne de basse de 1755, certaines ambiances de Pedro Paixão aux claviers et surtout, révélation personnelle, le jeu de guitare de Ricardo Amorim, très à l'aise. Relooké à la Jim Root, il est excellent en shred. La phonétique du portugais passe très bien avec la musique du groupe. Todos Os Santos est repris fort par la foule pendant que Fernando la bénit de son crucifix laser (!). "Todos os santos nao chegaram. Faz dia em Portugal!" C'est vraiment très touchant de vivre ce concert de lancement OPorto. Après le dernier titre de l'album, la reprise de Lanterna dos Afogados, classique de la musique populaire du pays, il est temps pour le groupe de revenir avec une setlist best of. Opium et Awake! ont plus de vingt ans et cartonnent toujours autant. La fosse devient dingue. Moonspell ressort Em Nome de Medo après Night Eternal. La voix de Fernando est assez irréprochable sur des répertoires variés. Vampiria a aussi 20 ans (dans cette vie). L'ambiance plus gothique de ce morceau se marie bien avec les deux titres en intro et outro du set. Love You To Death de Type O Negative et Push The Sky Away de Nick Cave & the Bad Seeds. Des hommes de goût. On se croit ensuite plongé dans un concert d'Iron Maiden au Rock in Rio sur Alma Mater. La mélodie de guitare est repris vivement par le public, avant un Full Moon Madness définitif (et un magnifique solo). Moonspell a flatté ses fans historiques avec, en rappel, des titres de Wolfheart et Irreligious, ses deux premiers albums, bien en phase avec 1755. MUITO OBRIGADO MOONSPELL.

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